SAINTE-PERPÉTUE
Le coroner Yvon Garneau recommande que tous les véhicules neufs soient dotés d’un antidémarreur éthylométrique dans un rapport qu’il a remis le mardi 30 octobre à la suite du décès de quatre jeunes qui avaient pris la route après un party bien arrosé, en octobre 2010, à Drummondville.
Le coroner Garneau avait déjà émis cette recommandation et il est revenu à la charge dans son rapport sur le décès d’Yves Lemire, un motocycliste d’expérience qui se promenait paisiblement avec sa femme, Anny Camirand, le soir du 19 août 2017, à Sainte-Perpétue, au Centre-du-Québec.
La victime de 51 ans a été heurtée violemment par un conducteur en état d’ébriété, Mathieu Champagne-Houle, qui lui a coupé le chemin en reculant son véhicule pour le stationner dans sa cour. La passagère, Mme Camirand, a été grièvement blessée et garde d’importantes séquelles de l’accident.
Récidiviste de l’alcool au volant, M. Champagne-Houle a écopé d’une peine de six ans et demi de prison.
«Je trouve ce dossier tellement triste. C’est écoeurant!», lance le coroner.
Appui scientifique
M. Garneau rêve de voir sur les vitres des automobilistes du pays des autocollants sur lesquels il serait inscrit «ce véhicule est muni d’un antidémarreur éthylométrique».
«Ce n’est pas la récidive qu’il faut prévenir. C’est la première infraction!», croit-il.
En mai dernier, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a publié un avis scientifique qui propose d’installer cet appareil sur l’ensemble des véhicules.
Plus de 20 000 conducteurs aux prises avec des problèmes d’alcool participent actuellement au programme Antidémarreur éthylométique québécois.
Ce dispositif est branché sur le contact du véhicule afin d’en prévenir le démarrage si le test d’haleine dépasse un seuil prédéterminé (généralement équivalent à 20 mg/100 ml).
Garneau souhaite que le taux d’alcool toléré soit adapté selon les besoins.
Actuellement, l’appareil peut être loué au coût de 100 $ par mois plus taxes. L’entreprise Alocolock en vend aux particuliers au coût de 1800 $ plus taxes.
Plafonnement
Selon l’avis de l’INSPQ, les programmes d’antidémarreur éthylométrique réduisent significativement le risque de récidive chez les contrevenants de l’alcool au volant, alors que les autres mesures contre l’alcool au volant auraient atteint un certain essoufflement.
«La conduite avec les facultés affaiblies par l’alcool est la première cause de décès sur les routes du Québec. Le pourcentage de conducteurs décédés avec une alcoolémie supérieure à la limite permise stagne autour de 30 % depuis le début des années 2000», déplorent les experts.
Finalement, M. Garneau presse Québec d’appliquer les nouvelles dispositions légales prévues au code de la sécurité routière qui imposera durant au moins 10 ans, sinon pour la vie, un antidémarreur éthylométique aux récidivistes de l’alcool au volant.