Pornographie juvénile – Quand les accusations tombent les marques restent

Pornographie juvénile – Quand les accusations tombent les marques restent
© Photos Éric Beaupré | Tous les droits réservés.Dave Desfossés a été déclaré coupable par le pire tribunal, celui des réseaux sociaux et de l’opinion publique.

Pour Dave Desfossés, l’empreinte électronique est plus lourde que celle du judiciaire



|Drummondville| Dave Desfossés, accusé à la suite d’accusations en matière de pornographie juvénile  il a été condamné pour possession par voie sommaire pour possession simple par négligences fait un dur constat. Il se confie au Vingt55 suite à sa condamnation.

Dave Desfossés a été accusé de trois chefs d’accusations de possession et distribution par voie criminelle. Seul un chef de possession par voie sommaire pour possession simple par négligences a été retenu. Ce sont deux mondes entre les accusations d’origine et la réalité.» explique Desfossés.

Des accusations tombent après 31 mois de processus judiciaire

« C’est dans un grand soupir de soulagement que les accusations de possession, distribution et accession à de la pornographie juvénile par acte criminel sont tombées en février pour moi. J’ai accepté un plaidoyer de culpabilité par voie sommaire après plus de 31 mois de procédures judicaires. J’ai ainsi plaidé coupable à un chef d’accusations par voie sommaire de possession simple de quelques fichiers vidéos et de photos. Ces fichiers n’avaient pas été ouverts mais ils sont restés dans la corbeille de l’ordinateur. »

En effet, au Québec, le fait d’avoir des fichiers, même si vous n’êtes pas au courant et que vous n’en voulez pas, cela constitue un crime.

Desfossés explique : «Ce sont des logiciels de partages de fichiers P2P que beaucoup de gens utilisent pour télécharger différents types de contenus. Cela va des logiciels courants, de musique, de films et pour bon nombre de personnes comme moi, à du contenu pour adultes ou fétichismes variés qui ne sont, en aucun temps, du contenu illicite ou illégal. »

Savons-nous vraiment finalement ce que nous téléchargeons sur ce genre de sites peu réglementés ?

« Malheureusement, non, explique Desfossés. Je me suis retrouvé avec de la pornographie juvénile sur mon ordinateur à mon insu, cherchant du contenu sur la paraphilie, fétichisme, ce qui n’a rien à voir avec la pornographie juvénile. Lors de recherches et  de téléchargements sur des sites de partages, je me suis retrouvé avec la pornographie juvénile. [Normalment] ce sont des  fichiers que je supprimais sans plus de formes avec dégoût, comme toutes les personnes. Malheureusement, il était resté quelques fichiers de type « mangas », qui se sont retrouvés dans la corbeille, comme le reste du contenu que je trouvais suspect ou douteux. Mais ils n’ont pas été effacés. »

Rapidement accusé par le tribunal public et populaire sur les réseaux et les médias sociaux

«

Lors de mon arrestation j’ai été interrogé et on m’a demandé si je plaiderais coupable. J’ai répondu que pour plaider coupable il fallait l’être, ce que je n’étais pas en tout âme et conscience. Le processus d’enquête est un système difficile pour toutes les personnes qui n’en connais pas les tenants et aboutissants.

 – Dave Desfossés

»

Déclaré coupable par le pire tribunal, celui des réseaux sociaux et de l’opinion publique

« Photos dans les médias, garde des enfants retirées, le travail des enquêteurs qui doivent inévitablement offrir un dossier aux procureurs, basé sur un processus d’enquêtes. Avant même l’enquête préliminaire, j’étais déclaré coupable par le pire tribunal, celui des réseaux sociaux.

« À la suite de ma mise en accusation et de la diffusion dans les médias, j’ai reçu des menaces de mort, diffusées sur Facebook :  » Quelqun aurait une arme à feux pour qu’on en finisse avec lui..! Je le connais … J’sais même où qui loge..! Pour que on en finisse avec astie de cave là..! « 

Cette phrase a été écrite à la suite de la parution d’un texte sur la page web d’un média drummondvillois. Cette menace a valu par ailleurs des accusations criminelles à son auteur.

« L’étape de l’enquête préliminaire n’était même pas complétée et pourtant j’étais coupable dans l’opinion des gens qui ne connaissaient même pas la nature des accusations. »

Perdre ses enfants physiquement et psychologiquement

« La DPJ m’a retiré mes enfants sur le champ. Ma conjointe à l’époque a craint de voir la DPJ lui retirer ses enfants si elle continuait à me défendre. Du jour au lendemain j’ai perdu ma maison, mes enfants, ma conjointe, quelques amis et j’ai mis en péril mon travail. J’ai dû apprendre à la dur, ce qu’est de la résilience et vivre au jour le jour avec de pareils accusations.

« Je devais trouver une façon de rester fort et en bonne santé mentale pour que mes enfants retrouvent leur père heureux. C’est d’ailleurs pour eux que je ne me suis jamais laissé abattre. Chaque petit bonheur au quotidien était emmagasiné comme une réserve d’énergie pour affronter les moments durs et les pensées sombres. Et Dieu sait qu’il y en a eu beaucoup et de très intenses. »

Sortir de l’ombre et expliquer les risques de téléchargements internet de contenu pour adultes ou fétichistes avec une sentence de 90 jours

« J’ai dû passer tous les tests physiques et psychologiques possibles pour prouver que je n’ai aucune attirance envers les enfants. Des coûts et un prix très élevés à payer autant monétaires que moraux pour moi et ma famille, pour démontrer que je n’ai aucune déviance envers les enfants et sortir de cet enfer.

« J’ai retrouvé tous mes droits. J’ai maintenant mes enfants, je peux faire du camping avec eux, aller aux glissades d’eau et avoir accès à internet, etc. J’ai décidé après 31 mois qu’il était temps de passer à autres choses. J’ai ainsi libéré le fardeau qui pesait sur moi, mes enfants et ma famille.

« Au terme du processus judiciaire et d’échange entre avocats et procureurs, la justice m’a imposé une sentence obligatoire de 90 jours de prison et de bonne conduite pendant un an.

« Quelques proches amis sont venus me confier honnêtement que cela leur est aussi arrivé de retrouver des fichiers pour adultes suspects ou douteux dans du contenu pour adultes, où les jeunes femmes n’étaient peut-être pas aussi adultes que le prétendent certains sites. Il ont alors effacé les fichiers, comme moi, sans plus de préambule ni remords tout simplement croyant que cela s’arrêtait là !

« Pour finir, on m’a déconseillé de faire cette intervention et l’entrevue pour me faire oublier. Il n’y a pas beaucoup de journalistes qui vont être capables de présenter cette information de peur de défendre un présumé pédophile. J’ai au contraire le besoin d’informer les gens, les pères de famille comme moi, des dangers des téléchargements et qu’ils peuvent briser leur vie et celle de leur famille. J’assume mon erreur et ma négligence, Je sais maintenant combien il est facile d’avoir des accusations tombées sur des personnes comme moi sans intentions malveillantes, être sali dans les journaux avec des accusations des plus horribles et des conséquences à vie qui le sont tout autant. »

L’empreinte électronique plus lourde que celle du judiciaire

Présumé innocent dans un système judiciaire est une chose, dans la vie et sur les réseaux sociaux, sur le web, c’est une toute autre réalité.

Les conséquences du net et d’un système judiciaire ou peu de gens différencient les différentes nuances en matière d’accusations à caractère sexuel peuvent vous marquer plus durement qu’une sentence de 10 ans. Une recherche google avec mon nom laissera la marque de graves accusations, malheureusement sans explication. Soyons prudents.

Éric Beaupré
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