PRÉVENTION DU SUICIDE – LA CHRONIQUE DE JULIE | Et si Hubert Lenoir était ton ami, tu aurais fait quoi?

PRÉVENTION DU SUICIDE – LA CHRONIQUE DE JULIE  | Et si Hubert Lenoir était ton ami, tu aurais fait quoi?
© Photos : Éric Beaupré. | Tous droits réservés.

CHRONIQUE DE JULIE

On a beaucoup parlé du malaise occasionné par les paroles, possiblement suicidaires, d’Hubert Lenoir à Tout Le Monde En Parle il y a quelques semaines. Pas facile de répondre à ce genre de propos dans un contexte aussi particulier, on est bien d’accord! Mais si Hubert était quelqu’un que vous côtoyez tous les jours au travail ou à l’école. On se met en situation…

 

Journée de travail normale, un p’tit café, quelques plaisanteries échangées en riant. L’heure du dîner arrive, chacun prépare ses trucs; ça jase, ça rit, le four micro-ondes se fait aller et finalement, tout le monde se retrouve assis autour de la table. On parle des actualités récentes, des téléséries, de trucs un peu plus personnels et c’est à ce moment que Louis dit la phrase suivante : « Ces temps-ci, j’sais pas trop pourquoi, j’aimerais mieux pas me réveiller le matin…».

Journée de cours à l’université; la mi-session, c’est essoufflant pour tout le monde. Après le cours, on se réunit au p’tit café du coin, question de jaser de l’examen à venir, des travaux qu’il reste à faire et de notre vie personnelle à l’extérieur des études. L’atmosphère devient plus propice aux confidences et Amélie dit cette phrase du bout des lèvres : « Ces temps-ci, j’sais pas trop pourquoi, j’aimerais mieux ne plus être là, disparaître pour de bon… »

Dans les deux cas, un silence s’installe autour de la table, c’est le malaise. Chacun se demande comment réagir ; est-ce un commentaire envoyé en l’air, est-ce sérieux, est-ce une blague? On n’est pas à TLEP devant une audience et des caméras, mais sérieusement, qu’est-ce qu’on fait quand quelqu’un dit quelque chose d’aussi important?

Quoi dire, quoi faire ?

Il y a toujours la possibilité de ne rien dire, éviter de regarder la personne, changer de sujet, faire une blague pour alléger l’atmosphère ou même quitter les lieux.

Lorsque l’on est mal-à-l’aise et qu’on ne sait pas quoi dire ou quoi faire, on peut-être maladroit. Les options mentionnées ci-haut sont souvent les premières qui nous viennent en tête et c’est bien normal.

Il faut comprendre toutefois que ces comportements ne sont pas aidant pour la personne qui s’est ouvert à nous et envoi le message que l’on n’est pas intéressé ou en mesure de l’aider.

S’ouvrir, même maladroitement sur ses idées suicidaires, n’est vraiment pas facile et ce genre de réactions peut amener la personne à se refermer sur elle-même et ne plus parler de sa détresse.

Mais quoi faire alors ?

D’abord, de façon bien concrète, regardez la personne dans les yeux afin d’établir un contact, approchez-vous (pour faciliter un échange plus discret, plus personnel) et parlez-lui doucement, avec bienveillance.

Ces simples gestes permettront de démontrer votre intérêt et votre disponibilité.

Quoi dire? Vos paroles doivent être en lien avec ce que la personne vient de dire ou ce que vous ressentez, comme par exemple: «ça n’a pas l’air d’aller toi?  Viens, on va prendre le temps d’en parler». Ou encore: «C’est important ce que tu viens de dire, qu’est-ce qui va pas?».

Lorsque l’on est dans un contexte propice à l’échange (idéalement, pas en groupe), on prend le temps d’écouter la personne sans l’interrompre, sans parler de nous, sans lui donner mille et un conseils; on veut lui donner toute la place pour exprimer ce qu’elle ressent et nous décrire ce qu’elle vit. On se contente d’être là et bien souvent, ça fait toute la différence, croyez-moi.

Et les idées suicidaires ?

Pendant cet échange, il sera important de demander à la personne si elle a des idées suicidaires. Ce n’est pas facile, je le sais bien. C’est pourtant très important.

Pour avoir une réponse franche et honnête qui permettra d’intervenir de façon adaptée, il faut poser la question directement. Cela permet à la personne de s’ouvrir sur le sujet, peut-être même pour la 1ère fois et cela est très aidant. On peut poser la question en disant par exemple:

«Je vois à quel point ce que tu vis est difficile, est-ce que ça te donne des idées suicidaires?» ou encore «Ce que tu as dit tantôt est inquiétant, dis-moi, as-tu pensé au suicide?»

Soyez conscient que si vous posez la question, la personne vous répondra peut-être par « oui ». Pas de panique, vous n’avez pas à agir seul!

Et ensuite ? 

Ensuite, on laisse la place aux intervenants. Selon la gravité de la situation, on dirige la personne ou on l’accompagne vers des ressources d’aide. Comment savoir si c’est sérieux et quoi faire exactement?

Appelez-nous. Tous les Centres de prévention suicide du Québec peuvent vous accompagner dans la suite des choses. Cette démarche est très importante car il ne faut pas prendre de chances avec des propos suicidaires. Et vous, peut-être que vous sentez aussi le besoin de parler de ce que vous venez de vivre? Sachez-le, vous n’êtes pas seul dans cette situation!

*N.B. : si vous n’êtes pas à l’aise avec ce que je viens de vous proposer, il ne faut pas se culpabiliser. Il est important toutefois de trouver quelqu’un qui pourra prendre la relève. Pas de chance à prendre! Il est aussi possible de nous appeler en tout temps, tous les Centres de prévention suicide sont ouverts 24h7.

 

Pour être mieux outillé à gérer ce genre de situations, il existe la FORMATION SENTINELLE, qui est offerte gratuitement par tous les Centres de prévention suicide du Québec. Pour plus d’informations à ce sujet, appelez-nous au Ceps Drummond au 819 478-5806.


Je suis là.#onjase.

Julie Ouellet
CHRONIQUEUSE
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