Une oeuvre d’art devant la nouvelle bibliothèque fait jaser les Drummondvillois

Une oeuvre d’art devant la nouvelle bibliothèque fait jaser les Drummondvillois
Beaucoup de gens questionnent l’œuvre en soi, alors que d’autres questionnent un choix, qui selon eux, émane d’une décision rapide et d’une dépense extravagante.© Photo : Éric Beaupré

L’apparition de deux grosses sphères, à l’apparence de pierres, à titre d’œuvres ornementales pour la nouvelle bibliothèque de Drummondville, n’a pas soulevé l’unaminité dans l’opinion du public à Drummondville. Pourtant le processus, pour le choix de l’oeuvre, est des plus stricts. 

 

L’apparition de l’œuvre de l’artiste Marc Antoine Coté, d’une valeur de 129 749$,  fait réagir autant les réseaux sociaux que les résidents voisins, qui auront ces deux sphères artistiques pour le moins imposantes dans leur paysage. | © Photo : Éric Beaupré


Réseaux sociaux et résidents –  Les opinions sont partagées, même s’il y en a pour tous les goûts !

« Je demeure ici depuis 19 ans, s’exclame Lucille Sainneville résidente du centre-ville, pour qui la cours arrière donne sur les imposantes « sphères ». » Elle n’y voit là, a priori, que « deux grosses patates au four », s’est-elle exclamée. Elle poursuit: « Et nos taxes servent à payer pour ça? » s’interroge-t-elle.

Une autre résidente, Annie Houle, voit atterrir deux « grosses météorites » à une dizaine de pieds de sa cour ne tarit pas d’éloges sur l’art abstrait. « On dirait deux cailloux oubliés par les contracteurs. Elle aurait préféré une œuvre pratique, une structure ornementale à l’allure du parc. « J’aurais aimé un incitatif au repos et à la lecture pour les gens et les familles. Ça aurait été un meilleur choix. Ils ont oublié de déballer les œuvres? »  a-t-elle demandé ironiquement.

De son côté, Maryse Borduas, une résidente de Drummondville, est venue apprécier l’oeuvre. Elle y voyait là quelque chose d’unique, « Un je ne sais quoi qui trouvera sa place; soyons de notre temps! » a exprimé la dame de 48 ans.

Les employés municipaux surpris au premier regard

Questionnés sur le sujet, certains employés de la bibliothèque ont admis avoir été surpris de voir l’œuvre au premier regard, mais déjà, après quelques coups d’œil et après en avoir fait le tour, ils s’entendaient pour avouer que l’œuvre s’harmonisait bien visuellement avec la bibliothèque et le paysage, car « C’est de l’art, il faut apprendre à l’apprécier et le découvrir! » commente Geneviève Belletête.

Suzanne Leblanc, quant à elle, était admirative devant l’originalité, mais aussi la symbolique derrière le travail de l’artiste Marc Antoine Côté.

Les réseaux sociaux tout aussi partagés !

Plusieurs commentaires ont été lancés sur les réseaux sociaux, suite à la publication de Clément Lambert‎ sur la page Drummondville ma ville entre autre. Les commentaires se succédaient, alors que beaucoup questionnaient l’œuvre en soi et  que pour  d’autres, on questionnait un choix qui selon eux émanait d’une décision rapide et d’une dépense extravagante de la ville.

 

Et pourtant, qu’en est-il vraiment? Le Vingt55 lève le voile sur toutes ces croyances et rumeurs et vous explique le tout.

Afin de mieux comprendre le choix de l’œuvre il faut tout d’abord en connaître la raison d’être, le processus de sélection et finalement la signification de l’œuvre, pour mieux l’apprécier!

C’est en en 1961 que le Québec a adopté une mesure gouvernementale consistant à allouer environ 1 % du budget de construction d’un bâtiment, ou d’aménagement d’un site public, à la réalisation d’œuvres d’art, précisément conçues pour ceux-ci.

Qui choisit l’œuvre, et à travers quel processus?

Ce n’est donc pas le maire qui choisit l’œuvre, contrairement à la croyance populaire, mais un comité complètement indépendant et à travers un processus complexe et simple à la fois.

Ce processus, qui est normé et mené par le ministère de la Culture et des Communications du Québec, comporte plusieurs étapes, dont le montant de l’appel d’offres, qui est établi par la Loi du 1 %. C’est donc une dépense admissible dans la subvention que verse le gouvernement du Québec. Ce qui explique ainsi le budget consacré à la production et à l’installation de l’œuvre au montant versé de 129 549 $, taxes incluses!

Le processus de sélection

Les membres du jury se réunissent avec des spécialistes de l’architecture et du domaine artistique. Il y a eu trois rencontres où les membres ont sélectionné le type d’œuvre, visualisé de nombreux portfolio d’artistes

Dans le cas de la bibliothèque de Drummondvile, il y avait 30 à 40 projets faisant partie de la banque d’artistes qui étaient éligibles. Une fois cette étape franchie, les membres du jury discutent de sujets plus techniques et sélectionnent les quatre artistes appelés à présenter un projet.

Il s’agit d’un concours où les étapes doivent être rigoureusement suivies. Le processus est dirigé par un représentant du ministère et, selon des critères bien établis en vertu de la Loi. Enfin, le jury a reçu les quatre propositions des artistes et a fait la sélection de l’œuvre choisie parmi les quatre œuvres déposées.

C’est par ces étapes que l’œuvre du sculpteur québécois Marc Antoine Côté* a été sélectionnée. Il s’agit d’un artiste qui a réalisé déjà plus d’une dizaine d’œuvres impressionnantes et primées en un peu plus de 15 ans, un exploit remarquable en soit.

La signification de l’œuvre « Je suis le jeu des mémoires entre l’oiseau et le nid » de Marc Antoine Coté.

Sans être illustratives, selon l’artiste, ces sculptures de métaux et d’alliages, et non de pierre, sont évocatrices de l’histoire industrielle de la Ville, le récit historique et poétique d’une ville qui a jailli grâce à ses industries, ainsi en référence entre l’exploitation de matières, donc le minerai de fer, de la limonite, intégrés à l’environnement et avec l’architecture de l’édifice.

L’œuvre s’inscrit donc en d’autres mots en complémentarité avec le lieu de savoir et de reconnaissance et l’histoire de la Ville.

En conclusion, qu’on aime ou non, l’œuvre est là pour rester et, il n’en reste pas moins que l’art suscite rarement l’unanimité, sinon que voyons-y là positivement et artistiquement, la pierre angulaire d’un centre-ville urbain nouveau et évocateur de son passé et son futur!

*Pour apprécier d’autre œuvre de l’artiste http://marcantoinecote.com

Éric Beaupré
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