DRUMMONDVILLE
On se croira même permis de passer des commentaires sur le phénomène. « As-tu vu? Les filles ont mis leurs jambes. » « Comment veux-tu qu’un gars se retienne? », etc.
Le corps humain est beau à regarder, c’est certain. Mais il n’est pas une marchandise à consommer. Il y a une marge entre regarder, admirer, dire discrètement à son chum de gars qu’on trouve qu’une femme a de belles jambes et « Eille! Je te dis que je te ferais pas mal à soir!», siffler une fille ou carrément lui frôler une fesse, ….
Le phénomène n’est pas nouveau. Lors de la sortie de la mini-jupe dans les années 1970, les filles et les femmes affirment leur pouvoir de s’habiller comme elles le veulent. Les réactions, provenant de la gent masculine principalement, sont de l’appréciation la plus totale à la justification de la violence sexuelle la plus entière. « Elles sauront bien pourquoi elles sont violées; elles nous montrent tout; si ce n’est pas de la provocation, ça … »
Eh bien non! Pas plus aujourd’hui qu’hier, l’habillement léger n’est une invitation à agresser sexuellement, à passer des commentaires gênants pour les personnes qui s’habillent « sexy ». Le désir de plaire, de se sentir belle/beau n’a jamais été une invitation à se voir IMPOSER une relation sexuelle, des propos sexistes, des phrases à connotation sexuelle. Jamais…
J’ai souvenir de l’expérience vécue par un jeune homme qui, alerté par sa copine, avait décidé de passer une journée à se promener sous les traits d’une femme: vêtements d’été, coiffure, maquillage, … Il n’avait pas terminé la journée, tellement il était écœuré, c’est le mot, par tout ce qu’il avait entendu. Jamais auparavant il n’avait entendu de tels propos, il n’avait vu de tels regards emplis de convoitise, jamais il ne s’était senti aussi mal à l’aise de simplement marcher sur le trottoir pour faire ses commissions.
« Oui mais, c’est vrai que c’est provocant ces habillements-là, avec la jupe au ras de … » Et nos grands-mères et ancêtres, elles? Personne ne s’habillait en jupe courte à une certaine époque. Les histoires d’horreur en regard de l’inceste et de l’ostracisme des femmes qui portaient des jupes à la cheville étaient chose courante à l’époque.
« Ah mais ce n’est plus pareil de nos jours, nous avons évolué! » Je n’en suis pas si sûre quand je vois le nombre de demandes d’aide qui entrent au CALACS La Passerelle chaque année. En 2022-2023 seulement, nous avons reçu 200 nouvelles demandes. Il y a environ une dizaine d’années, nous en comptions une centaine par an. La violence sexuelle aurait-elle augmenté? Nous souhaitons que non, bien sûr! Mais comme société, on peut se questionner sur le niveau de « civilisation » que nous avons atteint en ce 21e siècle. Et bien que nombre de personnes dénoncent le ton alarmiste de cette expression, il n’en reste pas moins que cet été encore, il y aura encore trop de manifestations de la CULTURE DU VIOL.
Bonnes réflexions, bons échanges et surtout… bon été en toute sécurité.
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