Criminalité et agressions sexuelles en hausse : les défis face à la criminalité et la pauvreté à Drummondville sont alarmants

Criminalité et agressions sexuelles en hausse : les défis face à la criminalité et la pauvreté à Drummondville sont alarmants
Les défis face à la criminalité et la pauvreté à Drummondville sont alarmants © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Selon La Presse, fort d’un rapport transmis par Statistique Canada, Drummondville affiche le plus haut taux de criminalité des régions métropolitaines québécoises. C’est également dans cette région que l’indice de gravité des crimes est le plus élevé.

Les défis face à la criminalité et la pauvreté à Drummondville sont alarmants © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Ces deux dernières années ont été marquées par une hausse notable de la criminalité, notamment des crimes à caractère sexuel. Au moment d’écrire ces lignes, les enquêteurs de la Sûreté du Québec travaillent sur différents crimes, dont un survenu dans un quartier résidentiel de Drummondville lors d’une fête entre adolescents.

Les agressions sexuelles deviennent de plus en plus fréquentes. Il suffit de fréquenter les corridors du palais de justice de Drummondville pour constater que les dossiers s’accumulent et que les crimes violents et les infractions à caractère sexuel connaissent une importante hausse. Les deux dernières années ont été marquées par de nombreux dossiers majeurs, comme le rapporte Le Vingt55 de façon quasi hebdomadaire.

Viol, agressions sexuelles, exploitation sexuelle des enfants, crimes contre la personne, la hausse est marquée par la nature et la gravité des crimes. Les policiers répondent en grande majorité à des appels liés à des problèmes de santé mentale, alors que les enquêteurs voient les dossiers s’accumuler de façon alarmante.

L’itinérance a pris des proportions inquiétantes depuis deux ans, passant de quelques dizaines de personnes en situation d’itinérance à des centaines de personnes en situation d’itinérance temporaire ou permanente. Drummondville peine à suffire aux besoins croissants.

En effet, comme le rapporte Le Vingt55, les effectifs policiers à Drummondville peinent à suffire. Les organismes, aux prises avec d’importantes coupures, voient le nombre d’intervenants diminuer, et l’aide pour les femmes, les enfants, les familles et les victimes d’actes criminels diminue à un rythme inquiétant, dénoncent d’ailleurs les organismes comme le comptoir alimentaire.

Drummondville a perdu son titre de ville du bonheur. Les besoins changent et les budgets pour aider manquent. Des policiers rencontrés par Le Vingt55 n’hésitent pas à mentionner que les ressources sont loin d’être suffisantes : « Nous avons l’effectif pour une municipalité de 60 000 habitants, mais nous en comptons plus de 100 000 », met en perspective un policier rencontré par Le Vingt55 lors d’une intervention.

Les intervenants de terrain, en appui aux policiers lors d’interventions, ainsi que des lignes téléphoniques sont mises à la disposition des policiers pour répondre aux besoins, mais la prise en charge des personnes en situation de crise ou de difficulté est limitée.

Une roue qui tourne, des nouveaux visages viennent s’ajouter à la criminalité et à la pauvreté chaque jour. Les policiers interviennent en relation d’aide ou avec des personnes en crise et font de moins en moins de travail « policier » proprement dit, comparé à il y a quelques années. Nos interventions sont liées à la santé mentale en grande majorité, constate une policière qui voit la situation s’aggraver sur chaque cohorte. Quand un policier complète sa formation à Drummondville, il a un important bagage qui touche à tous les secteurs de la criminalité, confirme un policier d’expérience.

Les travailleurs étrangers abandonnés par le gouvernement et les élus se retrouvent de plus en plus nombreux au banc des accusés faute de ressources pour leur venir en aide. Liés à des problèmes tels que le vol à l’étalage, ils constituent une clientèle nouvelle, constate un policier. Les travailleurs saisonniers se trouvent vite démunis lorsque l’employeur les remercie et que les ressources viennent à manquer.

Les familles deviennent de plus en plus criminalisées. Le vol à l’étalage connaît une importante hausse, et le visage des personnes prises en défaut change.

Comme le rapportait Le Vingt55 au cours des dernières semaines, il n’est pas rare de voir une femme, une mère de famille, ou un père tenter de voler des paniers d’épicerie entiers pour subvenir aux besoins de leurs enfants et familles. Ces nouveaux visages gonflent malheureusement les statistiques de la criminalité et de la pauvreté à Drummondville.

La pauvreté et la prostitution et exploitation sexuelle des jeunes filles et adolescentes connaissent une hausse importante à Drummondville.

Drummondville connaît une hausse d’interventions dans les hôtels où la prostitution est régulièrement rapportée par des intervenants du milieu. Certains hôtels de la MRC voient leurs chambres servir les intérêts de certains groupes où la prostitution est monnaie courante. Un policier rencontré par Le Vingt55 précise qu’il faut des plaignants pour porter des accusations, ou des victimes qui dénoncent pour ouvrir un dossier. Malgré l’évidence parfois lors de nos interventions, il est difficile de porter plainte quand les victimes d’exploitation sexuelle ne portent pas plainte par peur de représailles et que les hôteliers préfèrent fermer les yeux sur les activités qui ont lieu dans leurs chambres.

Des mesures de prévention, telles que des formations pour les hôteliers afin de détecter les proxénètes ou les activités de prostitution, sont mises de l’avant, mais peu de plaintes ou de dénonciations sont enregistrées par les autorités. Aucune statistique ne permet de donner des résultats significatifs, précise la Sûreté du Québec.

Les agressions sexuelles deviennent de plus en plus difficiles à contrer. Le service de communication de la Sûreté du Québec précise à cet effet que le travail se fait par enquête médiatisée.

Ce genre d’intervention n’est pas dans les mandats des agents, précise une relationniste interpellée sur les dossiers en cours à Drummondville. Les tribunaux vont prendre en compte le travail et les accusations portées, mentionne la porte-parole. Faut-il encore que les médias soient présents et relayent les dossiers. Une importante diminution de la médiatisation des dossiers s’est fait sentir à Drummondville dans les deux dernières années, constatent les intervenants de terrain rencontrés par Le Vingt55.

Du côté du CALACS La Parserelle, Julie Ouellet souligne que le nombre plus élevé est en effet noté et notable pour l’organisme qui vient en aide aux adolescentes et femmes victimes d’agression sexuelle dans la MRC de Drummond et dans la MRC d’Arthabaska.

La directrice générale Julie Ouellet précise que statistiquement, une agression sur vingt est rapportée aux policiers et que deux plaintes sur mille se soldent par une condamnation, des chiffres tout aussi inquiétants mais pourtant bien réels, confirme la directrice de l’organisme. Est-ce que les campagnes qui invitent les jeunes femmes à briser le silence ou les mouvements comme #MeToo ont fait monter les statistiques? Possiblement et espérons-le, c’est un constat que les campagnes et l’accompagnement des médias sont bénéfiques et permettent à plus de femmes de dénoncer et de survivre aux crimes et agressions qu’elles subissent. De plus, le travail d’accompagnement de nos intervenantes démontre que les victimes sont crues. Elles sont maintenant de plus en plus et de mieux accompagnées, et ce à partir de la dénonciation jusqu’à leur passage dans les tribunaux, confirme Julie Ouellet en entrevue au Vingt55.

De son côté, interpellée par le Vingt55 sur la situation et les statistiques rendues publiques par Statistique Canada, la mairesse de Drummondville Stéphanie Lacoste mentionne que « Drummondville connaît une expansion sans précédent, soutenue par une des plus fortes croissances de population au Québec, soit près de 1500 nouveaux résidents chaque année. Inévitablement, cette nouvelle réalité urbaine engendre son lot de défis, bien qu’il faille détailler les données statistiques pour avoir un juste portrait de la situation », affirme la mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste. « Afin d’y remédier, nous travaillons de concert avec la Sûreté du Québec ainsi que les divers services de prévention, dans le but d’offrir un milieu de vie paisible et sécuritaire à notre monde. Drummondville demeure une ville fort attrayante, en témoigne notre démographie », conclut la mairesse de Drummondville devant les statistiques rendues publiques aujourd’hui.

La situation et les chiffres alarmants rappellent que la sécurité est maintenant un des enjeux numéro 1 à Drummondville.

Malgré les beaux discours des gouvernements, les élus ont des mesures à prendre et nos élus municipaux ont aussi une responsabilité face à la situation. Les mesures correctives et d’aide afin de permettre aux organismes policiers et autorités d’avoir les moyens d’y arriver devront être déployées et mises de l’avant à tous les paliers de gouvernance.

Des organismes n’ont pas hésité à dénoncer, au cours des dernières semaines, les décisions du ministre Lionel Carmant et le manque d’appuis au niveau municipal, fédéral et provincial.

Autant les services de police que différents spécialistes du terrain confirment que nous payons les contrecoups de la politique négligente et des décisions face à la crise du logement social, de l’itinérance, du manque de vision et d’investissement envers les organismes de la MRC et de la région, ce qui amplifie la situation, la pauvreté et la criminalité à Drummondville.

La pénurie de logements abordables, comme le rapportait également le Vingt55 font partie des enjeux à Drummondville. la flambée des prix des loyers et les rénovictions sont autant d’enjeux qui placent des individus en situation d’itinérance et même des familles qui peinent maintenant à trouver un loyer abordable pour se loger.

Des mesures, tant provinciales que municipales, doivent être mises de l’avant, ont expliqué différents intervenants du milieu rencontrés par Le Vingt55. François Gosselin de l’Ensoleilvent plaide toujours pour l’accessibilité à des logements abordables à Drummondville.

Les problèmes sociaux et criminels laissent croire que des mesures importantes doivent être mises de l’avant afin d’opérer un véritable changement à Drummondville et que le jeu de chaises musicales des dossiers liés à la criminalité et aux agressions sexuelles ne peut plus dépendre des discours sur à qui appartient la responsabilité et qui financera les organismes et par quels programmes

Les défis face à la criminalité et la pauvreté à Drummondville sont alarmants © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

https://calacs-lapasserelle.org/
Éric Beaupré
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