DRUMMONDVILLE
À Drummondville comme dans l’ensemble de la province, cette grève prolongée a des effets désastreux sur les détaillants de toutes tailles au moment le plus critique de l’année, alors que les commerçants s’efforcent de répondre aux besoins de leurs clients en matière d’achats de Noël et luttent pour rester viables dans une conjoncture économique difficile.
Le propriétaire d’un commerce et d’une boutique spécialisés à Drummondville, contacté par Le Vingt55, confirme que l’enjeu est important.
« Une part importante de notre chiffre d’affaires est générée par nos achats en ligne. Le service postal de Postes Canada était, bien sûr, utilisé pour la livraison », précise-t-il. « Nous devons maintenant nous tourner vers un service de livraison beaucoup plus coûteux. Afin de rester concurrentiels, nous assumons l’impact et les couts, mais cela engendre des pertes nettes importantes sur nos revenus. Si la grève perdure, ces coûts supplémentaires pourraient éventuellement être refilés à nos clients. »
« Le secteur de la distribution sait que la meilleure entente de travail est négociée entre les deux parties, mais ce n’est pas le cas ici, et il est temps de mettre fin à cette grève. En attendant, des milliers de détaillants et des millions de consommateurs en paient le prix mentionne Diane J. Brisebois, présidente-directrice générale du CCCD
« Livrant des colis, des documents, des prospectus et des biens essentiels, Postes Canada est un rouage essentiel de l’économie. Cette grève prolongée compromet son rôle, érode la confiance du public et fait augmenter les coûts pour les détaillants et les consommateurs.
« En interrompant ses services, elle annule également les investissements réalisés par le secteur du détail pour rendre plus commodes les achats en ligne – achats pour lesquels Postes Canada est le principal fournisseur de services de livraison. En raison de la durée de cette grève, les autres services de livraison ne sont pas disponibles ou sont trop coûteux, ce qui signifie que les envois ne parviennent pas aux entreprises, aux magasins ou aux clients à temps pour les Fêtes de fin d’année.
« La grève met en péril des emplois au Canada, et les entreprises de toutes tailles en subissent les conséquences. Les petits commerces de détail ont du mal à envoyer leurs produits et à recevoir leurs paiements, ce qui pèse sur leur trésorerie et menace leur survie. Les prospectus promotionnels et les meilleures remises de l’année n’arrivent pas dans les boîtes aux lettres, laissant les magasins avec des invendus. Les grandes chaînes doivent faire face à des coûts importants pour la distribution de leurs prospectus et de leurs produits, ce qui met en péril leurs ventes, car les consommateurs se tournent vers des concurrents internationaux qui proposent d’autres options de livraison.
« C’est un étrange paradoxe : le gouvernement espère rendre les achats de Noël plus abordables grâce à un congé de la TPS-TVH, alors que la grève de sa société d’État, Postes Canada, rend le commerce électronique impossible, empêche les consommateurs de profiter des meilleures offres promotionnelles et oblige les commerçants à expédier les cadeaux en recourant à des méthodes de livraison plus onéreuses.
« En plus de l’incidence de la grève à Postes Canada, les commerces de détail, grands et petits, ont tiré la sonnette d’alarme à propos des défis posés par le congé temporaire de la TPS-TVH. Il s’agit notamment de changements et de coûts imprévus dans les programmes informatiques, de clients qui retardent leurs achats et manquent les meilleures affaires de l’année lors du Vendredi fou, et d’une confusion générale dans les magasins à propos des critères de la mesure – certains clients retournant même des marchandises usagées en espérant les racheter sans payer de taxe. Tout cela se produit à un moment où les détaillants mettent traditionnellement fin aux distractions administratives pour se concentrer sur leur période de vente la plus occupée. Rappelons que de nombreux détaillants réalisent plus de la moitié de leurs ventes annuelles au cours du seul mois de décembre.
« On estime que les pertes subies par le secteur en raison de la grève prolongée dépassent le milliard de dollars et ne cessent d’augmenter. »