Ma fille a été agressée sexuellement, mon monde a basculé…Oser en parler, la chronique du CALACS La Passerelle

Ma fille a été agressée sexuellement, mon monde a basculé…Oser en parler, la chronique du CALACS La Passerelle
Ma fille a été agressée sexuellement, mon monde a basculé...Oser en parler, la chronique du CALACS La Passerelle

DRUMMONDVILLE

Il existe une souffrance silencieuse qui dévore l’intérieur de ceux et celles qui se retrouvent parents d’une victime d’agression à caractère sexuel. C’est une douleur unique, féroce, qui ronge de l’intérieur. Quand une famille se retrouve confrontée à l’inacceptable, le monde bascule. Souvent, derrière les portes closes, les regards changent, les sourires deviennent rares, et les silences, lourds.
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Le tsunami

Les parents sont souvent les derniers à savoir que leur enfant a subi une telle épreuve. Lorsqu’ils l’apprennent, un tsunami d’émotions les submerge! L’incrédulité est souvent la première à s’installer. Comment cela a-t-il pu arriver à ma fille, à cette personne que j’aime plus que tout au monde ? Puis vient la culpabilité. Est-ce que j’aurais pu voir des signes ? Ai-je échoué à la protéger ? Ces sentiments se mélangent à un besoin instinctif et viscéral de tout faire pour réparer ce qui a été brisé.

La famille

La victime est la personne la plus affectée par l’agression. L’impact de l’agression s’infiltre toutefois aussi dans le tissu familial. Les parents peuvent se retrouver face à une colère qui bouillonne sans fin, voulant tout effacer pour que leur fille retrouve la paix. Parfois, ce sera une mer de confusion et de tristesse qui prendra toute la place, les laissant impuissants, tentant de comprendre et d’accepter que cette personne qu’ils chérissent du plus profond de leur cœur, a été blessée de façon difficile à définir et à comprendre. Aussi, il peut arriver qu’un parent comprenne un peu trop bien ce que ressent leur fille, ayant vécu une situation similaire dans le passé. Dans ce cas, les émotions enfouies peuvent se réveiller et la douleur du passé peut refaire surface. Les parents peuvent vivent dans un état constant de tension, cherchant à comprendre ce qui est arrivé tout en voulant effacer la douleur de leur enfant. Mais parfois, cette douleur, dans son intensité, devient une ombre qui plane sur leur relation, rendant difficile la communication entre eux.

Les relations familiales, qui peuvent parfois être déjà fragiles à cause du stress quotidien, sont mises à l’épreuve. Par exemple, les frères et sœurs, parfois trop jeunes pour comprendre l’ampleur de la situation, peuvent ressentir de la confusion, de la peur, de la colère ou même de l’isolement, tout en se demandant comment ils peuvent être un soutien dans cette situation.

L’impact

La vie de ces parents peut changer de manière significative. Le regard porté sur le monde autour d’eux, sur les autres parents, sur les relations, peut être altéré. Ils peuvent se sentir plus fragiles, parfois plus méfiants, comme si leur monde avait perdu de sa clarté et de sa légèreté. Le quotidien devient une succession de questions sans réponses, de nuits agitées, de désirs de vengeance ou de pensées de réconfort à apporter à leur enfant…

La justice

Mais au-delà de la souffrance, un autre besoin s’éveille souvent en eux : celui de voir justice rendue. Pour de nombreux parents, la quête de justice devient aussi dévorante que le désir de protéger leur enfant. La colère envers l’agresseur, mais aussi envers un système qui semble parfois lent et incompréhensible, occupe l’esprit et le cœur. Chaque étape du processus judiciaire, lorsque l’on choisit de porter plainte, devient une épreuve supplémentaire pouvant raviver des émotions intenses de frustration et d’impuissance. Les parents se battent alors non seulement pour la guérison de leur enfant, mais aussi pour leur droit à ce que justice soit faite.

Dans ce contexte, la colère, bien que compréhensible, peut devenir une force dévastatrice s’il n’y a pas d’espace pour l’apaiser. C’est là qu’entrent en jeu l’accompagnement et la recherche d’aide. Parce que, en plus du soutien nécessaire pour leur enfant, ces parents doivent aussi se soutenir eux-mêmes. Ils ont besoin de comprendre que la quête de justice, bien que légitime et importante, ne pourra guérir les blessures internes de la famille. Ces blessures ont besoin d’un espace pour être exprimées, pour être apaisées.

L’aide

Chercher de l’aide devient alors un acte essentiel. Pour ces parents, il est crucial de pouvoir parler à des professionnel.e.s, de pouvoir déposer la douleur dans un espace sûr, où le poids des questions sans réponses peut être entendu et traité. Ces lieux permettent aux parents de trouver des ressources, de comprendre qu’ils ne sont pas seuls, et d’apprendre à naviguer dans ce que l’on appelle le « post-traumatique ».

L’accompagnement permet aussi aux parents de travailler leur relation avec leur enfant, étape par étape, d’accepter qu’il n’y ait pas de solution magique, mais que chaque petit pas vers le mieux-être et la reprise de pouvoir est une victoire. Cela permet de libérer une partie de la culpabilité qu’ils ressentent et d’être une source de soutien, de courage, de compréhension, d’amour et d’espoir, même dans la douleur.

Une personne proche de vous a été victime d’une agression à caractère sexuel et vous avez besoin de soutien pour vous et pour mieux la soutenir? Nous sommes là pour vous. ON VOUS CROIT.

Julie Ouellet

Directrice, CALACS La Passerelle

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Julie Ouellet
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