DRUMMONDVILLE
Selon ces organisations, cette réforme imposerait aux nouveaux arrivants un fardeau disproportionné quant à leur intégration, sans que l’État ne garantisse les ressources nécessaires pour un accueil digne et inclusif. Elles dénoncent une approche qui alimente une rhétorique d’exclusion en faisant de l’immigration un problème à gérer plutôt qu’une richesse à valoriser.
Un cadre jugé contraignant et discriminatoire
Le projet de loi n° 84 vise à redéfinir les modalités d’intégration des personnes immigrantes au Québec, notamment en conditionnant l’accès à certains services et droits à la démonstration d’un engagement envers les valeurs québécoises. Or, pour les signataires, ces mesures risquent d’exacerber la précarité des nouveaux arrivants.
« L’intégration ne peut pas être un processus à sens unique où l’État se désengage de ses responsabilités », affirme la Ligue des droits et libertés. « Ce projet de loi impose des conditions draconiennes aux immigrants sans leur offrir les outils nécessaires pour réussir. »
Les groupes féministes et de défense des droits des femmes s’inquiètent particulièrement des répercussions sur les femmes immigrantes, qui font déjà face à des barrières systémiques en matière d’emploi, d’éducation et d’accès aux services publics.
« Ce projet ne tient pas compte des inégalités structurelles qui rendent l’intégration plus difficile pour certains groupes, notamment les femmes et les personnes issues des minorités visibles », déclare la Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec. « Il s’agit d’une approche punitive qui risque d’accroître la marginalisation. »
Des consultations jugées précipitées et insuffisantes
Les signataires critiquent également le processus de consultation entourant ce projet de loi, qu’ils jugent précipité et restreint. Selon eux, le gouvernement n’accorde pas une place suffisante aux voix des communautés concernées et des experts en droits humains.
« Il est inacceptable qu’un projet de cette ampleur soit mené à la hâte, sans une réelle prise en compte des avis des organismes de terrain », souligne le Regroupement québécois des CALACS. « Une réforme qui touche les droits fondamentaux des personnes immigrantes doit être élaborée avec rigueur et transparence. »
Un appel au retrait du projet de loi
Face aux nombreuses inquiétudes soulevées, les 87 organismes demandent le retrait du projet de loi n° 84 et l’ouverture d’un dialogue véritablement inclusif sur l’intégration au Québec. Ils appellent le gouvernement à adopter des politiques publiques axées sur l’inclusion, la lutte contre la discrimination et le renforcement des services d’accueil et de francisation.
« L’intégration ne doit pas être un prétexte pour restreindre des droits », conclut la Ligue des droits et libertés. « Le Québec doit miser sur des politiques d’égalité et de justice sociale pour bâtir une société réellement inclusive. »