DRUMMONDVILLE
Une Drummondvilloise dénonce des personnalités et lance de graves allégations sur les réseaux sociaux Capture d’écran tirée de la page Facebook de Mylène Hébert
Connue pour ses prises de position controversées et ses dénonciations fréquentes sur les réseaux sociaux, souvent teintées de théories complotistes selon certains observateurs, Mylène Hébert affirme être une survivante d’un réseau structuré d’exploitation sexuelle. Elle dit avoir tenté à plusieurs reprises de porter plainte auprès des autorités, en vain, ce qui l’aurait poussée à rendre son témoignage public.
Dans sa publication virale, elle affirme avoir été victime d’agressions dès l’adolescence et reproche aux autorités de ne pas avoir pris ses signalements au sérieux. Le Vingt55 a recueilli son témoignage et a tenté de joindre les personnes nommées afin d’obtenir leur version des faits.
Ce n’est pas un crime d’être inadapté à une société profondément malade. Vendre et violé des enfants oui!
Je vous dépose aujourd’hui les photos de mes agresseurs, de ceux qui ont été impliqués dans mon réseau de trafic sexuel à l’âge de 13 ans et adulte.
Le chanteur Eric Lapointe, son ancien gérant devenue ministre Yves Francois Blanchette, Alain Carrier ancien maire de Drummondville, propriétaire de performance NC , Patrick Roy éducateur en centre jeunesse de Drummondville et Jean Francois Guernon agent de sécurité au centre jeunesse de Drummondville
Demain à trois rivières je vais vous livrer pour la première fois mon témoignage sans autocensure.
Mon témoignage comme vous ne l’avez jamais entendu.
Je me libère enfin de la torture grave que vous m’avez infligé.
Vous êtes cordialement invités à vous manifester
Manifestation Pacifique en contestation des processus de la DPJ
Soyez en Servantes Écarlates Amenez un bébé (poupée) qui sera déposer au pied du CIUSS de Trois-Rivières
3 mai 10h 858 terr. Turcotte Trois-Rivières G9A 5C5
La dpj et ses lésions de droit sur nos enfants sont l’affaire de tous! Apporter des poupées et une cape rouge
Sa dénonciation, publiée tôt ce matin, a rapidement été visionnée plus de 3 000 fois et partagée à de nombreuses reprises, provoquant une véritable onde de choc au sein de la communauté drummondvilloise, tant auprès des citoyens que dans les milieux d’affaires.
Le jour de son 40e anniversaire, Mylène Hébert a choisi de nommer publiquement, des personnalités qu’elle considère comme ayant participé, directement ou indirectement, à un réseau présumé de trafic sexuel. « C’est le cadeau que je m’offre aujourd’hui », a-t-elle déclaré en entrevue au Vingt55.
Qu’en est-il des faits allégués ?
Le Vingt55 a tenté, et réussi, à obtenir les explications de la principale intéressée, qui a accepté de clarifier plusieurs informations tout en affirmant vouloir en dévoiler davantage lors d’une manifestation prévue demain à Trois-Rivières.
Dans l’entrevue accordée, Mme Hébert revient sur les sévices qu’elle dit avoir endurés depuis l’adolescence. Elle affirme avoir tenté à plusieurs reprises, au cours des 25 dernières années, de porter plainte auprès des autorités policières, sans qu’aucune procédure formelle n’ait été enclenchée.
Selon ses déclarations, l’un des événements marquants se serait produit en 2015. Une première tentative de dénonciation aurait été faite en 2019, alors qu’elle était employée par NC Performance. Elle affirme avoir demandé à Alain Carrier, présent lors de l’événement, la possibilité de rencontrer l’artiste Éric Lapointe, alors porte-parole d’un événement auquel elle collaborait. Elle soutient qu’une rencontre aurait été organisée par Alain Carrier et qu’à la suite de celle-ci, elle se serait rendue dans une chambre privée, où elle aurait été intoxiquée avant d’être agressée sexuellement.
Mme Hébert affirme avoir été « droguée à son insu » et avoir perdu conscience pendant une grande partie de la soirée. Elle met en cause Alain Carrier pour avoir, selon elle, facilité cette rencontre. Toujours selon son témoignage, l’événement aurait eu lieu en marge de l’activité publique.
Elle mentionne également Yves-François Blanchet, qu’elle identifie comme ayant été, à l’époque, le gérant de l’artiste. En entrevue, Mylène Hébert nuance ou précise partiellement les événements. Sans l’accuser d’agression, elle lui reproche, tout comme à Alain Carrier, d’avoir « fermé les yeux » sur les gestes posés, évoquant une forme de complicité et un silence coupable.
« Pour moi, ils ont participé à ce système de trafic sexuel d’enfants », évoque-t-elle « Ils n’ont pas été les agresseurs, mais ils ont protégé ceux qui l’étaient », soutient-elle.
Selon les dates et informations fournies par la plaignante, et vérifié par le Vingt55 elle était au moment des faits âgée dans la vingtaine.
Mme Hébert affirme avoir tenté à plusieurs reprises de dénoncer ces faits, notamment auprès de la Sûreté du Québec.
Elle évoque une rencontre récente dans un poste de la SQ, dans la MRC de Drummond, où elle aurait souhaité porter plainte. Selon elle, la policière en devoir ce jour-là aurait refusé d’ajouter les noms de personnalités connues à la plainte initiale, l’invitant plutôt à ouvrir un nouveau dossier.
Frustrée, Mme Hébert indique avoir quitté les lieux sans déposer de plainte officielle, avant de se tourner vers les réseaux sociaux pour rendre publiques ses allégations.
Contactée par le Vingt55, la Sûreté du Québec a précisé ne pas commenter les faits relatifs à des dossiers en cours, par souci de confidentialité. « Nous avons en effet pris connaissance de ce qui circule sur les réseaux sociaux », a affirmé le porte-parole de la SQ en entrevue avec le Vingt55. Il ajoute que la Sûreté du Québec prend au sérieux toute allégation rapportée par une victime potentielle et procède aux vérifications et enquêtes appropriées afin de faire la lumière sur les faits. Ces vérifications, jusqu’à maintenant, n’ont donné lieu à aucune arrestation ni accusation.
« Depuis 1998, j’ai essayé de dénoncer au moins cinq fois. On ne m’a jamais écoutée », affirme-t-elle, évoquant l’existence, selon elle, de personnes, d’organisations et de structures complètes impliquées dans des réseaux organisés d’agresseurs et d’abuseurs d’enfants.
Dans ses publications, elle affirme être une survivante d’un réseau de trafic sexuel impliquant plusieurs personnes influentes. Elle dit vouloir aujourd’hui se libérer de la peur et de la honte, tout en incitant d’autres victimes à faire de même.
Mme Hébert prévoit se rendre à Trois-Rivières demain, accompagnée d’autres femmes et d’éventuelles victimes qui, comme elle, affirment en entrevue avoir été victimes de violences sexuelles. Sans toutefois préciser qui, ni combien de personnes prendront part à cette activité, elle indique que le groupe entend remettre de nouvelles preuves aux autorités et poursuivre publiquement ses dénonciations contre ce qu’elles qualifient de réseau organisé.
Bien consciente que de fausses déclarations publiques peuvent entraîner des conséquences civiles et criminelles, selon la nature et la gravité des propos, elle affirme être en mesure de soutenir l’ensemble de ses allégations.
De son côté, le Vingt55 a tenté de communiquer avec le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, ainsi qu’avec Alain Carrier et Eric Lapointe. Au moment d’écrire ces lignes, aucune entrevue n’avait été accordée par les personnes citées par la Drummondvilloise.
Vérifications faites par le Vingt55, les personnes nommées dans cet article, désignées par la Drummondvilloise, n’ont fait l’objet d’aucune accusation criminelle à ce jour et bénéficient donc pleinement de la présomption d’innocence, et ce, jusqu’à preuve du contraire ou jusqu’au dépôt d’accusations formelles appuyées par des éléments probants.
Infos juridiques
Présomption d’innocence
Le Vingt55 rappelle que toute personne accusée au criminel a droit et bénéficie de la présomption d’innocence jusqu’à la décision d’un juge au terme d’un processus judiciaire complet.
Le système pénal canadien repose sur un principe fondamental: toute personne accusée d’avoir commis une infraction est présumée innocente jusqu’à ce que la preuve de sa culpabilité soit établie hors de tout doute raisonnable devant un tribunal.
Comme une personne accusée d’un crime s’expose à de lourdes conséquences, la présomption d’innocence revêt une importance capitale. Ce droit est reconnu à l’article 11d) de la Charte canadienne des droits et libertés. La présomption d’innocence est un droit individuel qui exige que:
L’accusé n’a pas à prouver qu’il est innocent, sa culpabilité doit être établie par le poursuivant, par une preuve hors de tout doute raisonnable.
La charge de le prouver incombe à l’État, au Québec, il s’agit du Directeur des poursuites criminelles et pénales qui agit par l’entremise de ses procureurs aux poursuites criminelles et pénales.
Les poursuites criminelles doivent se dérouler conformément aux procédures légales et à l’équité.