Bécancour / Centre-du-Quéebc
Un capotage spectaculaire survenu lundi soir à Bécancour, au Centre-du-Québec, aurait pu tourner au drame. Un conducteur de 37 ans a perdu le contrôle de son véhicule, projetant sa voiture sur plus de 150 mètres. L’incident relance le débat sur l’efficacité des campagnes de sensibilisation, la tolérance actuelle envers l’alcool au volant et les recommandations du coroner Garneau de revoir à la baisse la limite de 0,08 à 0,05.
Les images obtenues par le Vingt55 sont saisissantes et témoignent de la violence de l’impact et embardée @ Tous droits réservés.
Les images sont pour le moment spectaculaires, mais ont également permis de démontrer que le scénario aurait pu avoir des conséquences bien plus graves pour les citoyens du quartier. Comme le confirme la Sûreté du Québec (SQ), l’homme circulait seul à bord de son véhicule en direction sud sur la route du Missouri, à Bécancour, lorsqu’il a perdu le contrôle.
Le véhicule, qui circulait lundi soir vers 20 h 45, en direction sud, a fait un vol plané avant de s’immobiliser à quelques pieds d’un terrain privé, après avoir traversé plusieurs propriétés. Les images obtenues par le Vingt55 sont saisissantes et témoignent de la violence de l’impact et embardée.
La voiture a été projetée dans les airs, percutant des arbres, traversant plusieurs terrains résidentiels, avant de terminer sa course quelque 150 mètres plus loin, dans une intersection du chemin Saint-Laurent. Par miracle, un autre véhicule qui circulait en direction est sur ce même chemin n’a pas été heurté, comme le démontrent les images obtenues par le Vingt55, transmises par des citoyens du secteur.
« Comme le montrent les images, une voiture aurait pu croiser son chemin. Quelques secondes de plus et ç’aurait pu être fatal pour ma famille ou un piéton », a confié Mme Charette au Vingt55 une résidente du quartier. Elle déplore que les campagnes de sensibilisation ne semblent pas suffire à dissuader certains conducteurs. « Même s’il n’y a pas eu de victime, les conséquences sont graves. Nos enfants ont maintenant peur de jouer dans leur propre cour, même de rester à la maison. Il est temps que le message finisse par passer. »
Le conducteur a été transporté à l’hôpital pour y recevoir des soins. Ses blessures ne sont pas considérées comme graves, confirme la Sûreté du Québec. Un prélèvement sanguin a été effectué afin de déterminer son taux d’alcoolémie. Des accusations criminelles pourraient être déposées selon les résultats de l’analyse.
« Cet événement s’inscrit dans une série trop fréquente d’arrestations pour conduite avec les facultés affaiblies, des messages de prévention qui, manifestement, ne suffisent plus. »
Comme le constate régulièrement le Vingt55 lors des comparutions au palais de justice de Drummondville ou lors d’interventions policières de la SQ, ce type d’infraction demeure très fréquente. « À Drummondville, chaque semaine, près d’une dizaine de conducteurs voient leur permis suspendu pour conduite avec facultés affaiblies »
La juge Marie-Josée Ménard, lors de ces comparutions, pose souvent la même question aux prévenus : les tribunaux deviennent le triste théâtre de dossiers répétitifs qui se succèdent.
« Qu’est-ce que cela aurait pris pour que vous ne preniez pas le volant ? Quel message des campagnes de sensibilisation n’avez-vous pas entendu ? »
Une interrogation qui, selon elle, dépasse les tribunaux et interpelle également les accusés
« Pourquoi les proches ou les témoins de votre état d’ébriété n’ont-ils pas agi ? Pourquoi laissent-ils quelqu’un prendre le volant dans cet état ? », questionne la magistrate, rappelant que la prévention est une responsabilité collective.
Des tragédies évitables : l’exemple de Stéphanie Houle. Le coroner Garneau réitère l’importance de revoir la limite permise à 0,05.
Une problématique persistante, une occasion manquée de changer le message et les habitudes de conduite, selon Me Garneau, coroner, qui, à la suite du décès tragique de Stéphanie Houle en 2021, recommandait, et recommande toujours, confirme-t-il en entrevue au Vingt55 d’abaisser le taux permis par la loi à 0,05.
Comme le rapportait le Vingt55, le 1er octobre 2021, un drame similaire avait coûté la vie à Stéphanie Houle, 46 ans. Vers 19 h, sur le chemin Hemming à Drummondville, la voiture dans laquelle elle prenait place, conduite par Benoit Janvier, a effectué plusieurs tonneaux après avoir quitté la route dans une courbe. L’analyse toxicologique avait révélé une alcoolémie de près du double de la limite permise par la loi chez le conducteur.
Le coroner Me Yvon Garneau, chargé de l’enquête, a confirmé dans son rapport que le conducteur avait consommé de l’alcool avant de prendre le volant, et que plusieurs témoins en avaient été conscients. Me Garneau recommandait :
- que le ministère des Transports et la SAAQ étudient rapidement la possibilité de faire passer la limite légale d’alcoolémie de 0,08 à 0,05, impliquant une modification du Code de la sécurité routière ;
- que le ministère de la Sécurité publique, la SAAQ et Éduc’alcool coordonnent leurs efforts pour renforcer les campagnes de sensibilisation et inciter le public à signaler les conducteurs en état d’ébriété.
L’alcool au volant ignoré dans le Plan d’action présenté à la ministre Geneviève Guilbault
L’alcool au volant demeure pourtant peu abordé dans le Plan d’action en sécurité routière 2023-2028 déposé par la ministre Geneviève Guilbault. Ce plan, inspiré de la Vision Zéro, comprend 27 mesures pour réduire les accidents, mais ne met pas l’accent sur la conduite avec les facultés affaiblies. Plusieurs intervenants en sécurité routière dénoncent cet oubli, considérant qu’il s’agit d’un facteur majeur d’accidents graves et évitables.

Le véhicule a fait un vol plané avant de s’immobiliser à quelques pieds d’un terrain privé @Photo India Charette / Vingt55 Tous droits réservés.