DRUMMONDVILLE
Appuyée par une analyse économique commandée à l’Observatoire québécois des inégalités, l’AQDR dénonce l’ampleur des inégalités vécues par les aînés en matière de revenus, de logement, de santé et de mobilité. Le rapport, produit par l’économiste Geoffroy Boucher, replace les mesures budgétaires dans un contexte plus large de vulnérabilité croissante chez les aînés.
« Si certaines annonces du budget sont bienvenues, elles demeurent nettement insuffisantes pour répondre aux besoins criants des personnes aînées, en particulier celles qui vivent sous le seuil de la pauvreté ou sans accès à des soins de santé adéquats », affirme Pierre Lynch, président de l’AQDR.
Revenu insuffisant et précarité grandissante
Selon les données analysées, la moitié des aînés au Québec vivaient en 2022 avec un revenu inférieur à 30 900 $, un seuil tout juste suffisant pour échapper à la pauvreté selon l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). Plus d’un quart d’entre eux (27,6 %) ne percevaient aucun revenu de retraite privée ni de placements.
Le coût du logement aggrave la précarité : plus de 50 % des ménages aînés les plus pauvres doivent consacrer plus de 30 % de leur revenu pour se loger, compromettant ainsi l’accès à une alimentation adéquate et à des soins de santé.
Soins à domicile : toujours pas de virage
Alors que le gouvernement annonce des investissements dans l’hébergement de longue durée et une bonification du Régime des rentes du Québec, l’AQDR regrette que le budget n’amorce toujours pas le virage tant attendu vers le soutien à domicile.
En 2023, seulement 10 % des besoins en soutien à domicile étaient couverts par le réseau public. Sans changement de cap, maintenir ce niveau exigerait un investissement de 10,8 milliards de dollars d’ici 2030.
« Le gouvernement doit reconnaître que la pauvreté et l’isolement vécus par des centaines de milliers d’aînés ne peuvent être réglés par des mesures ponctuelles. Il faut des politiques ambitieuses et pérennes », insiste Pierre Lynch.
Mobilité réduite et isolement
L’étude soulève également l’enjeu de l’accessibilité au transport collectif, particulièrement dans les régions. Plus d’un aîné sur cinq vit à plus de 500 mètres d’un arrêt d’autobus, une proportion qui atteint 35 % dans certaines zones, limitant gravement leur autonomie.
Appel à l’action
L’AQDR espère que l’adoption annoncée d’une politique nationale ambitieuse de soutien à domicile d’ici la fin de 2025 permettra de franchir un cap important. L’organisme presse le gouvernement de poser des gestes concrets pour enrayer les inégalités structurelles qui frappent les aînés.
« Il est temps que nos décideurs agissent pour assurer aux personnes aînées une vie digne, autonome et sécuritaire. Le statu quo n’est plus une option », conclut Pierre Lynch.