DRUMMONDVILLE
Alors que la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, doit bientôt dévoiler une nouvelle politique pour les personnes âgées, aucun montant spécifique n’a été réservé pour le soutien et les services à domicile (SAD) dans le budget présenté. Une omission jugée inquiétante par l’AREQ, qui rappelle que plus de 40 000 Québécoises et Québécois sont actuellement en attente de soins à domicile.
« Si les faibles investissements annoncés en santé et services sociaux sont représentatifs de ce qui est à venir, les sommes prévues ne permettront pas de répondre aux immenses défis liés au vieillissement de la population », s’inquiète Micheline Germain, présidente de l’AREQ.
Une pression démographique ignorée
Selon les projections, un quart de la population québécoise aura 65 ans ou plus d’ici 2030. « Après près de 10 ans au pouvoir, le gouvernement de la CAQ devrait avoir compris les impacts du vieillissement sur nos services publics. L’absence de mesures concrètes dans ce budget prouve le contraire », déplore Mme Germain.
Déjà en 2022, la vérificatrice générale du Québec estimait que 2 milliards de dollars par année étaient nécessaires pour maintenir les services de soutien à domicile à un niveau adéquat. Depuis, le gouvernement n’a investi qu’environ 193 millions par année.
Un virage vers la privatisation des soins?
L’AREQ se montre aussi préoccupée par les récentes déclarations de la ministre Bélanger, laissant entendre que certains services de soutien à domicile pourraient devenir payants dans le cadre d’une révision du modèle économique actuel. Une perspective qui soulève de vives inquiétudes au sein du mouvement des retraités.
« Il y a de quoi être inquiet. La facture risque d’être refilée aux aînés. Le budget ne contient aucun signal rassurant quant à l’accessibilité ou la gratuité des services à domicile », ajoute Mme Germain.
Des priorités gouvernementales jugées déconnectées
En matière d’hébergement pour les personnes âgées, le budget prévoit essentiellement des investissements pour les résidences privées pour aînés (RPA), soit 30 millions de dollars sur cinq ans pour l’installation de gicleurs, et 51 millions pour l’harmonisation des services en CHSLD publics et privés.
« Ce sont des sommes négligeables comparées aux besoins. Nous espérons que l’aide servira principalement aux CHSLD publics, alors que 40 % des établissements sont jugés vétustes », affirme la présidente de l’AREQ.
L’organisation rappelle que la vaste majorité des aînés souhaitent vieillir dans leur domicile, qu’il s’agisse d’une maison, d’un condo ou d’un logement. En ne soutenant pas cette volonté, le gouvernement compromet non seulement la qualité de vie des aînés, mais aussi l’efficacité du réseau de la santé, conclut l’AREQ.