DRUMMONDVILLE
Nous souhaitons voir les choses changer », dénoncent des étudiantes exaspérées qui ont contacté le Vingt55 à propos de comportements de certains professeurs du cégep qualifiés d’inacceptables, d’inappropriés et d’abusifs. Elles étaient d’avis qu’il fallait sortir des murs de l’établissement pour être entendues.
Ces propos de professeurs ont maintes fois été dénoncés par écrit, à la demande de la direction du cégep, au responsable du programme, selon les étudiantes. « Des échanges qui n’en finissent plus et qui n’aboutissent à rien, sinon que de nous faire sentir coupables », dénonce l’une des étudiantes à bout de ressources qui a vécu, depuis, dit-elle, des pressions et s’est vue décourager de porter plainte par une lourdeur administrative démotivante, ajoute-t-elle.
« Nous sommes là pour 2 ou 3 ans et d’un cycle à l’autre, les plaintes ne semblent même pas entendues », dénonce une autre étudiante qui a, à maintes reprises, tenté de dénoncer l’un des professeurs, payé, comme il se plaît à le dire, rapportent les étudiantes, pour « shaker le cocotier ». Ce même professeur aurait également utilisé le mot en « N » lors d’échanges avec une étudiante, « allusion et commentaire inappropriés que nous avons tenté de dénoncer, tout comme l’étudiante elle-même, et qui n’a finalement abouti nulle part, sinon que dans des dédales administratifs qui n’aboutissent à aucune action concrète », déplore une autre étudiante.
Contactée par le Vingt55 à la fin de la dernière session en raison d’une série de dénonciations d’étudiantes, Julie Dubois, coordonnatrice du Service des communications du cégep de Drummondville, avait à ce moment confirmé n’avoir reçu aucune plainte officielle par des étudiants sur l’un ou l’autre des sujets présentés. « Nous ne pouvons donner suite aux démarches des étudiantes si les plaintes ne sont pas formalisées ni officialisées », avait alors répondu l’employée au nom de la direction du cégep.
Plusieurs étudiantes renoncent devant la lourdeur du système de gestion des plaintes
Une étudiante a indiqué que la situation actuelle, concernant la gestion des plaintes, « va à l’encontre de ce qu’est une plainte et une dénonciation. Une plainte d’abus, peu importe quelle forme prend l’abus, doit être prise en compte et traitée rapidement, non pas derrière une série de démarches administratives qui incombent aux étudiants, mais soutenue par la direction », explique l’étudiante.
« Il est anormal qu’aucune des plaintes ne semble reçue », fait savoir l’étudiante, qui affirme avoir, comme plusieurs autres, tenté par différents moyens, mais en vain, de trouver aide et soutien auprès de la direction du cégep. « J’ai vécu des heures d’angoisse avant et après avoir tenté de dénoncer des comportements et manquements éthiques que je qualifie aussi d’inappropriés », explique l’étudiante, inquiète des conséquences de s’adresser maintenant aux médias.
« Est-ce que porter plainte contre l’un des professeurs a affecté mes notes ? Oui, je le crois », affirme l’étudiante, qui croit avoir été traitée injustement par un professeur qu’elle tentait de dénoncer auprès de la direction du cégep. « J’ai fait une demande de révision à la suite d’une note que je jugeais inappropriée, révision qui ne m’a pas été accordée, évoquant un délai déraisonnable », ajoute l’étudiante.
« Ça prend du courage pour dénoncer », a fait valoir l’étudiante qui a contacté le Vingt55. « Une fois que c’est fait, nous espérons être entendues et, à tout le moins, qu’il y ait du changement, ce qui n’est pas le cas présentement », ajoute l’étudiante. « J’ai dû, pour ma part, soutenir moi-même quelques amies aux prises avec ce même genre de manquements ou situations. Elles ont abandonné et choisi de ne plus porter plainte, découragées et craintives de finir jugées et étiquetées comme étudiantes à problèmes. Je ne vois qu’une gestion externe des plaintes comme réelle solution afin de mettre fin à cette façon de gérer les plaintes qui ne semblent que favoriser la direction du cégep. Il faut qu’un étudiant ou une étudiante puisse s’exprimer et dénoncer librement sans pression », conclut l’étudiante qui, toujours selon ses dires, semble avoir épuisé ses ressources afin d’être entendue et souhaite ne pas laisser ce système de plaintes aux futurs étudiants.
Contacté par le Vingt55, le cégep de Drummondville réitère que peu de plaintes sont en effet officialisées, affirmant toutefois qu’un mécanisme est en place pour le traitement et la gestion des plaintes d’ordre pédagogique.
« Les étudiants et l’enseignant en question ont été rencontrés à plus d’une reprise », affirme Julie Dubois, coordonnatrice du Service des communications du cégep de Drummondville.
Le cégep a pris acte de certaines de ces plaintes, confirme Mme Dubois. « Des interventions ont été faites auprès de l’un des enseignants impliqués dans ces dénonciations faites », a-t-elle tenu à préciser. « Si certaines personnes croient à tort que les plaintes tombent dans l’oubli, c’est que le cégep n’est pas autorisé à faire part des suites et des sanctions aux personnes plaignantes, et ce, en conformité avec la confidentialité des renseignements personnels », a affirmé Mme Dubois.
« Notre équipe d’aide psychosociale a tenté plusieurs fois d’entrer en communication avec les étudiants concernés pour offrir suivi et accompagnement, mais aucun retour n’a été effectué », d’ajouter Mme Dubois.
« Le cégep s’engage à traiter toutes les plaintes avec sérieux et dans le respect des personnes. Nous invitons tous les étudiants vivant une situation problématique ou difficile à rencontrer nos équipes de soutien », a tenu à préciser et à rappeler la coordonnatrice du Service des communications au nom de la direction du cégep de Drummondville.