Alcool au volant : Décès d’un homme de 34 ans au Centre-du-Québec, le coroner Garneau suggère d’imposer une nouvelle limite

Alcool au volant : Décès d’un homme de 34 ans au Centre-du-Québec, le coroner Garneau suggère d’imposer une nouvelle limite
@ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

Drummondville

Un résident de Lefebvre âgé de 34 ans, Samuel Grégoire-Savard, est décédé le 21 décembre 2022 et le rapport du coroner met en lumière plusieurs éléments contributifs à l’accident et au décès du conducteur : l’alcool au volant, la témérité et possiblement une mauvaise évaluation d’un employé du MTQ, qui aurait pu permettre de donner de meilleures chances de survie au conducteur qui a été retrouvé sans vie, dans la neige, quelques heures après l’embardée qui lui aura coûté la vie.

Décès d’un homme de 34 ans au Centre-du-Québec, le coroner Garneau suggère d’imposer une nouvelle limite @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Comme le rapportait le Vingt55 lors de l’accident survenu le 21 décembre 2022, vers 7 h 20, un témoin avait communiqué avec le 9-1-1 pour signaler la présence d’une automobile fortement accidentée dans un champ, ainsi que d’une personne gisant au sol et en apparence sans vie, à plusieurs mètres de l’automobile accidentée.

Les pompiers de la municipalité de Durham-Sud avaient été demandés sur place afin de porter assistance aux policiers et aux paramédicaux.

À l’arrivée sur les lieux des policiers de la Sûreté du Québec de la MRC de Drummond, les paramédicaux étaient en manœuvre de réanimation sur le corps de l’homme, malgré l’absence de signes vitaux, et tentaient une ventilation tout en continuant à œuvrer pour trouver un pouls, sans relâche, jusqu’aux urgences de l’Hôpital Sainte-Croix, à Drummondville.

L’équipe de réanimation avait pris la relève à 8 h 20 et noté des signes de possible hypothermie. Trois cycles de massage ont été effectués et lors de l’injection d’épinéphrine, l’équipe relevait une consistance dans le sang. Malheureusement, le polytraumatisme observé a eu raison de la vie de M. Grégoire-Savard et son décès a été constaté peu de temps après son arrivée par une urgentologue, à 8 h 26.

La Sûreté du Québec a ouvert une enquête et le coroner Yvon Garneau a mené l’enquête sur cet accident qui a coûté la vie au conducteur de 34 ans.

Plusieurs hypothèses ont été mises en lumière pour déterminer la cause exacte du décès, sans exclure que le conducteur puisse être décédé d’hypothermie et des suites de ses blessures.

Une autopsie n’a pas été ordonnée, mais un examen tomodensitométrique a été fait sur le corps à l’Institut de cardiologie de Montréal. À la suite de ses observations majeures, la médecin spécialiste note un pneumothorax bilatéral significatif. De plus, elle décrit une fracture par écrasement des corps vertébraux de T6 et T10. Finalement, sans exclure une cause d’hypothermie entraînant la mort, elle ajoute avoir constaté de multiples fractures sternales et costales qui ont pu provoquer un traumatisme vasculaire/hémorragique important, précise le rapport du coroner.

L’alcool, la vitesse et la témérité sont mis en lumière une fois de plus dans un accident mortel; le conducteur de 34 ans avait, selon le rapport médical, plus de deux fois la limite d’alcool permise dans le sang au moment de l’accident.

Des analyses toxicologiques pratiquées au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale à Montréal ont en effet déterminé que l’alcoolémie du conducteur était à 162 mg/dL, soit plus de deux fois la limite permise au Code criminel pour la conduite automobile.

Selon les preuves physiques recueillies sur la scène de la collision, il a été établi que M. Grégoire-Savard circulait, à une heure non précisée, sur la route 116 Est. À l’approche d’un virage vers la droite, soit une courbe prononcée près du chemin Beaudoin, le véhicule qu’il conduisait et dans lequel il se trouvait seul a traversé la voie inverse sans laisser aucune trace de perte de contrôle ou de dérapage du véhicule, précise le rapport. Selon l’enquête, il aurait ensuite heurté le fossé, ce qui a occasionné une embardée, suivie de plusieurs tonneaux. La distance parcourue par la Audi A3 durant les tonneaux témoigne hors de tout doute d’un accident à très haute vélocité, précise l’enquête.

Aucune preuve n’indique par ailleurs que M. Grégoire-Savard aurait appuyé sur les freins avant la collision. De plus, le conducteur ne portait pas sa ceinture de sécurité avant l’impact, comme le précise le rapport de l’agent reconstitutionniste, qui indique également qu’il y a eu éjection du conducteur durant les tonneaux.

Un refus d’utiliser un service de raccompagnement qui aurait pu faire la différence

La veille du décès, M. Grégoire-Savard avait participé à une rencontre sociale pour le temps des Fêtes avec des collègues de travail, en Montérégie, le tout organisé par l’employeur. Indispensable idée, l’employeur avait offert à tous ses employés de dormir sur place après la fête ou d’utiliser un service de raccompagnement entièrement à ses frais. M. Grégoire-Savard a malencontreusement décliné cette offre, qui aurait pu lui sauver la vie, de confirmer le coroner Garneau dans son rapport.

Rien ne peut laisser croire par ailleurs à un acte volontaire de sa part, alors que la vitesse excessive, l’abus d’alcool et la témérité combinés à une automobile mal chaussée auront tous été des facteurs contributifs, évidents et exclusifs, au malheureux décès qui s’en est suivi.

« D’autre part, je peux affirmer que l’accident a pu se produire entre minuit et 2 h la nuit », mentionne le coroner Garneau dans son rapport. « En effet, à 23 h, un employé du ministère des Transports (MTQ) chargé du bon état des routes n’a rien remarqué d’anormal à l’approche de la courbe de la route 116 près du chemin Beaudoin.

Mais, entre 2 h et 3 h, un autre employé du MTQ a vu qu’un panneau de signalisation était endommagé en bordure de la route, juste au commencement de la courbe en question. Il n’a rien remarqué d’autre et cru, à tort, qu’une voiture avait sans doute endommagé ce panneau et que l’évènement avait été réglé.

Il ne possédait vraisemblablement pas d’équipement de qualité pour pouvoir éclairer les lieux et vérifier davantage, savoir si une personne est en danger par exemple.

Ce n’est donc que vers 7 h 15, le matin du 21 décembre, alors qu’il fait jour, qu’un automobiliste se rend bien compte qu’un véhicule est enlisé et loin dans le champ. En allant sur place voir ce qui en est, il découvre M. Grégoire-Savard inanimé et à plusieurs mètres de son automobile.

M.Grégoire-Savard était-il encore vivant lorsqu’un employé du MTQ a passé dans cette zone et qu’il a vu quelque chose d’anormal ? », questionne le coroner Garneau, dans son rapport.

Blessé gravement, le conducteur a tenté de remonter vers la route pour vraisemblablement demander de l’aide.

« Il est possible que oui si l’on se fie aux indices trouvés sur la scène », mentionne le coroner Garneau dans son analyse. « M. Grégoire-Savard, grièvement blessé alors, a laissé des marques dans la neige prouvant qu’il a rampé longtemps au sol afin de se diriger, je le présume, au bord de la route. La médecin qui a rédigé le constat de décès m’a fait la remarque qu’il était probablement en hypothermie, compte tenu de ses observations cliniques et des circonstances de l’accident », de préciser le rapport. « Une vigilance accrue lors des rondes d’inspection des routes, notamment en saison froide, pourrait permettre de sauver des vies », estime le coroner Garneau.

Décès d’un homme de 34 ans au Centre-du-Québec, le coroner Garneau suggère d’imposer une nouvelle limite @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Des chiffres qui continuent de grimper, selon les estimations du coroner.

Enfin, cette tragédie routière s’inscrit dans le dernier bilan sur les collisions mortelles récemment publié par la Société de l’Assurance automobile du Québec (SAAQ). En effet, en Estrie et au Centre-du-Québec, on déplore 41 accidents mortels en 2022, comparativement à 33 en 2021. Encore une fois, les principales causes de collisions mortelles sont les suivantes :

La conduite imprudente et les excès de vitesse sont représentés dans 32 % des collisions, alors que la conduite avec les capacités de conduire affaiblies par l’alcool, les drogues ou la fatigue représente 15 %, contre 9 % pour l’inattention ou la distraction, selon les chiffres établis par le coroner Garneau.

Appelé à commenter le dossier, le coroner Garneau interpelle à nouveau les élus. Le message ne passe pas, la conduite avec les facultés affaiblies est toujours surreprésentée dans les accidents avec décès, de l’avis du coroner Garneau.

« Je crois que Québec doit en faire davantage pour combattre l’alcool au volant », mentionne le coroner Garneau, en entrevue au Vingt55. « Il est temps d’agir et d’imposer une nouvelle limite au seuil légal, comme cela se fait ailleurs au Canada », d’affirmer le coroner Garneau, appelé à commenter les accidents impliquant l’alcool au volant.

Le non-port de la ceinture demeure également contributif aux causes d’accident avec décès, ajoute le coroner dans son analyse.

« Je souligne au passage et cela s’applique au présent cas que près de 30 % des victimes décédées lors de collisions routières ne portaient pas la ceinture de sécurité ». L’ensemble des évidences recueillies laisse présumer que M. Grégoire-Savard est décédé au milieu de la nuit du 21 décembre 2022 après avoir été éjecté de son véhicule, à la suite d’une violente sortie de route avec capotage, alors qu’il avait les facultés affaiblies par l’alcool », précise le coroner dans son rapport. « Celui-ci est décédé d’un polytraumatisme significatif à l’étage thoracique avec contusions pulmonaires et pneumothorax dans un contexte d’accident de la route pendant qu’il avait les facultés affaiblies par l’effet de l’alcool dans son sang, il s’agit d’un décès accidentel », conclut le coroner Garneau.

Éric Beaupré
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