Projet de salle de spectacle, la ville de Drummondville cherche toujours des partenaires et du financement @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

Dans le cadre de sa Politique de la vie nocturne, dévoilée à l’automne dernier, la Ville de Montréal lance un programme visant à soutenir les salles de spectacle de moins de 1 000 places confrontées à des défis économiques menaçant leur survie.

Un programme structurant pour Montréal, un projet et programme intéressant à Drummondville ?

Dès le mois de mars, les salles admissibles pourront bénéficier d’un soutien financier pouvant aller jusqu’à 40 000 $ par établissement et jusqu’à 100 000 $ pour un regroupement de salles. L’enveloppe budgétaire de 855 757 $ servira à aider les salles à développer leur modèle d’affaires, à augmenter l’achalandage, à diversifier leurs publics et à mutualiser les ressources en matière d’équipements et de formation.

« Les petites salles de spectacles indépendantes contribuent directement à la vitalité économique et à la qualité de vie dans les quartiers montréalais. Notre administration est très fière de leur offrir un soutien financier afin de stimuler l’offre culturelle et d’assurer l’accessibilité de la culture partout dans la métropole. » explique Alia Hassan-Cournol, responsable du développement économique au comité exécutif de Montréal.

De son côté, Marie Plourde, responsable de la culture et de la vie nocturne, souligne l’importance de cette initiative « Avec la Politique de la vie nocturne, nous nous sommes engagés à enrichir la vitalité culturelle de notre métropole en soutenant les lieux de diffusion culturelle. Ce programme permettra d’élargir l’offre en arts de la scène et s’inscrit dans notre volonté de faire rayonner Montréal. »

Drummondville : un modèle à suivre ou une autre approche à envisager ?

Geneviève Laliberté, qui œuvre dans une salle de spectacle montréalaise, estime que Montréal donne l’exemple et pourrait inspirer d’autres municipalités :

« Ces décisions permettront de revitaliser d’autres secteurs commerciaux et culturels. Plusieurs villes pourraient s’en inspirer. » a-t-elle expliqué en entrevue au Vingt55.

À Drummondville, plusieurs établissements tels que la Maison des arts Desjardins, la salle Gaston-Mandeville, ainsi que des endroits de spectacle tels que le Saint-Paix, le Looba, le Saint-Georges, La Baboune et le Bistro de la Gare offrent déjà une programmation culturelle variée.

La Ville s’est aussi dotée récemment d’une salle polyvalente au centre-ville afin de proposer une nouvelle infrastructure pour des spectacles de plus petite envergure que ceux présentés à la Maison des arts Desjardins.

Cependant, plusieurs commerçants de Drummondville émettent des doutes quant à l’impact réel du projet sur l’économie locale.

« L’offre culturelle existe déjà, mais elle devrait être mieux soutenue plutôt que de multiplier les infrastructures », mentionne Stéphanie Breton, une citoyenne rencontrée au centre-ville. Est-ce que l’investissement et le temps de développement d’une nouvelle salle de spectacle sont une bonne idée ? Les enjeux de stationnement, de logistique et même du projet lui-même sont peu connus, selon la Drummondvilloise.

Pour Marie Morissette, résidente de Drummondville depuis quatre ans, la relance culturelle doit passer par des projets d’animation publique, des bars-salles de spectacle mieux soutenus afin de donner une meilleure vitalité aux bars, aux restaurants et au centre-ville.

Drummondville a vu disparaître certains grands événements. Des infrastructures comme les gradins en bordure de la rivière Saint-François, qui avaient accueilli le célèbre spectacle Les Légendes fantastiques, sont abandonnées. D’autres festivals, tels que le Festival de la Blague, ont quitté la région pour s’installer ailleurs, notamment en Mauricie. De même, le spectacle équestre et le projet de cirque n’ont jamais vu le jour. Pour la Drummondvilloise, il s’agit d’un signe important que la relance doit se faire à travers un projet clair et complet.

Quelle vision pour le développement culturel de Drummondville ?

Contactée par Le Vingt55, la Ville de Drummondville, par la voix de Louis-Charles Baril, directeur de cabinet, a réagi.

Une mesure et un programme comme celui de Montréal pourraient-ils être mis de l’avant à Drummondville afin de dynamiser le centre-ville, alors que plusieurs salles de spectacle indépendantes pourraient bénéficier d’un projet ou d’une initiative similaire ?

La Ville de Drummondville précise et répond : « Il s’agit effectivement d’une mesure intéressante pour bon nombre de municipalités québécoises. Nous sommes évidemment ouverts à toute forme de programme d’aide financière pour les projets en arts et culture, incluant les diverses salles de spectacles présentes sur notre territoire. Nous étudions toutes les possibilités. » Toutefois, aucune mesure concrète n’a été annoncée.

Concernant le projet de transformation de l’ancienne pharmacie Jean Coutu en salle de spectacle, la Ville de Drummondville questionné par le Vingt55 rappelle que celui-ci est inscrit dans sa planification stratégique 2023-2027 et qu’elle recherche activement des partenaires financiers, notamment à travers des subventions gouvernementales. « Ce projet nous tient à cœur, d’autant plus qu’il contribue au développement culturel de Drummondville. »

Des inquiétudes sur les projets culturels et sportifs

Certains commerçants expriment des réserves sur l’impact économique des nouvelles infrastructures culturelles et sportives.

« Les espaces de stationnement sont rares, et une nouvelle salle de spectacle ou un nouvel amphithéâtre pourraient ne pas générer l’achalandage attendu pour les commerces existants. »

Des préoccupations similaires concernent le projet de nouvel aréna, notamment à cause de la concurrence potentielle avec les bars et restaurants du centre-ville.

« Lors des séries éliminatoires ou des matchs réguliers des Voltigeurs, les supporters ne fréquentent pas nécessairement les restaurants du centre-ville. Si l’aréna propose ses propres concessions et restaurants, cela ne bénéficiera pas aux commerces déjà en place. »

De plus, les commerçants soulignent un problème de stationnement insuffisant lors des soirs de matchs et événements majeurs au Centre-ville de Drummondville:

« Les supporters des Voltigeurs occupent bon nombre des espaces de stationnement du centre-ville les soirs de match. Nos clients se butent souvent à un sérieux problème de stationnement. » de mentionner un restaurateur du centre-ville, interrogé par Le Vingt55.

Vers une politique culturelle et économique plus définie ?

Les acteurs économiques et restaurateurs locaux espèrent désormais une vision plus claire et des actions concrètes pour garantir la vitalité du centre-ville et assurer un développement culturel durable.

Certains commerçants estiment que le projet Oh Centre n’a pas apporté les changements espérés depuis son implantation. « Depuis son ouverture, nous n’avons pas observé de réelle transformation dans le dynamisme du centre-ville. »

D’autres s’interrogent sur l’utilisation des fonds publics et de ceux provenant du programme du provincial « Ces fonds auraient peut-être pu être utilisés autrement. Nous avons besoin d’une vision plus réaliste et plus efficace pour redynamiser le centre-ville. » d’affirmer Pierre Dostie, un citoyen rencontré par Le Vingt55 au centre-ville de Drummondville.

Toutefois, la plupart des intervenants, citoyens et commerçants consultés par Le Vingt55 conviennent de l’importance des arts et de la culture pour la vitalité économique de Drummondville et appellent à une stratégie mieux définie d’un projet de revitalisions et redynamisation du centre-ville pour les années à venir.