École et religion à l’Avenir, bien avant la loi 21 …Raconte-moi l’histoire par André Pelchat

École et religion à l’Avenir, bien avant la loi 21 …Raconte-moi l’histoire par André Pelchat
Photographie illustrant la maison d’école des familles Millar, Cooke et Trent, construite sur la rive nord de la rivière Saint-François, Drummondville, 1866-1890. (Société d’histoire de Drummond, Fonds Famille Millar ; P3-2.5B41.)

DRUMMONDVILLE

Au milieu du XIXe siècle, la région de Drummond, comme le reste du Québec, est, depuis 1840,  sous le régime de l’Union, créé à la suite des révoltes de 1837-38 et, selon les recommandations du Rapport Durham, unissant les deux provinces du Haut et du Bas Canada en une seule, le Canada-Uni. Une des premières préoccupations du nouveau régime a été l’éducation et une loi de 1841 a placé les écoles sous le contrôle de conseillers de districts municipaux nommés par le gouvernement et de commissaires élus. Originellement les écoles sont non confessionnelles, ce qui est jugé inacceptable par les évêques du Canada-Est (Québec). Aussi une loi de 1845 crée les commissions scolaires, organismes indépendants des municipalités, et basées sur les paroisses. Une nouvelle loi en 1846 crée des commissions scolaires distinctes selon les confessions religieuses, catholiques ou protestantes, et donne au curé ou au ministre un droit de veto sur le recrutement de maîtres et sur la sélection des manuels.  Toutefois, dans les districts ou protestants et catholiques cohabitaient, des écoles « mixtes » (ou catholiques et protestants étudiaient ensemble)  furent tolérées un certain temps. C’était le cas dans le Canton de Durham, dont la commission scolaire fut divisée entre Durham-Sud et L’Avenir, en 1853.

Les premiers commissaires élus furent, George Atkinson, H.S. Griffin, Robert Griffith, Moïse Charpentier et Jean-Baptiste-Éric Dorion, homme politique bien connu et fondateur du village de L’Avenirville (aujourd’hui L’Avenir).

Le 28 janvier 1854 se tint une réunion durant laquelle une décision majeure fut prise :

« Que l’école commencée dans cette municipalité soit discontinuée jusqu’à   ce qu’une enquête   ait été faite par cette corporation sur certaines accusations contre l’instituteur M. Béchard;   entre autres celle de faire dire des prières pendant les   heures de classe,   lesquelles prières   sont de l’Église catholique Romaine. »  Résolution proposée par George Atkinson et appuyée par Robert Griffith, adoptée à l’unanimité.

Le maître d’école a fait dire des prières catholiques en classe et la situation est jugée suffisamment grave pour fermer l’école jusqu’à ce qu’une enquête ait eu lieu !

Il se trouve que, selon le notaire St-Amant, historien local, non seulement les écoles de la région sont « mixtes », mais de plus, les Catholiques ne forment pas la moitié de la population des comtés de Durham et Wickham. Les Canadiens français sont 600 sur une population totale de 2 782. Aucun groupe ne peut imposer sa religion à l’autre.

Lors d’une nouvelle séance, le 17 mars 1854 on décida de ne prendre aucune mesure concernant l’instituteur mais on édicta la règle suivante :

« Que l’instituteur fût notifié de ne faire dire aucune prière quelconque aux enfants, en aucun temps, avant, pendant ou après les heures de classes à l’école, vu qu’une telle pratique n’était pas convenable dans une population mixte comme celle de l’Avenir. »

Le 31 août 1859, la question revint sur le tapis et M. T. H. Lacy proposa, secondé par A.-D. Richard :

« Qu’aucune instruction religieuse ne soit donnée et aucune prière dite dans aucune école de cette municipalité pendant les heures de classe, c’est-à-dire du commencement à la fin de la classe, et que les instituteurs soient requis de se conformer strictement à cette résolution. »

Le notaire St-Amant concluait que ces résolutions représentaient, « malheureusement, les principes d’un certain nombre de citoyens », ajoutant que la faute en incombait à L’Institut des Artisans de l’Avenir, institution d’éducation pour les adultes fondée par le Rouge Jean-Baptiste-Éric Dorion et que « ces résolutions prohibant l’enseignement religieux, étaient comme la suite des discussions que l’on y faisait. »

Signalons que le rapport Sicotte du Comité spécial d’enquête sur l’éducation de 1853 remettra en question le système d’éducation de la province,  et, en particulier signale l’incompétence des instituteurs et des institutrices. Il dénonce entre autres choses la faible qualité de l’enseignement.  Bon nombre d’élèves « quittent l’école vers 12 ou 13 ans sans vraiment savoir lire et compter »

Comme quoi ce n’est pas d’hier que notre système d’éducation attire les critiques !

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André Pelchat
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