Élections fédérales 2025 : des victoires, des constats et l’essoufflement des mobilisations traditionnelles?

Élections fédérales 2025 : des victoires, des constats et l’essoufflement des mobilisations traditionnelles?
Élections fédérales 2025 : des victoires, des constats et l'essoufflement des mobilisations traditionnelles ? @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Après 36 jours de campagne électorale, les Canadiens ont décidé d’élire un gouvernement libéral minoritaire À l’image de nombreuses circonscriptions, la campagne électorale à Drummond a mis en lumière des dynamiques contrastées, des stratégies diverses et un constat particulier, celui de l’essoufflement des mobilisations traditionnelles.

Des observations et commentaires, tout est dans l’œil de l’observateur, diront certains, sans prétendre parler pour l’ensemble du pays, un constat était à tout le moins évident dans Drummond : une campagne électorale sans grand éclat, marquée par l’absence de véritables débats sur les enjeux et défis attendus par les électeurs.

À l’image de nombreuses circonscriptions canadiennes, la campagne dans Drummond a révélé des dynamiques contrastées, des stratégies divergentes, mais surtout un constat préoccupant : malgré une hausse de la participation électorale, l’essoufflement des formes traditionnelles de mobilisation était clairement perceptible.

Dans Drummond, le député sortant Martin Champoux a su imposer son rythme dès le début de la campagne, multipliant les présences sur le terrain. Bien que sa campagne n’ait pas été particulièrement spectaculaire, elle s’est révélée efficace. Sa proximité assidue auprès des citoyens a donné le ton à son équipe et permis d’atteindre l’essentiel : conserver la circonscription, un enjeu crucial autant pour Drummond que pour son parti. Pour Champoux, l’objectif principal était clair : conserver ses électeurs, limiter les pertes et assurer un maximum de sièges pour le Bloc Québécois, tout en s’engageant à répondre aux besoins de Drummond. Un pari réussi, puisqu’il a été réélu avec une majorité de voix dans la circonscription.

Du côté du Nouveau Parti démocratique, François Choquette a tenté un retour en assurant quelques apparitions publiques et en menant essentiellement sa campagne sur les réseaux sociaux. Malgré des efforts louables avec des moyens modestes, il n’a pas réussi à capitaliser sur sa reconnaissance antérieure. Ses efforts et son désir de reprendre Drummond, bien que visibles, n’auront pas suffi à se concrétiser en véritable vague d’appui.

Pour le Parti conservateur, François Fréchette a misé principalement sur une campagne numérique. S’il a été actif en ligne, son absence relative sur le terrain a limité son rayonnement auprès des électeurs de proximité.

La candidate du Parti libéral, Ghada Jerbi, arrivée tardivement dans la course, a mené une campagne discrète, pour ne pas dire invisible, sans conférence de presse ni rencontre officielle. Il fut difficile, voire impossible, d’obtenir une entrevue ou même une communication officielle de sa part. Quelques rares présences sans invitation n’auront pas permis aux électeurs de se faire une idée réelle de la valeur de sa candidature pourtant a la candidature intéressante sur papier et un cv intéressant. Malgré cette faible visibilité, elle est tout de même parvenue à recueillir un nombre de votes non négligeable. Un engagement plus précoce et une présence plus soutenue auraient peut-être permis de transformer cet appui en une percée électorale.

Enfin, William Trottier, du Parti populaire du Canada, malgré des moyens limités, a mené une campagne active sur le terrain et dans l’espace public, se démarquant par une communication régulière et une présence concrète auprès des électeurs.

Le scrutin fédéral 2025 à Drummond révèle une fracture croissante entre les électeurs et les campagnes électorales traditionnelles.

La dépendance accrue aux réseaux sociaux, combinée à l’absence d’événements rassembleurs, a contribué à une démobilisation visible pour les candidats un avantage illusoire pour certains une désertes pour d’autre. Même les candidats les plus présents sur le terrain, comme Martin Champoux, ont assurément constaté une mobilisation citoyenne et partisans en nette baisse par rapport aux années précédentes.

À terme, la démocratie locale devra faire face à un défi majeur, réinventer ou revoir les campagnes électorales pour raviver l’intérêt politique et rebâtir un lien direct, humain et tangible entre les citoyens et leurs représentants.

Un constat préoccupant : la démobilisation électorale

Au-delà des résultats, ce scrutin laisse entrevoir un constat inquiétant, la démobilisation des électeurs et des troupes. Fouetter les troupes devenait difficile à l’heure où il fallait les conserver ardemment ; le fouet a visiblement été troqué pour la tape dans le dos et les remerciements d’être présents.

La faiblesse de l’engagement citoyen et de la mobilisation a donné une couleur particulière à une campagne pourtant très courte.

Le constat était éloquent, aux seules véritables conférences de presse, tenue par le candidat sortant, seuls quelques journalistes étaient présents, sans véritable participation du public, des électeurs ou des partisans. Pourtant, les enjeux d’une élection fédérale demeurent fondamentaux pour l’avenir des citoyens.

Les campagnes basées presque exclusivement sur les réseaux sociaux, malgré une apparente visibilité, peinent à recréer l’engagement authentique que procuraient autrefois les assemblées publiques, les débats animés et les soirées électorales rassembleuses.

Les électeurs veulent plus que des publications, ils veulent rencontrer les candidats, entendre leurs réponses, évaluer leurs propositions en direct.

Le débat organisé par la CCID, critiqué pour sa faible participation — à peine une trentaine de personnes présentes, et son absence de diffusion en raison de problèmes techniques ou de contraintes de diffusion, aura scellé le sort de l’intérêt et de la valeur du débat, et, par ricochet, souligné l’intérêt ou le désintérêt des électeurs.

Les débats, tournés vers nos voisins du Sud, ont largement pris la place lors des échanges et discussions sur les enjeux à Drummondville, à un point tel que les rapprochements étaient fréquents. Comme l’a rappelé l’AQRD en campagne, bon nombre de candidats ont oublié de remercier ou de souligner leur engagement envers les aînés lors de leurs discours et remerciements.

Au terme de la circonscription, le soulagement et l’engouement de vouloir poursuivre efficacement étaient palpables du côté du député réélu Martin Champoux, et avec raison, au terme d’une campagne où lui et son équipe ont été présents sur le terrain.

Un tourbillon de 36 jours où chaque point marqué et chaque rencontre sur le terrain faisait une différence aura assurément bien servi le candidat d’expérience Martin Champoux qui, fort de ses deux mandats, d’une présence reconnue et d’une équipe efficace, a su convaincre et marquer suffisamment de points dans une campagne qui s’est jouée proprement — au dire même des candidats restés bien à l’abri, dans l’ombre des pancartes électorales qui jonchaient et sillonnaient les rues à leur place.

Hier encore, au moment de l’annonce des résultats, un constat s’imposait : un nombre anémique de partisans et de bénévoles présents, même derrière les candidats victorieux.
Un contraste saisissant avec les campagnes d’un passé pas si lointain où les salles de rassemblement étaient pleines et l’enthousiasme palpable.

Le risque de campagnes déconnectées

S’appuyer uniquement sur les réseaux sociaux et sur la promesse d’un « vote de changement » sans véritable enracinement sur le terrain constitue un pari risqué.
Plus que jamais, les électeurs veulent sentir qu’ils comptent, qu’ils sont écoutés, qu’ils participent activement au processus démocratique.
Or, à Drummond comme ailleurs, les campagnes de cette élection ont trop souvent donné l’impression de miser davantage sur des stratégies numériques que sur le contact humain.

Si certains candidats sont sortis gagnants de cette élection, c’est parfois moins grâce à l’adhésion populaire que par défaut ou par inertie.

Et au-delà des résultats, un défi majeur s’impose à l’ensemble des formations politiques : redonner goût aux citoyens de s’engager, de débattre, de croire à nouveau à la vitalité démocratique.

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Éric Beaupré
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