Enjeux sociaux et locatifs. : Le FRAPRU salue la création du Fonds canadien de protection des loyers et presse Québec d’agir

Enjeux sociaux et locatifs. : Le FRAPRU salue la création du Fonds canadien de protection des loyers et presse Québec d’agir

DRUMMONDVILLE

Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) se réjouit du lancement du Fonds canadien de protection des loyers. Le regroupement espère que cette initiative incitera enfin le gouvernement du Québec à mettre en place son propre programme d’acquisition de logements afin de les soustraire au marché spéculatif. L’effritement rapide du parc de logements locatifs abordables à travers la province souligne l’urgence d’agir, et le FRAPRU insiste pour que cette question figure parmi les priorités budgétaires du gouvernement Legault.

Une initiative fédérale qui répond aux inquiétudes des groupes de défense

Annoncé dans le budget fédéral 2024, le Fonds canadien de protection des loyers répond aux préoccupations de plusieurs groupes, dont le FRAPRU, qui dénoncent la financiarisation croissante du logement et la disparition des logements abordables. Depuis plus de 15 ans, l’organisme presse les gouvernements successifs de se doter d’un programme de protection du parc locatif accessible, à l’abri des spéculateurs immobiliers.

« Nous pressons le gouvernement Legault d’agir en ce sens depuis son arrivée. Nous espérions que son plan d’action en habitation, annoncé tardivement, inclurait un programme de protection des loyers. Le lancement d’un fonds fédéral est une occasion pour le Québec d’utiliser la part du financement qui lui revient pour mettre en place son propre programme et mettre à jour sa stratégie, présentée comme évolutive », souligne Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

Un programme québécois nécessaire pour protéger les logements abordables

Le FRAPRU milite pour que la part des logements sociaux dans le parc locatif québécois passe de 11 % à 20 % en 15 ans. Pour atteindre cet objectif, la socialisation de logements privés existants est une mesure essentielle. Un programme d’acquisition permettrait à des coopératives, des organismes sans but lucratif (OSBL), des Offices municipaux d’habitation (OMH) et des municipalités de récupérer des logements privés, y compris des résidences pour aînés (RPA), et de les sortir du marché spéculatif.

« Un programme québécois doit offrir les ressources nécessaires aux organismes et aux municipalités pour inspecter, acquérir et remettre aux normes les logements, tout en prévoyant des suppléments au loyer en quantité suffisante pour garantir le maintien des locataires actuels et futurs », ajoute Véronique Laflamme.

En plus de l’acquisition d’immeubles locatifs, le FRAPRU recommande le recyclage de sites non résidentiels, tels que des entrepôts, des bâtiments patrimoniaux ou religieux, en logements sociaux et communautaires. Cette approche permettrait d’améliorer les conditions de logement et de garantir des loyers abordables à long terme pour les ménages à faible et modeste revenu.

L’urgence d’un programme structurant face à l’explosion des loyers

Le FRAPRU souligne que la montée en flèche des loyers accentue l’urgence d’un programme structurant. Selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le loyer moyen au Québec est passé de 760 $ en 2018 à 1 119 $ en 2024, soit une augmentation de 47,2 %. Certaines villes enregistrent des hausses encore plus marquées : à Gatineau, le loyer moyen atteint 1 329 $, une hausse de 72,6 % en six ans, tandis qu’à Sherbrooke, la progression est de 60,5 % sur la même période.

Les centres urbains où les loyers étaient historiquement plus bas subissent aussi cette inflation rapide. Par exemple, à Saguenay, le loyer moyen a grimpé de 686 $ en 2022 à 846 $ en 2024, une augmentation de 23,3 %, tandis qu’à Trois-Rivières, il s’élève désormais à 850 $, soit une hausse de 23,7 % en deux ans. Cette tendance est particulièrement préoccupante pour le FRAPRU, car les revenus dans ces régions demeurent inférieurs à ceux des autres grandes agglomérations.

Déjà, le Recensement de 2021 révélait la disparition de 116 000 logements abordables (moins de 750 $ par mois) entre 2016 et 2021. Cette érosion s’explique en partie par la construction de logements privés haut de gamme, la flambée des loyers lors des changements de locataires et l’absence d’un registre public permettant un contrôle universel des loyers.

Des demandes claires à l’approche du budget québécois

À deux semaines du dépôt du budget du Québec, le FRAPRU réitère son appel à un financement plus ambitieux pour le logement social. Il exige un engagement annuel pour la construction et l’acquisition d’au moins 10 000 logements sociaux, sous forme de coopératives, d’OSBL en habitation ou de logements à loyer modique (HLM). Cette demande vise à éviter que la stratégie gouvernementale en habitation ne mène qu’à la construction de logements inabordables.

Le regroupement interpelle également le gouvernement fédéral, l’exhortant à réaffecter davantage de fonds vers le secteur sans but lucratif dans le cadre de sa Stratégie nationale sur le logement. À l’approche des élections fédérales, le FRAPRU entend intensifier ses revendications auprès des partis politiques afin qu’ils prennent des engagements concrets pour contrer la crise du logement.

À court terme, le regroupement pour le droit au logement souhaite que le nouveau Fonds canadien de protection des loyers impose des critères clairs garantissant l’abordabilité immédiate des logements acquis. Il demande également que la priorité soit accordée aux projets sans but lucratif dotés d’une gouvernance démocratique et d’un contrôle public ou communautaire.

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Éric Beaupré
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