L’information ne prend pas congé au Vingt55, même en cette Journée nationale des patriotes, ou fête de la Reine pour certains ! Pourquoi deux fêtes différentes ?  Pourquoi cette journée est-elle désignée à la fois comme la Journée nationale des patriotes et comme la Fête de la Reine ?

Bien qu’il s’agisse d’une seule et même date, son appellation diffère selon les provinces et les sensibilités historiques. À Drummondville et Victoriaville, au cœur du Centre-du-Québec, cette journée de reconnaissance est soulignée à la manière propre à chaque ville, chacune mettant en valeur son passé et son histoire à sa façon.

Alors que la fête de la Reine est célébrée partout au Canada depuis 1845 pour souligner l’anniversaire de la reine Victoria et, plus largement, du monarque régnant, le Québec a choisi en 2002 de lui substituer une fête plus représentative de son histoire nationale : la Journée nationale des patriotes. Ce changement est né d’un désir de mettre en valeur une mémoire collective propre au Québec, centrée sur les luttes démocratiques et identitaires de 1837-1838.

Ce choix illustre une divergence symbolique : d’un côté, la célébration de la monarchie britannique ; de l’autre, la commémoration d’un soulèvement contre l’oppression coloniale.

Les origines de la Journée nationale des patriotes

La journée rend hommage aux rébellions de 1837-1838, durant lesquelles les patriotes canadiens-français ont affronté les autorités britanniques du Bas-Canada. Ces insurgés réclamaient des réformes politiques, la responsabilité ministérielle, le respect de la démocratie parlementaire et des institutions politiques équitables. Plusieurs figures marquantes ont émergé de ce combat :

• Louis-Joseph Papineau, leader du Parti patriote et auteur des 92 Résolutions,
• Wolfred Nelson, médecin et chef militaire lors de la bataille de Saint-Denis,
• Ludger Duvernay, journaliste, imprimeur et fondateur de la Société Saint-Jean-Baptiste,
• Amury Girod, stratège suisse engagé auprès des insurgés.

L’héritage des patriotes dans le Centre-du-Québec

Dans la région, cet héritage est encore bien vivant, notamment à Drummondville, où deux rues soulignent le souvenir des patriotes :

• Rue Papineau : située dans un quartier résidentiel, cette artère rappelle la mémoire de Louis-Joseph Papineau, homme politique central dans les événements de 1837.
• Rue Duvernay : nommée en 1965, elle rend hommage à Ludger Duvernay, figure de proue de la presse libre et du mouvement identitaire québécois.

Ces rues figurent sur la carte interactive des Figures marquantes du mouvement patriote, un projet de la Commission de toponymie du Québec qui recense environ 200 noms de lieux associés à douze grandes figures du mouvement.

À Victoriaville aussi, des traces patriotes

À Victoriaville, ville stratégique du Centre-du-Québec, la présence patriote s’observe également à travers la toponymie. La rue Nelson, bien que non officiellement désignée, pourrait rappeler Wolfred Nelson, héros de Saint-Denis. La ville et ses environs comptaient plusieurs sympathisants du mouvement patriote, notamment parmi les agriculteurs, artisans et membres du clergé progressiste de l’époque.

Si la région n’a pas été le théâtre de batailles, elle a néanmoins servi de relais pour la dissémination des idées réformistes, dans un territoire à mi-chemin entre les foyers patriotes de Montréal et de Québec.

Une carte pour entretenir la mémoire

Lancée par la Commission de toponymie, la carte interactive met en lumière les lieux qui rendent hommage aux patriotes du XIXe siècle. Ce projet s’inscrit dans la mission patrimoniale de la Commission, fondée en 1912, qui vise à conserver, officialiser et promouvoir les noms de lieux porteurs d’identité et d’histoire.

Cette initiative s’ajoute à d’autres outils comme la Banque de noms de lieux du Québec, qui favorise la connaissance du passé et contribue à une meilleure compréhension des racines culturelles du territoire.

Une mémoire toujours vivante

En cette Journée nationale des patriotes 2025, le Vingt55 invite la population du Centre-du-Québec à se rappeler le courage de celles et ceux qui ont défendu les idéaux de liberté, de justice et de démocratie. Ce jour férié, distinct de celui célébré ailleurs au pays, illustre la richesse d’un récit national propre au Québec.

Qu’on emprunte la rue Papineau à Drummondville ou qu’on croise la rue Nelson à Victoriaville, chaque nom de rue devient un rappel de ce passé bouillonnant, de cette volonté d’émancipation qui a façonné notre présent.