DRUMMONDVILLE

Le décès d’un jeune homme d’une vingtaine d’années à Drummondville est actuellement sous enquête. Bien que la Sûreté du Québec n’ait pas commenté le dossier, elle confirme apporter son assistance au Bureau du coroner. Une enquête a été déclenchée en vertu de la Loi sur le coroner afin de déterminer si une surdose impliquant un mélange d’alcool et/ou d’autres substances pourraient être en cause. À ce stade, aucun élément ne permet d’établir un lien entre ce décès et un acte criminel.
Sans commenter davantage l’affaire, le sergent Louis-Philippe Ruel, porte-parole de la Sûreté du Québec, a confirmé en entrevue au Vingt55 qu’une enquête est en cours. Comme le prévoit la Loi sur le coroner, une analyse approfondie des causes et des circonstances du décès a été confiée aux autorités afin de faire toute la lumière sur cette affaire. Une autopsie et une analyse toxicologique ont été demandées pour préciser les causes exactes du décès.
La Direction de la police de Trois-Rivières (DPTR) a émis un avis préventif à la population en raison de la circulation de comprimés vendus sous l’appellation Dilaudid sur le marché noir, alors que leur composition exacte demeure incertaine. Ces substances font actuellement l’objet d’analyses par le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale.
Les 4 et 5 mars 2025, deux surdoses ont été signalées à Trois-Rivières, dont l’une aurait entraîné un décès. Face à cette situation préoccupante, la DPTR appelle la population à redoubler de prudence et à être consciente des risques liés à ces substances potentiellement mortelles.
Les nitazènes en circulation : une menace inquiétante à Drummondville et au Centre du Québec
Un rapport obtenu par Le Vingt55 auprès du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS) met en évidence la prolifération des nitazènes sur le marché des drogues illicites au Canada. Ces opioïdes synthétiques, appartenant à la classe des benzimidazoles-opioïdes, sont d’une puissance extrême, certains étant plusieurs fois plus forts que le fentanyl.
À Drummondville, comme le rapportait le Vingt55 en aout dernier, une opération policière d’envergure menée par la GRC, avec le soutien de la Sûreté du Québec (SQ), a permis une importante saisie de substances toxiques en août dernier dans un laboratoire clandestin situé en plein cœur d’un quartier résidentiel. Cette perquisition, s’inscrivant dans une enquête en cours, a révélé la présence de drogues particulièrement dangereuses pour les consommateurs de stupéfiants, « Les composés contrefaits incluent un opioïde 25 fois plus puissant que le fentanyl, qui a été saisi et retiré du marché. C’est également l’une des substances saisis dans le cadre de la perquisition en cours à Drummondville, » avait confirmé la Caporale Pillarova au Vingt55
Selon les documents et rapports du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances obtenus et consultés par le Vingt55, ces substances, en forte progression sur le marché noir, échappent en grande partie aux dispositifs de détection et de contrôle. Elles sont fréquemment mélangées à d’autres opioïdes ou benzodiazépines, augmentant ainsi les risques de surdose accidentelle et mortelle, même lors d’une première consommation.
Les autorités confirment que l’inhalation ou la consommation de nitazènes, même en très faible quantité, peut s’avérer fatale dès la première prise. Le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances souligne que la toxicité de ces opioïdes, combinée à la difficulté de les détecter, représente un danger majeur. Contrairement au fentanyl, les nitazènes ne sont pas toujours repérables avec les bandelettes de détection habituellement utilisées en prévention, augmentant ainsi les risques d’intoxication involontaire.
Le Vingt55 a consulté plus d’une vingtaine de rapports de coroners dont ceux des coroners Garneau et Malouin où les décès causés par surdose liés aux différents produits de stupéfiants sont étroitement liés au fentanyl, à la dilaudid et aux nitazènes. Le Bureau du coroner et coroners émettent régulièrement dans leurs analyses des avis et recommandations sur l’importance d’informer le public par différentes campagnes afin de réduire les risques et de protéger la vie humaine.
Autre facteur inquiétant : en cas de surdose, l’administration de naloxone, généralement efficace contre les opioïdes, peut ne pas suffire. Selon le CCDUS, plusieurs doses peuvent être nécessaires, sans qu’un protocole d’intervention clair ne soit encore établi. Cette incertitude complique les interventions des services d’urgence et accroît les dangers pour les consommateurs.
Des opioïdes sont parfois mélangés et utilisés avec un produit nettoyant pour ordinateur, censé accentuer les effets des stupéfiants. Malheureusement, ce produit, à lui seul, peut avoir des conséquences mortelles. Comme l’a rapporté le coroner Malouin, à la suite du décès accidentel d’un adolescent de 14 ans qui l’avait utilisé, ce type de nettoyant, vendu en aérosol, peut être fatal après inhalation
Face à la situation, le Bureau du coroner et les autorités sanitaires et différents corps de police de la région du Centre du Quebec insistent sur l’importance d’informer la population des risques liés à ces substances émergentes.
« Les dangers associés à ces drogues sont bien réels, comme en témoignent les nombreux rapports du coroner. Il est essentiel de redoubler d’efforts en matière de prévention pour éviter d’autres drames », a déclaré Jake Lamotta Granato, responsable des communications et des relations avec les médias, en entrevue au Vingt55.
Alors que la consommation de ces substances se propage, les autorités multiplient les appels à la vigilance et encouragent toute personne confrontée à ces produits à se tourner vers les ressources de prévention et d’accompagnement disponibles.