DRUMMONDVILLE
@ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
À Drummondville, comme le rapporte, l’itinérance et la pauvreté, ainsi que les personnes, sont préoccupantes.
L’itinérance prend de l’ampleur à Drummondville et au Centre-du-Québec. Longtemps cachée, l’itinérance se vit maintenant à ciel ouvert à Drummondville, et les nouveaux visages, hommes et femmes, inquiètent autant les intervenants, les services de première ligne et les autorités, qui constatent une croissance de la problématique dans leurs interventions à Drummondville. En ce sens, Drummondville est passée d’une dizaine d’itinérants à une centaine en quelques mois à peine.
Les résultats contenus dans ce rapport, obtenus grâce aux analyses de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), permettent de faire un état de la situation sur l’itinérance au Québec, au lendemain de la pandémie. On y présente les estimations du nombre de personnes en situation d’itinérance visible dans chacune des régions participantes, une description des caractéristiques des 4 524 personnes sans logement stable et sécuritaire qui ont répondu au questionnaire, et des comparaisons entre ces données et celles issues du dénombrement national réalisé le 24 avril 2018.
On estime ainsi que, le soir du 11 octobre 2022, 10 000 personnes se trouvaient en situation d’itinérance visible dans les régions participantes, dont 4 690 à Montréal.
En comparant l’exercice du 24 avril 2018 à celui du 11 octobre 2022, on observe que l’itinérance a augmenté dans toutes les régions ayant fait l’objet d’un dénombrement en 2018. En considérant notamment que deux nouvelles régions (Abitibi-Témiscamingue et Côte-Nord) ont fait l’objet d’un dénombrement en 2022 et que davantage de municipalités ont été sillonnées, on peut estimer, sur la base des données disponibles et après avoir fait les ajustements requis, une augmentation de 2 523 personnes en situation d’itinérance visible. Les caractéristiques des personnes en situation d’itinérance demeurent relativement similaires à celles de 2018.
Le rapport met en lumière trois éléments importants pour contextualiser l’augmentation du phénomène au Québec :
Pénurie de logements abordables : La Société canadienne d’hypothèques et de logement révèle qu’une diminution du taux d’inoccupation des appartements locatifs a été observée en 2022. La proportion de ces appartements abordables pour les ménages est très faible.
À Drummondville, les ressources policières répondent à un nombre important d’interventions liées à l’itinérance et aux problèmes de santé mentale. Les patrouilleurs et les agents de la Sûreté du Québec (SQ) de la MRC de Drummond doivent faire face quotidiennement à des appels et dossiers liés à des problèmes de santé mentale et de criminalité.
En effet selon les informations recueillis par le Vingt55, la problématiques, de plus en plus complexes et nombreuses, occupent considérablement les intervenants et policiers à Drummondville. Rencontrés par le Vingt55, des policiers et intervenants confirment que les autorités sont aux prises avec un réel problème. « Nous devons fermer les yeux sur certains sites ou campements », une demande qui accentue les problèmes. « La suite du Fortissimo est l’un de ces sites où nous sommes invités à faire preuve de tolérance », confirme un policier de la Sûreté du Québec. Certains sites ou campements sont plus problématiques que d’autres.
Si un citoyen contacte le 911 pour rapporter un incendie sur un de ces campements, nous évitons d’intervenir, une tolérance qui est plus particulièrement vraie au centre-ville, rapporte un policier qui confirme au Vingt55 que cette tolérance s’applique alors que la ville de Drummondville pourrait faire respecter la réglementation municipale de façon plus ferme. Les ressources d’aide à Drummondville ont des besoins criants, autant en ressources pour intervenir qu’au niveau du financement, constate par ailleurs des intervenants du milieu rencontrés par le Vingt55, qui arrivent à maintenir des services, mais pour qui le manque de financement demeure une réalité.
La pandémie a eu un impact sur l’augmentation du nombre estimé de personnes en situation d’itinérance. Le dénombrement québécois s’est déroulé en octobre 2022, soit plus de deux ans et demi après l’urgence sanitaire au Québec.
Amélioration de la méthodologie : Deux régions de plus ont participé à la démarche (Abitibi-Témiscamingue et Côte-Nord) en 2022 par rapport à 2018, ce qui pourrait expliquer une partie de l’augmentation du nombre estimé de personnes en situation d’itinérance dans les lieux extérieurs.
Rappelons que des sommes importantes ont été investies dans des mesures pour prévenir et réduire l’itinérance, notamment avec le Plan d’action interministériel en itinérance 2021-2026 – S’allier devant l’itinérance. Ce plan prévoit des investissements de 280 millions $ sur cinq ans, auxquels s’est ajoutée, en 2022-2023, une somme de 12,33 millions $ pour rehausser l’offre de services en hébergement d’urgence et pour augmenter le nombre de projets visant la stabilité résidentielle avec accompagnement.
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