DRUMMONDVILLE
Alors que Santé Québec a récemment été mandatée de réduire de 800 millions de dollars les dépenses du réseau de la santé, cette situation soulève l’indignation de la CSN, principale centrale syndicale du secteur.
Selon l’analyse comparative menée par la CSN, le recours à la sous-traitance privée, plutôt qu’à des services publics internes, aurait coûté près de 10 millions de dollars supplémentaires aux contribuables québécois. Cette différence serait attribuable aux marges de profit imposées par les entreprises privées, certaines allant jusqu’à stipuler un pourcentage minimal de profit dans leurs contrats.
« Tout le monde sort perdant de la sous-traitance dans le réseau de la santé et des services sociaux. Le réseau renonce à une expertise précieuse, transférée au privé, et les contribuables paient deux fois : une fois avec leurs impôts et une autre fois lorsqu’ils doivent recourir aux services privés », dénonce Pascal Bastarache, président du Conseil central du Cœur du Québec – CSN.
La sous-traitance touche plusieurs secteurs essentiels du réseau, notamment les soins prodigués par des professionnels de la santé (psychologues, ergothérapeutes, physiothérapeutes, nutritionnistes), les transcriptions médicales, les ouvriers spécialisés, ainsi que les services d’imagerie médicale et de prélèvements.
Une campagne nationale pour dénoncer la situation
Face à ce qu’elle qualifie d’inaction gouvernementale, la CSN avait demandé en novembre dernier que le réseau public de santé et de services sociaux soit complètement sevré du privé d’ici le 1er mai 2025. À deux semaines de cette échéance, aucun signal ne laisse présager une réponse favorable de la part du gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ).
En réaction, la CSN lance cette semaine une campagne publicitaire radiophonique nationale afin de rappeler au gouvernement ses engagements envers un réseau public fort, accessible et affranchi de la dépendance au secteur privé.
Invité à commenter la situation par Vingt55, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) reconnaît les défis actuels liés à la main-d’œuvre.
« Les défis de main-d’œuvre nous ont amenés à faire appel à de la main-d’œuvre indépendante (MOI) afin de répondre aux besoins des usagers », explique Laurence Chartrand, agente d’information à la Direction adjointe des communications organisationnelles et publiques du CIUSSS MCQ.
Mme Chartrand précise que des efforts sont actuellement déployés pour intégrer les employés issus de la MOI au sein de l’organisation, afin qu’ils contribuent pleinement à l’amélioration des soins et des services offerts aux usagers.
Bien que l’échéance fixée par la Loi 10 pour limiter le recours à la MOI soit en octobre 2025 pour le CIUSSS MCQ, des mesures concrètes sont déjà en cours :
Déploiement d’une campagne d’attraction visant l’embauche de candidats issus de la main-d’œuvre indépendante;
Consolidation des services 24/7 par l’optimisation des horaires et de l’utilisation des ressources humaines;
Amélioration de la prévisibilité, de la stabilité et de la flexibilité des horaires pour le personnel.
« La réduction du recours aux agences permettra également d’augmenter la stabilité des équipes de travail et, ainsi, d’améliorer la qualité des soins aux usagers tout en réduisant les coûts », conclut Laurence Chartrand.