DRUMMONDVILLE
Travailleurs décédés ou blessés, le Centre-du-Québec durement frappé, la CSN demande des actions du gouvernement du Québec @ Crédit photo Éric Beaupré / Vingt55, Tous droits réservés.
Comme l’a rapporté régulièrement Vingt55, les accidents et décès liés au travail demeurent nombreux dans la région de Drummondville et au Centre-du-Québec. Parmi les tragédies qui ont marqué la région figure celle de Pascal Cauchon, superviseur pour l’entreprise Location Jesna inc., décédé le 8 avril 2021 au kilomètre 188 de l’autoroute 20 Est, à Saint-Cyrille-de-Wendover. Sa mort a sensibilisé la population aux dangers du travail, alors que la famille attend toujours la tenue d’une enquête publique, suite au dépôt du rapport du coroner Me Yvon Garneau, qui a relevé d’importantes lacunes dans ce dossier.
Le Centre-du-Québec et Drummondville ne sont pas épargnés par ces drames. Récemment, Mario Ross, 63 ans, signaleur de chantier, a perdu la vie après avoir été happé puis écrasé par la remorque d’un camion semi-remorque, à l’entrée d’un chantier immobilier situé sur la rue Robert-Bernard, à Drummondville Le coroner Me Yvon Garneau a mené son enquête en étroite collaboration avec la Sûreté du Québec ainsi qu’avec les enquêteurs de la CNESST, afin de faire toute la lumière sur les circonstances de l’accident ayant conduit au décès du signaleur. Selon les informations obtenues en cours d’enquête par Vingt55, plusieurs éléments et lacunes importantes sont dans la mire et figureront dans le rapport final, qui sera rendu public par le coroner Garneau. Pendant ce temps, plusieurs travailleurs de chantier et signaleurs réclament la tenue d’enquêtes publiques dans les cas de décès sur les chantiers.
De nombreux autres accidents sont survenus dans la MRC de Drummond et dans le Centre-du-Québec. En juin 2024, comme l’a également rapporté Vingt55, un travailleur est mort sur la route 255, près de Drummondville, dans un accident lié à ses fonctions. Cet incident faisait partie d’une série d’accidents mortels recensés au Québec depuis avril 2024.
Par ailleurs, le 13 mars 2024, à Victoriaville, comme le soulignait aussi le Vingt55, un camionneur de l’entreprise Excavations Mario Roy inc. est décédé lors du chargement de tuyaux métalliques. L’enquête de la CNESST a révélé d’importantes lacunes en matière de sécurité, notamment l’absence de mesures pour stabiliser les charges, ce qui a directement conduit au décès du travailleur.
À cette longue liste pour la seule région de Drummondville et du Centre-du-Québec, il faut également rappeler l’accident de travail survenu en septembre 2024, lors duquel un jeune travailleur de 28 ans a été gravement blessé dans une entreprise de Saint-Nicéphore. Selon les informations obtenues par Vingt55, ce travailleur conservera d’importantes séquelles.
En février dernier, un homme de 63 ans, employé du commerce situé sur la rue Saint-Pierre à Drummondville, a fait une chute mortelle à l’intérieur d’un commerce.
Statistiques inquiétantes en 2024
La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a dévoilé des chiffres préoccupants pour 2024 : 246 décès liés au travail ont été enregistrés, soit 74 morts à la suite d’un accident et 172 à la suite d’une maladie professionnelle. Comme le soulignait Vingt55, en 2023, le secteur de la construction avait déjà enregistré 68 décès, représentant 32 % de tous les décès professionnels, alors que ce secteur n’emploie qu’environ 5 % de la main-d’œuvre.
Le RMPPÉ toujours en attente
Adopté à l’unanimité par le conseil d’administration de la CNESST le 19 septembre 2024, le RMPPÉ, conformément à la Loi 27 votée en 2021, est depuis plus de sept mois en attente d’entérinement par le Conseil des ministres. Malgré le consensus clair entre les acteurs du domaine du travail, sa mise en œuvre est bloquée pour des raisons financières.
« Même si la CNESST s’est engagée dans de vastes travaux pour améliorer concrètement la santé et la sécurité du travail, certains ministères, dont ceux de l’Éducation et de la Santé et des Services sociaux, refusent d’assumer les coûts associés au règlement pourtant adopté unanimement », déplore Caroline Senneville, présidente de la CSN et membre du CA de la CNESST. « Pour nous, les décès et les blessés au travail, on ne peut pas réduire cela à une simple question d’argent. »
David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN et responsable politique de la santé et sécurité au travail, partage cette indignation
« Ces dernières années, nous avons travaillé fort pour obtenir un règlement capable de réduire les bilans tragiques du 28 avril. L’objectif était atteint, mais aujourd’hui, pour une question d’argent, le gouvernement bloque ce processus. Chaque 28 avril nous rappelle que la protection des travailleuses et des travailleurs a déjà assez attendu. Le gouvernement doit entériner ce règlement sans plus tarder. »
Enfin, David Bergeron-Cyr souligne que ce retard prive les travailleuses et travailleurs de la mise en place de mesures concrètes qui pourraient faire une véritable différence sur le terrain. « Dans notre région, treize personnes ont perdu la vie en raison de leur travail, dont six décès attribuables à des accidents et sept à des maladies professionnelles. Nous devons continuer de faire plus et de faire mieux », conclut-il.

Travailleurs décédés ou blessés, le Centre-du-Québec durement frappé, la CSN demande des actions du gouvernement du Québec @ Crédit photo Éric Beaupré / Vingt55, Tous droits réservés.