Les magasins Nadeau démystifient un tabou – Ils vendent des produits non périssables périmés

Les magasins Nadeau démystifient un tabou – Ils vendent des produits non périssables périmés
Comme ils sont indépendants, les magasins Nadeau ont pu entreprendre cette «révolution» alimentaire et prendre des décisions à contre-courant.© Photo Caroline Lepage

| Drummondville | Les magasins Nadeau ont séduit une nouvelle clientèle en vendant à petits prix des produits non-périssables, après l’expiration de la date de fraîcheur. Ils ont vaincu un tabou au Québec.

 

Les magasins Nadeau se démarquent avec leurs décisions à contre-courant

Au Québec, les produits périmés ont longtemps été rangés au sein d’étagères, en retrait, parce qu’ils mettaient les gens mal à l’aise. Quand les magasins Nadeau, de Drummondville, ont osé vendre des produits non-périssables après l’expiration de la date de fraîcheur, certains ridiculisaient la pratique, alors que d’autres étaient emballés d’acheter du beurre d’arachides au quart du prix.

«Si on a continué, c’est qu’on a eu plus d’adeptes que de gens qui riaient de nous», rapporte Luc Nadeau, propriétaire.

Anne Normandin et son copain, Steve Bélair, font régulièrement leurs provisions à ce magasin, notamment d’aliments périmés.

«On économise facilement 30 $ par semaine», disent-ils.

Légal

Selon le relationniste au MAPAQ, Yohan Dallaire Boily, «les commerçants ont l’obligation de vendre des produits salubres, peu importe la date « meilleur avant » suggérée par le fabriquant.»

Luc Nadeau et son fils Gabriel ont reçu la visite de plusieurs inspecteurs du MAPAQ, mais ils n’ont pas été pris en défaut. «Ma femme fait des tests. Elle amène les nouveautés à la maison et on goûte à tout ce qu’on vend», indique M. Nadeau.

Dallaire Boily rappelle que le consommateur doit faire appel à ses cinq sens pour s’assurer de la salubrité d’un produit, en vérifiant l’odeur ou la couleur.

«Si on a un système immunitaire plus faible, ce n’est peut-être pas recommandé de prendre des chances», prévient Sylvain Charlebois, professeur en distribution et politique agroalimentaire à l’Université Dalhousie.

Moins de gaspillage

Ce dernier voit d’un bon œil l’ouverture du Québec pour ces produits qui sont vendus depuis longtemps en Europe. Leur consommation évite de les retrouver aux poubelles.

«Il y a une conscientisation collective au niveau du gaspillage alimentaire alors les gens commencent à être moins dérangés de consommer des produits passés date», dit-il.

Cette quatrième succursale des magasins Nadeau, au coin des boulevards St-Joseph et Jean-de-Brébeuf, est la plus récente. | Photo Caroline Lepage.


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Leur «petite révolution» les pousse vers l’expansion.

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Comme ils sont indépendants, les magasins Nadeau ont pu entreprendre cette «révolution» alimentaire et prendre des décisions à contre-courant, qui portent fruit.

D’ailleurs, ils ont haussé l’échelle salariale de leurs 45 employés de Drummondville, afin que leur personnel au salaire minimum, gagne 15 $ de l’heure au lieu de 12 $. Pourtant plusieurs commerces au détail disaient ne pas pouvoir survivre à cette augmentation imposée par Québec, depuis le 1er mai.

Autre décision qui a fait jaser : les proprios refusent de vendre les produits Labatt et Molson pour laisser la place aux bières de microbrasseries.

Depuis quelques années, le chiffre d’affaires de l’entreprise familiale, fondée en 1965, croît de 20 % annuellement. Les proprios comptent éventuellement ouvrir deux autres magasins à Drummondville.

Gabriel Nadeau, 23 ans, rêve même de créer sa propre chaîne.

«Des gens jusqu’à Saint-Jérôme nous demandent de démarrer des magasins dans leur coin», s’exclame-t-il.

Photo 1 – Par mesure de prudence, la Ferme des Voltigeurs devance toujours de quelques jours la date «meilleur avant» de ses poulets frais, fixée à 14 jours après l’emballage. | Photo 2 – Les produits transformés de la Ferme des Voltigeurs ont une durée de conservation plus longue. Les cretons au poulet peuvent être consommés environ trois semaines après l’emballage. | (Photos: Caroline Lepage)


Attention à la viande et les produits frais!

Seuls les fabricants des aliments d’une durée de vie de 90 jours et moins, comme la Ferme des Voltigeurs, ont l’obligation d’indiquer la date limite de conservation de leurs produits.

La Ferme des Voltigeurs, de Drummondville, transforme 4,4 millions de poulet par an. Comme productrice de viande, elle doit inscrire la date limite de conservation de tous ses aliments vendus sur le marché, car après un certain temps, ces aliments peuvent causer des intoxications alimentaires graves.

Ce n’est pas le cas des produits non périssables, comme les pâtes alimentaires, les conserves ou les biscuits, dont la date «meilleur avant» est une simple indication de fraîcheur.

Date fixée en laboratoire

La Ferme des Voltigeurs transige avec un laboratoire pour fixer la fameuse date de conservation de ses produits. Elle fait parvenir ses aliments dans des glacières, où les professionnels en laboratoire calculent au quotidien, pendant plusieurs jours, le compte bactérien des aliments. Ces analyses permettent alors de déterminer quand l’aliment devient impropre à la consommation.

Par prudence, la Ferme des Voltigeurs devance toujours de quelques jours la date suggérée par le laboratoire.

«Le produit ne circule pas toujours dans des conditions idéales. Il peut y avoir des bris dans la chaîne de froid», avance Georges Junior Martel, copropriétaire.

Durées variables

À la suite des tests effectués, l’entreprise a statué que le poulet frais doit être consommé deux semaines après son emballage. Pour leurs produits transformés, comme les cretons au poulet, la durée limite est d’environ 21 jours.

Les produits congelés peuvent se conserver jusqu’à deux ans, selon les conditions d’emballage.

Selon M. Martel, l’entreprise n’a jamais eu de problème.

Lorsque ses aliments portent le nom d’une autre marque privée, comme c’est le cas chez Metro, avec les produits Irrésistibles, d’autres analyses sont effectuées par le partenaire.

«Ils font leurs propres audits», précise le producteur.

Comme la Ferme des Voltigeurs vend ses poulets jusqu’en Saskatchewan, les dates de conservation sont déterminées en fonction des normes de l’Agence canadienne des inspections des aliments.

Quant aux produits transformés, les exigences sont fixées par le MAPAQ.

Le département qualité de la Ferme, qui emploie quatre professionnels, assure tous les suivis requis pour la salubrité des produits.

Gestion des risques

Selon M. Martel, il n’est pas nécessaire de soumettre les aliments à d’autres tests de conservation si les procédés de production sont restés les mêmes et que les normes n’ont pas évolué.

«Il faut se tenir à jour et s’assurer de bien comprendre», dit-il.

La Rédaction
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