DRUMMONDVILLE
Les propriétaires ayant déclaré faire plus d’heures en raison des pénuries de main-d’œuvre travaillent encore plus, soit environ 59 heures par semaine, dont 20 pour compenser le manque de personnel. Autrement dit, 34 % de leurs heures travaillées servent à pallier le manque d’employés.
« C’est beaucoup de temps que les propriétaires de PME pourraient consacrer à d’autres priorités, comme la croissance de leur entreprise ou la recherche d’information sur des programmes gouvernementaux. L’incidence des pénuries se fait aussi ressentir à l’extérieur du travail. De nombreux propriétaires obligés de faire des heures supplémentaires n’ont pas de temps pour leurs proches, ce qui peut nuire à leur santé mentale et à leur bien-être », affirme Laure-Anna Bomal, économiste à la FCEI et coauteure du rapport.
Les résultats des recherches menées par la FCEI révèlent que le pourcentage de PME affectées par les pénuries de main-d’œuvre augmente, passant de 55 % en novembre 2021 à 59 % en septembre 2022. Le problème touche plus de la moitié des PME dans l’ensemble des provinces, les plus touchées étant le Québec (66 %), la Saskatchewan (62 %) et le Manitoba (62 %).
Les premiers impacts des pénuries de main-d’œuvre dans les PME touchées concernent le nombre d’heures travaillées par les propriétaires (73 %) et les employés (54 %), qui doivent en faire plus pour compenser le manque de personnel. De plus, ces pénuries ont également obligé près de la moitié des PME affectées à refuser des ventes et des contrats (48 %) ou à réduire leur offre de services (47 %).
« Au lieu d’être le capitaine du navire, celui qui assure la bonne direction et la navigation, le propriétaire d’une entreprise qui manque de personnel est pris à ramer. Les longues journées et les heures supplémentaires peuvent également affecter les employés et miner le moral de l’équipe », fait remarquer François Vincent, vice-président à la FCEI.
Entre les secteurs, l’écart est encore plus marqué, le pourcentage des propriétaires affectés par les pénuries de main-d’œuvre travaillant plus d’heures atteint 84 % dans l’hébergement et la restauration, et 82 % dans l’agriculture.
« Considérant le vieillissement de la population, les pénuries s’accentueront si notre approche du marché du travail ne change pas. Il n’existe pas de solution miracle, mais les gouvernements peuvent faire leur part en instaurant des mesures ciblées comme la réduction du fardeau fiscal des propriétaires de PME pour leur permettre d’investir dans la rémunération des employés, la formation et l’automatisation. Par ailleurs, la simplification des processus d’immigration peut aider les petites entreprises à recruter les employés dont elles ont besoin actuellement. Enfin, en réduisant la paperasserie, les gouvernements redonnent du temps aux entrepreneurs », conclut M. Vincent.
Pour en savoir plus, lisez le rapport La semaine de 8 jours.
*Bouteilles d’eau à remplissage unique, contenants laminés en fibres, pailles à usage unique, dosettes de café, vaisselles et ustensiles en plastique
Voici le tableau du nombre de postes vacants au T4 2022, par région économique du Québec :
Postes vacants (T4 2022)
Bas-Saint-Laurent (01) 4 325
Saguenay–Lac-Saint-Jean (02) 5 005
Capitale-Nationale (03) 24 735
Mauricie (04) 5 945
Estrie (05) 9 050
Montréal (06) 64 125
Outaouais (07) 5 970
Abitibi-Témiscamingue (08) 4 380
Côte-Nord (09) et Nord-du-Québec (10) 4 790
Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (11) 1 540
Chaudière-Appalaches (12) 10 190
Laval (13) 9 875
Lanaudière (14) 10 015
Laurentides (15) 13 210
Montérégie (16) 36 250
Centre-du-Québec (17) 7 290
Ensemble du Québec 216 695
Source :
Statistique Canada. Tableau 14-10-0398-01. Postes vacants, employés salariés et taux de postes vacants selon les régions économiques, données trimestrielles désaisonnalisées