DRUMMONDVILLE
Depuis l’arrivée de la CAQ en 2018, la situation ne cesse de se détériorer, et le projet de loi 31, qui tarde à être adopté, ne fera qu’accentuer la précarité des locataires en refusant de mieux protéger les aînés contre les évictions et en éliminant la cession de bail. Nous vivons la pire crise locative depuis 40 ans, et il est impératif que des mesures concrètes soient prises pour inverser cette tendance.
À Drummondville, une mère de famille qui a contacté Vingt55 s’inquiète pour sa famille. Les banques alimentaires de Drummond sont devenues notre nouvelle source d’aide.
Au-delà des salaires qui ne suivent pas le coût de la vie et des enjeux politiques, il y a les problèmes liés aux taxes municipales et aux taux d’intérêt qui font mal, constate la Drummondvilloise, épuisée. Ayant épuisé ses ressources et son espoir, elle a contacté Vingt55. Nous sommes quatre, vivons très modestement et avons un travail décent. La récente augmentation des taxes municipales à Drummondville fait exploser mes paiements hypothécaires, explique-t-elle, ajoutant qu’elle doit maintenant recourir à l’aide des banques alimentaires.
On nous explique que c’est une aide de dernier recours. Cela fait plus de quatre mois que nous devons y chercher le supplément pour notre famille faute d’argent pour faire une épicerie suffisante pour nourrir nos deux enfants, déplore la citoyenne qui préfère rester anonyme. La récente hausse des taxes nous force à envisager de remettre les clés à la banque. Notre rêve de jeune famille drummondvilloise a pris le bord, ajoute-t-elle. Malgré nos deux emplois, nous n’y arrivons tout simplement plus, et le prix des loyers est aussi élevé, sinon plus, que notre hypothèque, ajoute la mère de famille, la voix nouée par l’inquiétude et la peur. Je pleure à chaque fin de mois, ne voyant pas la lumière au bout du tunnel. Je m’inquiète de ma santé mentale, celle de mon mari et de l’avenir de ma famille et de mes enfants, ajoute la Drummondvilloise de 28 ans qui souhaite voir une réglementation quelconque ou une baisse du coût de la vie.
Nous avons vendu notre deuxième voiture et devons maintenant composer avec la contrainte de vivre à l’extérieur de Drummond. La vente de la voiture n’était pas tant une économie qu’une tentative de payer quelques mois d’hypothèque et de respirer un peu, dans l’espoir de voir les choses s’améliorer. La hausse des taxes municipales à Drummondville vient de tuer tous nos espoirs. Notre famille envisage maintenant la faillite comme seule solution. Nous visions tout planifier avec nos salaires sans excès. C’est le coût de la vie qui a mis fin à plusieurs de nos espoirs et à notre qualité de vie, comme pour de nombreuses familles.
Une situation que dénonce également le FRAPRU alors que Drummondville connaît l’un taux pires taux d’inoccupation
« Le Rapport sur le marché locatif de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) diffusé ce matin, démontre que la crise du logement continue de s’aggraver. Maintenant, tous les centres urbains de 10 000 personnes et plus du Québec ont un taux de logements inoccupés de 1,5 % et moins, soit deux fois moins que le seuil d’équilibre fixé par la SCHL. Quand le gouvernement Legault va-t-il prendre toute la mesure de la situation et agir en conséquence? », s’exclame Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.
Elle précise qu’à l’échelle de la province, le taux d’inoccupation est passé de 1,7 % à 1,3 %, le plus bas taux en 20 ans.
La situation s’est sérieusement détériorée dans les régions métropolitaines de recensement de Trois-Rivières, où le taux est passé à 0,4 %, de Drummondville où il a encore baissé à 0,4%, de Québec où il est descendu à 0,9 % et de Montréal où il est passé à 1,5 %. Dans la RMR de Québec, le taux est le plus bas en 15 ans alors qu’à Trois-Rivières, il n’a jamais été aussi bas. La pénurie demeure sérieuse dans les autres RMR, soit Saguenay (1,3%), Gatineau (1,1%) et Sherbrooke (1,3%).
Le rapport de la SCHL indique des taux d’inoccupation faméliques dans plusieurs municipalités, se situant en bas de 1 %, notamment de 0,9 % à Amos, de 0,8 % à Rouyn-Noranda et à Mont-Laurier, comme dans l’ensemble des agglomérations de recensement comptant entre 10 000 et 50 000 habitants, de 0,7 % à Thetford-Mines, Sainte-Agathe-des-Monts, dans le comté de la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, Rivière-du-Loup, Marieville et Shawinigan, de 0,6 % à Alma, Saint-Raymond et Rimouski, de 0,5 % à Saint-Georges, Baie-Comeau et Granby, de 0,4 % à Val-d’Or et Sainte-Adèle, de seulement que 0,2 % à Salaberry-de-Valleyfield, Sainte-Marie, Pont-Rouge et Montmagny et carrément à zéro pourcent dans les villes de Saint-Sauveur, Mont-Tremblay, Prévost et Sainte-Sophie.
L’explosion des loyers se confirme à Drummondville comme dans plusieurs ville de la province
Le FRAPRU souligne que l’explosion des loyers se confirme, au point où la SCHL elle-même arrive à la conclusion que « l’augmentation des loyers a dépassé à la fois l’inflation et la progression des salaires ». Le loyer moyen, qui avait déjà augmenté de 9 % l’an dernier, a encore bondit de 7,4 %.
Les dernières données du Rapport sur le marché locatif de 2024 de la SCHL révèlent une augmentation moyenne des loyers de 7,35 % en 2023 pour l’ensemble du Québec. Cette augmentation dépasse largement le taux d’inflation sur la même période, créant ainsi une pression financière supplémentaire sur les ménages locataires. Les hausses de loyer les plus significatives ne se limitent pas aux grands centres urbains. Des villes telles que Granby, Rawdon, Salaberry-de-Valleyfield, Gaspé, Shawinigan, Dolbeau-Mistassini, Rivière-du-Loup et Val d’Or ont toutes enregistré des augmentations importantes, dépassant souvent les 10 %.
Virginie Dufour, porte-parole libérale en matière d’habitation, exprime ses inquiétudes concernant cette situation
« L’absence de plan de la ministre de l’Habitation pour contrer la crise du logement et le constat que trop peu de logements sociaux ont été construits sous la CAQ sont des signes alarmants. L’accessibilité à un logement à prix abordable est en chute libre, et avec les mises en chantier qui reculent, le Québec affiche le pire bilan du Canada.