DRUMMONDVILLE
Selon les données recueillis et dernier sondage, le travail social au Québec est en crise, 16 % des travailleuses et travailleurs sociaux (T.S.) envisagent de quitter leur profession dans les deux prochaines années, une tendance alarmante tant pour le secteur que pour l’offre de services à la population.
Le Centre-du-Québec recueille une proportion plus élevée, 27 % de T.S. qui se disent très heureux comparativement à 18 % pour la moyenne des T.S, c’est donc sans surprise que le nombre de T.S. qui songent à quitter la profession est moins élevé que la moyenne 8%.
La lourdeur bureaucratique et la charge de travail sont les principaux facteurs qui affectent le niveau de bonheur au travail des T.S., lequel est significativement plus bas dans le réseau de la santé et des services sociaux.
Toutes proportions gardées, ce serait un peu plus de 2 400 T.S. qui estiment qu’il est « probable
» ou « très probable » qu’elles quittent leur profession d’ici deux ans. Ces données alarmantes révèlent une détresse profonde chez ces professionnelles sur laquelle le gouvernement du Québec doit se pencher immédiatement.
« Cette tendance nous inquiète énormément, car au bout du compte, si les T.S. craquent et quittent la profession, c’est la population qui en payera le prix. Non seulement la qualité et la disponibilité des services pourraient être compromises, mais la pression sur les épaules des
T.S. restants s’en trouvera exacerbée. Il y a urgence de mettre fin à ce cercle vicieux », affirme Pierre-Paul Malenfant, T.S., président de l’Ordre.
Dans le cadre de la Semaine des T.S., l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (l’Ordre) dépeint un tableau sombre de la profession : la détresse est profonde chez les T.S. et la disparité est marquante entre les conditions de travail dans le secteur public et privé.
Les impacts pourraient être dévastateurs sur les professionnels et sur la qualité des services offerts à la population.
Santé Québec représente une occasion de changer les pratiques alors que la situation requiert une attention immédiate et des mesures concrètes.
Plus heureux au privé qu’au public
Le niveau de bonheur professionnel moyen se situe à 7 sur une échelle de 10 pour l’ensemble des T.S. Cette donnée met surtout en lumière la disparité presque systématique entre les réponses des T.S. qui œuvrent en milieu privé et ceux du secteur public, puisque leur niveau de bonheur moyen est respectivement de 8,1 et de 6,9.
Les plus grandes sources de bonheur…
– Les collègues à 29 %
– L’aide, aider les gens, la relation d’aide à 27 %
– Le contact et le lien avec les gens à 24 %
– Le sentiment d’être utile, de faire une différence à 24 %
… et celles de malheur au travail
— Les tâches et la lourdeur administrative à 39 %
— La charge de travail 19 %
— Le manque de ressources (15 %)
— Le manque de considération et de reconnaissance (14 %)
Un niveau de stress élevé au travail
Le sondage réalisé révèle également que les T.S. sont plus nombreuses que la moyenne des travailleurs au Québec à composer avec un niveau de stress élevé en lien avec leur travail. Effectivement, 51 % des T.S. ont indiqué que leur niveau de stress se trouvent à 7 ou plus sur une échelle de 10, comparativement à 39 % au sein de la population active au Québec (sondage omnibus CROP), soit une différence de 12 %.
Trop de bureaucratie, tout simplement!
En pointant du doigt à 39 % les tâches et la lourdeur administrative comme la première source de malheur professionnel, les T.S. expriment un désir manifeste, celui de passer plus de temps sur le terrain au contact direct avec des personnes dans le besoin, plutôt que d’être submergés par la paperasse. Le contact humain, l’impression de faire une différence voilà ce qui donnent un sens à leur travail. Or, face à une réalité où un seul formulaire peut accaparer jusqu’à trois heures de travail avec un usager, l’Ordre s’interroge sur la capacité des T.S. à concrétiser leur volonté profonde d’aider davantage les personnes.
Santé Québec, une occasion de changer pour le mieux
« Nous devons rapidement mettre un frein à l’hémorragie. L’arrivée de Santé Québec représente une occasion de revoir les conditions de pratiques et les méthodes d’évaluation de la performance pour les adapter aux visées et à la réalité des services sociaux. 52 % des répondants affirment que les méthodes d’évaluation de leur travail sont actuellement assez ou très mal adaptées, voilà, selon nous, un bon point de départ pour la nouvelle agence », conclut M. Malenfant.
Les travailleurs sociaux du Centre-du-Québec affichent néanmoins. un indice de satisfaction au travail plus élevé que la moyenne..
L’analyse suggère que les travailleurs en contact direct avec la clientèle, intervenant sur le terrain et impliqués directement avec les humains, sont plus satisfaits et heureux dans leur travail confirme Pierre-Paul Malenfant, T.S., président de l’Ordre en entrevue au Vingt55.Cette réalité, ressortie des statistiques et sondages pour la région Centricoise, suggère que cette situation est le contrepoint de la bureaucratie et constitue une solution concrète à l’indice de satisfaction des travailleurs sociaux de préciser le président de l’Ordre
Dans le Centre-du-Québec, des intervenants de différents milieux confirment que leur service auprès de la clientèle, quelle qu’elle soit, est valorisé. Cela inclut ceux qui évoluent auprès des familles, ainsi que dans différents services d’assistance, comme la Sûreté du Québec, ou auprès des individus, couples, enfants et familles. La diversité des clients centricoise met en évidence, selon les sondages, que la satisfaction se définit clairement dans l’aspect concret du travail et non dans la rédaction de rapports ou la gestion bureaucratique, qui contribuent au stress et à l’insatisfaction, de même que la charge de travail, expliquant pourquoi certaines régions pourraient connaître un taux d’insatisfaction plus élevé chez les intervenants
Des résultats dévoilés dans le cadre de la Semaine des T.S.
Les résultats du sondage CROP sont dévoilés à l’occasion de la Semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux qui se déroule du 24 au 30 mars. Cette Semaine vise à souligner la grande contribution des T.S. à la société, mais aussi à faire connaître les interventions qu’elles peuvent réaliser ou les services qu’elles offrent.