Meurtre de son père : Marina Bonard voit le tribunal annuler le plaidoyer de culpabilité et ordonner un nouveau procès

Meurtre de son père : Marina Bonard voit le tribunal annuler le plaidoyer de culpabilité et ordonner un nouveau procès
Meurtre de Jean Bonard, Marina Bonard obtient un nouveau procès après des révélations sur son état mental@ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

La Cour d’appel du Québec a ordonné un nouveau procès pour Marina Bonard, qui avait plaidé coupable en 2019 au meurtre au second degré de son père, Jean Bonard. Condamnée initialement à la prison à perpétuité avec une possibilité de libération conditionnelle après dix ans, Mme Bonard avait reconnu les faits liés à la mort de son père. Le tribunal remet  en question la déclaration de culpabilité enregistrée par l’accusée et ordonne la tenue d’un nouveau procès.

Marina Bonard avait plaidé coupable du meurtre au deuxième degré de son père, Jean Bonard @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

Plaidoyer de culpabilité et circonstances du meurtre

Lors de sa première comparution dans le cadre des procédures judiciaires ayant conduit à son plaidoyer de culpabilité, événement auquel le Vingt55 avait assisté et rapporté les faits, Mme Marina Bonard, alors âgée de 38 ans, avait enregistré un plaidoyer de culpabilité en présence de l’honorable juge Éliane B. Perreault, de la procureure de la Couronne, Me Vicky Smith, et de son avocate de la défense, Me Catherine Levasseur. Mme Bonard avait admis sa responsabilité dans le meurtre, après être restée près de 72 heures en présence du corps dans la résidence qu’elle occupait temporairement. La Sûreté du Québec avait découvert le corps le lundi suivant, l’enquête de la Sûreté du Québec et du coroner Yvon Garneau, chargé du dossier, ayant déterminé que l’homicide s’était déroulé le vendredi 19 juillet 2019.

Une demande de révision et de nouvelles preuves ont conduit le tribunal à consentir à la tenue d’un nouveau procès.

Selon les informations et documents obtenus par le Vingt55 et confirmés par le DPCP, en mars 2023, la Cour d’appel a autorisé Mme Bonard à contester sa déclaration de culpabilité, prononcée initialement par la juge Lyne Décarie de la Cour supérieure. Cette décision permet également la présentation de nouveaux éléments de preuve, qui devront être évalués en fonction de leur pertinence et de leur importance.

Marina Bonard, diagnostiquée avec un trouble du spectre de l’autisme, avait reconnu les faits, exprimant son regret face à une situation qu’elle qualifiait d’« impardonnable et difficile ». Cependant, de nouveaux éléments, évalués par les juges de la Cour d’appel, remettent en question la validité de son plaidoyer de culpabilité. Un document obtenu par Le Vingt55 révèle que les juges Guy Gagnon, Jocelyn F. Rancourt et Stephen W. Hamilton, en accueillant la requête, ont exprimé des doutes quant à la capacité de Mme Bonard à comprendre pleinement les implications de son plaidoyer enregistré en 2022.

Facteurs aggravants et sentence initiale

Lors du procès initial, la procureure de la Couronne, Me Vicky Smith, avait souligné des facteurs aggravants et atténuants pour soutenir la sentence. Le rapport psychiatrique de la Dre Marie-Michelle Boulanger, déposé en septembre 2021, avait alors été pris en compte pour la détermination de la peine, incluant la gravité du meurtre et les répercussions pour la famille. Parmi les facteurs aggravants, la Cour a relevé la violence des gestes, avec 26 plaies infligées par un couteau, l’absence de remords, et l’animosité exprimée par l’accusée envers son père. Marina Bonard avait dissimulé son crime, ce qui avait également pesé dans la décision.

Un rapport psychiatrique remet en question la lucidité de l’accusée

Un rapport du Dr Marie Frédéric Allard, daté du 6 juin 2023, soulève des indices de psychose et remet en question la lucidité de Mme Bonard au moment de son plaidoyer. La Cour estime, dans sa décision du 8 octobre, que ce rapport pourrait justifier un nouveau procès, au cours duquel seraient examinés non seulement l’aptitude de Mme Bonard à subir un procès, mais aussi son état mental au moment des faits.

Des enjeux importants pour l’accusée qui, après avoir purgé l’équivalent de six ans d’emprisonnement et être admissible à une libération au terme de dix ans, se retrouve aujourd’hui, tout comme le tribunal, à la case départ.

Si elle est déclarée inapte à subir son procès à l’issue d’une nouvelle procédure, les révisions se feront sur une base régulière et annuelle, avec la possibilité qu’elle devienne apte à subir un procès dans quelques années. Au terme de ces évaluations, elle pourrait donc devoir revenir devant les tribunaux pour subir son procès, perdant ainsi le bénéfice des années déjà purgées de sa première peine.

Le nouveau procès pourrait être déterminant quant à la possibilité pour Marina Bonard de maintenir son plaidoyer de culpabilité ou la tenue d’un nouveau procès. La tenue de cette nouvelle audience devrait permettre d’évaluer si son état mental au moment des faits justifie une nouvelle approche judiciaire. Les parties seront de retour au tribunal le 21 novembre au palais de justice de Drummondville pour fixer la date et déterminer la suite des procédures judiciaires.

Marina Bonard avait plaidé coupable du meurtre au deuxième degré de son père, Jean Bonard @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

Éric Beaupré
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