Grève étudiante : importante mobilisation, les élèves du Québec contestent l’interdiction des cellulaires à l’école

Grève étudiante : importante mobilisation, les élèves du Québec contestent l’interdiction des cellulaires à l’école
Plusieurs élèves de Drummondville et de la région centricoise, comme dans l’ensemble du Québec, prendront part demain, vendredi, à une grève @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Plusieurs élèves de Drummondville et de la région centricoise, comme dans l’ensemble du Québec, prendront part demain, vendredi, à une grève contre la nouvelle mesure qui leur interdira d’utiliser leur cellulaire à l’école dès la rentrée scolaire 2025.

Sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, de nombreux jeunes ont publié des vidéos afin de mobiliser leurs camarades et les inviter à manifester leur mécontentement. À Drummondville, certains élèves ont contacté la rédaction du Vingt55 pour indiquer qu’ils se regrouperaient, entre autres, à la bibliothèque municipale, tandis que d’autres resteront à la maison de manière symbolique. Certains entendent manifester pacifiquement pour faire reculer le ministre de l’Éducation, estimant que cette décision est déconnectée de la réalité vécue dans les écoles.

Selon plusieurs élèves, cette interdiction ne réglera en rien les problèmes d’intimidation, qui ont lieu principalement sur les réseaux sociaux et en dehors du cadre scolaire. « Nos cellulaires sont des outils technologiques essentiels. On les utilise pour nos rendez-vous, pour consulter des applications scolaires, pour communiquer entre nous », explique Thomas, un élève de secondaire ayant contacté le Vingt55. « En 2025, croire qu’on va régler l’intimidation en bannissant les cellulaires, c’est illusoire. C’est une décision bureaucratique prise très loin de notre réalité », ajoute-t-il.

Un autre élève de secondaire 5 évoque, lui aussi, un impact concret sur sa vie quotidienne : « Je suis étudiant et je travaille. Mon employeur me contacte parfois dans l’après-midi pour me donner mon horaire de travail ou annuler un quart. Avec cette règle, je vais devoir m’adapter, mais ça n’a pas de sens. »

Une étudiante finissante a exprimé, pour sa part, être en accord avec la décision du gouvernement du Québec 

« J’ai passé tout mon secondaire sur un cellulaire et, oui, les échanges sociaux, le contact humain nous ont visiblement manqué. » L’étudiante considère que la décision du ministre fait tout son sens et permettra de revenir à des bases de communication humaines : « Un visage, la voix d’un ami, d’une personne qui a besoin d’aide, ne seront jamais remplacés par une émotion exprimée par un émoji. »
L’administration du Collège Saint-Bernard, quant à elle, affirme, sans s’opposer au mouvement, avoir choisi de ne pas y adhérer.

Des parents en désaccord

Des parents se joignent également à la critique, comme Cathy Boily, mère d’une adolescente. « Je sais que je vais me faire pitcher des roches, mais je ne suis pas d’accord avec cette nouvelle règle », lance-t-elle.

Selon elle, interdire les cellulaires ne s’attaque pas aux véritables causes de l’intimidation ni aux défis actuels des jeunes. « On blâme un objet au lieu d’éduquer. Il y a toujours eu des bagarres et de l’intimidation à l’école, avec ou sans téléphone. »

Elle estime par ailleurs que les mesures existantes suffisent : « Les téléphones sont déjà interdits en classe, et ça fonctionne bien. » Quant à la volonté de réduire le temps d’écran, elle déplore une contradiction : « Tous les élèves ont des Chromebooks. Si on veut vraiment réduire les écrans, il aurait fallu y penser avant. »

La socialisation est aussi un enjeu mal compris selon elle. « Certains jeunes ont toujours eu du mal à socialiser. Le cellulaire leur permet au moins de passer le temps sans se sentir isolés. »

Elle cite enfin des exemples concrets : « Ma fille a eu un malaise et s’est rendue à la salle de bain. L’école m’a demandé de l’appeler pour pouvoir la retrouver. Sans téléphone, qu’aurait-on fait ? »

Le ministre Drainville justifie la mesure

Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville défend cette série de mesures, qui s’inscrivent dans le Plan de prévention de la violence et de l’intimidation lancé en octobre 2023. Certaines entreront en vigueur dès la rentrée 2025, d’autres à compter de janvier 2026.

Parmi les principales dispositions annoncées :

L’interdiction complète des cellulaires, écouteurs et appareils mobiles sur tout le terrain scolaire, même durant les pauses ;

Des exceptions encadrées pour motifs pédagogiques, de santé ou besoins particuliers ;

La révision des codes de vie pour imposer le vouvoiement, l’utilisation des titres « Monsieur » et « Madame », des règles de civilité et, si le projet de loi 94 est adopté, l’obligation du visage découvert.

Le ministre affirme que plusieurs jeunes eux-mêmes appuient la mesure, en ce qu’elle favorise la socialisation. Des sanctions graduées, allant jusqu’à l’expulsion, ainsi que des mesures réparatrices comme des travaux communautaires ou des lettres d’excuses, seront mises en place.

Malgré cette volonté gouvernementale, la contestation étudiante prend de l’ampleur. Vendredi, les jeunes de Drummondville, à l’image de ceux de partout au Québec, feront entendre leur voix.

« Lors de la pandémie, les cellulaires et appareils portables étaient perçus comme une solution incontournable. Et voilà que, soudainement, on nous demande d’apprendre à s’en passer. Un non-sens technologique, à l’heure où certains établissements, comme le Collège Saint-Bernard, que fréquentait d’ailleurs mon frère, avaient clairement une longueur d’avance sur plusieurs autres écoles, en misant sur des outils technologiques et des approches d’apprentissage technologique. l’élève de cinquième secondaire fait également remarquer que la technologie fait désormais partie intégrante de leur vie et du monde de demain.

À Drummondville, nous entendons manifester et faire la grève pacifiquement.

Nous souhaitons être entendus et faire valoir notre point de vue explique une étudiante entrevue au Vingt55 Malheureusement, nous ne pourrons contacter le ministre durant nos heures scolaires avec nos cellulaires, mais nous ferons entendre notre message lors de cette journée de grève et de mobilisation étudiante », a précisé l’étudiante au Vingt55, qui entend elle aussi manifester demain.

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Éric Beaupré
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