DRUMMONDVILLE – Un bon ami des victimes assassinées au Camping échangiste Adam et Ève de Sainte-Brigitte-des-Sault a tenté de prévenir le couple du danger qui les guettait. Toutefois, le meilleur ami du meurtrier était prêt au pire…
Un résident du camping, Michel Aubry, avait l’habitude de parler «dans le blanc des yeux» à l’une des victimes, Rodrigue Tremblay. Il constatait que l’homme de 77 ans se trouvait dans une situation dangereuse depuis que sa nouvelle amoureuse avait quitté son meilleur ami pour lui.
L’ex-conjoint, Denys Carpentier, menaçait de les tuer.
«Je lui ai même suggéré de se procurer une arme», dit M. Aubry.
Un autre résident, Pierre Spénard, se rappelle de la réaction pacifique de M. Tremblay.
«Il arrivera ce qui arrivera», avait répondu celui que les gens décrivent comme un veuf au grand coeur.
Il avait commencé à barrer les portes de sa résidence du camping, sans plus.
«Pour lui, il n’était pas question de se passer d’elle et de se casser la tête avec ça», ajoute M. Aubry.
Quelques jours plus tard, M. Carpentier est passé de la parole aux actes et a assassiné les deux nouveaux tourtereaux. Il s’est par la suite enlevé la vie.
Il reprenait du poil de la bête
M. Aubry recevait plusieurs fois par jour la visite de M. Tremblay, réputé pour sa grande sociabilité. M. Tremblay s’arrêtait le voir. Ses jasettes et ses blagues lui manqueront.
«Rodrigue est un grand marcheur. Il prenait ses marches chaque jour sur le site du camping. C’est comme ça qu’il a connu tout le monde», explique M. Aubry.
L’homme de 77 ans reprenait du poil de la bête depuis qu’il souffrait du cancer de la prostate. Il devait se rendre à Sherbrooke plusieurs fois par semaine pour ses traitements.
En chemin, il s’arrêtait chez Denys Carpentier, un ami de longue date. Sa conjointe, Suzanne Gareau, lui a alors offert d’effectuer ses transports vers le centre hospitalier pour l’aider.
Le seul digne de confiance
«M. Carpentier était très jaloux. Rodrigue était le seul gars avec qui il acceptait de laisser partir sa conjointe», précise M. Aubry.
Durant les nombreux déplacements vers Sherbrooke, les deux se sont rapprochés. Mme Gareau se plaignait depuis un certain temps du comportement possessif de son conjoint, qu’elle a finalement quitté. Il y a environ deux semaines, elle a emménagé chez Rodrigue, qui la «dépannait».
Selon M. Aubry, cet ancien producteur laitier était «en amour par-dessus la tête» avec cette femme qui venait d’avoir 50 ans.
«Il la voyait dans sa soupe», commente-t-il.
M. Tremblay croyait pouvoir apaiser la colère de M. Carpentier. Il y est même parvenu, temporairement.
La dernière fin de semaine, le trio a partagé un bain tourbillon. Les deux hommes se sont promenés en voiture électrique sur le site et saluaient les autres campeurs.
Soucieux de protéger son ami, M. Aubry répétait ses avertissements à l’égard de l’ex-jaloux. «Son moral fait des montagnes russes. Là, il va bien, mais il va pogner d’autres creux», avait-il prévenu.
De fait, la réconciliation du triangle amoureux n’a pas duré. Des policiers ont retrouvé les trois corps sans vie, lundi, dans une résidence du camping.
Des échangistes jaloux?
Selon un résident, la jalousie n’a pas sa place dans un camping échangiste.
«Si t’es jaloux, t’as pas d’affaire ici. Va-t-en ailleurs», tranche Lanvis Fortin.
M. Carpentier était un habitué du camping échangiste. Il avait possédé plusieurs maisons et roulottes sur le site, qu’il avait vendues. Il avait rencontré Mme Gareau à cet endroit, alors qu’elle était en couple avec un autre résident. Il l’a fréquentée pendant environ deux ans.
La gravité du geste qu’il a commis en a surpris quelques-uns.
«Nous autres, on ne l’a pas connu de même», déclare Robert Gibson, un responsable bénévole sur le site.