| Trois-Rivières | Les membres du personnel et les étudiant(e)s de l’UQTR ont reçu en début de soirée le mardi 1er mai une missive leur annonçant que le conseil d’administration de l’université décrétait un lock-out à ses enseignants réguliers. Ainsi, les 440 professeurs sont en arrêt de travail depuis ce mercredi 2 mai au matin.
« Devant l’impasse du processus de négociation sur plusieurs enjeux importants, dont les salaires, le plancher d’emploi et la tâche, le conseil d’administration a dû prendre une décision difficile, mais responsable, car inévitable dans les circonstances », est-il écrit dans la lettre.
« Il va de soi que nous avons la ferme intention de poursuivre la négociation avec les représentants de la partie syndicale sur la base d’une compréhension commune de la situation réelle de notre université et des enjeux auxquels toute la communauté universitaire doit faire face ».
Selon le recteur Daniel McMahon, « l’UQTR se trouve dans une situation financière précaire, avec un déficit anticipé de 10,7 millions $ pour l’année 2017-2018. Il faut parvenir à redresser les finances de l’université sans suppression ni compression des ressources humaines sur le plan des effectifs actuels et c’est pour cela qu’il la compréhension et la collaboration de toutes et de tous. »
Cette mesure touche évidemment le campus de Drummondville.
Il faut noter que les chargés de cours poursuivent le travail tel que prévu, car ils ne sont pas visés par cet arrêt surprise de la part de la partie patronale.
La convention collective des professeurs de l’UQTR est échue depuis le 31 mai 2017.
LETTRE ENVOYÉE LE 1ER MAI PAR LE RECTEUR DE L’UQTR DANIEL MCMAHON
«
Le 1er mai 2018
Destinataires : Membres de la communauté universitaire
Objet : Message du recteur M. Daniel McMahon
L’UQTR est une grande université dans le cœur et l’esprit de tous les membres de notre communauté universitaire. Nous avons le privilège de côtoyer près de 14 500 étudiant(e)s, de sorte que sur le plan des étudiants et étudiantes équivalant à temps plein (EEETP), nos quelque 10 300 EEETP représentent près de 4 % de toute la clientèle étudiante québécoise.
Depuis mon arrivée au début de 2016, je ne cesse de répéter que notre université, dont nous sommes si fiers, est dans une situation précaire. Nos résultats financiers rendus publics et audités par une firme indépendante de comptables professionnels agréés montrent un excédent de nos dépenses sur nos produits depuis 2014-2015. Le tableau 1 ci-après présente notre déficit d’exploitation pour chaque exercice financier terminé le 30 avril.
Tableau 1
Déficit annuel d’exploitation (excédent des dépenses sur les produits – audité)
(en million de dollars)
2014-2015 : ( 4,3) $
2015-2016 : (10,5) $
2016-2017 : ( 7,8) $
2017-2018 : (10,7) $ (déficit anticipé dont l’audit aura lieu cet été)
Lorsqu’une université présente un excédent des dépenses sur les produits, elle doit convenir d’un plan de redressement avec le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MÉES), afin de revenir à l’équilibre financier à l’intérieur d’une période maximale de cinq ans. Le tableau 2 qui suit présente le plan de redressement approuvé par le MÉES.
Tableau 2
Plan de redressement approuvé par le MÉES — Déficit annuel d’exploitation
(excédent des dépenses sur les produits)
(en million de dollars)
2016-2017 : (14,2) $ (plan de redressement initial — 2016)
2017-2018 : (12,2) $ (plan de redressement ajusté — 2017)
2018-2019 : ( 8,9) $ (plan de redressement ajusté — 2017)
2019-2020 : ( 2,3) $ (plan de redressement ajusté — 2017)
2020-2021 : 2,0 $ (plan de redressement ajusté – 2017)
Grâce à l’implication des membres de la communauté universitaire, nous avons réussi à faire mieux que le déficit annuel d’exploitation prévu au plan de redressement en 2016 2017 et nous prévoyons un scénario similaire pour 2017-2018. Au cours de ces deux exercices financiers, plusieurs membres de la communauté universitaire ont accepté une réduction de salaire, et les professeur(e)s ont consenti à une réduction du plancher d’emploi en échange d’un réinvestissement en recherche.
Au printemps 2016, après plusieurs années de compressions budgétaires, le gouvernement du Québec a annoncé le début d’un réinvestissement en enseignement supérieur. Il y a un mois à peine, soit le 28 mars 2018, le gouvernement annonçait un réinvestissement important pour les cinq prochaines années.
Nous devons souligner la détermination de madame Hélène David, ministre responsable de l’Enseignement supérieur, le travail effectué par toute l’équipe sous-ministérielle dirigée par madame Sylvie Barcelo, et la concertation de tous les chefs d’établissement universitaire, lesquels ont permis de convenir et de financer la nouvelle politique de financement des universités qui entre en vigueur dès aujourd’hui. Le tableau 3 ci-après en illustre les impacts combinés à ceux du réinvestissement pour notre université, compte tenu de notre plan de redressement.
Tableau 3
Impact de la révision de la politique de financement des universités et du réinvestissement gouvernemental
(en million de dollars)
Par respect pour le gouvernement du Québec, qui n’a pas encore procédé à l’annonce officielle de la nouvelle Politique de financement des universités, les données du tableau 3 vous seront communiquées immédiatement après ladite annonce.
Vous constatez dès la première ligne qu’à terme, en 2022-2023, l’UQTR aura bénéficié d’un réinvestissement total de XX millions de dollars. Heureusement, ce montant excède celui que nous avions prévu dans notre plan de redressement, de sorte qu’il nous est d’ores et déjà possible d’éviter d’importantes compressions de la masse salariale et suppressions de postes, que nous avions dû inclure dans notre plan de redressement pour les prochaines années afin d’en obtenir l’approbation du MÉES.
Comme en témoignent les données du tableau 3, la bonne nouvelle est que nous pourrons respecter notre plan de redressement, revenir à l’équilibre budgétaire et maintenir nos services actuels, et ce, sans suppression ni compression des ressources humaines sur le plan des effectifs actuels, que ces personnes aient acquis ou non leur permanence. Le principal défi réside toutefois dans le fait que pour y parvenir, nous avons impérativement besoin de la compréhension et de la collaboration de toutes et de tous.
La convention collective des professeur(e)s est échue depuis le 31 mai 2017. Depuis près d’une année, nous avons amorcé la négociation de la prochaine convention collective des professeur(e)s et depuis janvier, le tout se déroule en présence d’un conciliateur nommé par le ministère du Travail.
Le dépôt patronal initial a fait l’objet d’un rejet en bloc lors de l’assemblée générale du Syndicat des professeur(e)s tenue le 28 septembre 2017.
Dans la foulée du processus de conciliation, l’Université a procédé à un dépôt révisé qui a également fait l’objet d’un rejet en bloc par le Conseil syndical du Syndicat des professeur(e)s le 26 avril 2018.
Devant l’impasse du processus de négociation sur plusieurs enjeux importants dont les salaires, le plancher d’emploi et la tâche, le conseil d’administration a dû prendre une décision difficile, mais responsable, car inévitable dans les circonstances.
Nous avons le regret de vous annoncer qu’à compter de 00 h 01 le 2 mai 2018, l’Université a décrété un lock-out de son personnel des professeur(e)s et le MÉES en a été avisé.
Cette décision était devenue impérative afin de protéger la capacité de notre université de remplir sa mission, tout en préservant la qualité de l’enseignement et de la recherche.
Cette décision responsable s’inscrit dans la volonté toujours affirmée de la direction de l’UQTR de protéger la réputation de notre établissement auprès du gouvernement et des communautés locales que nous servons, tout en assurant notre développement au cours des prochaines années. Ce faisant, nous pourrons continuer à recruter les meilleur(e)s professeur(e)s disponibles et à offrir ce qu’il y a de mieux à nos étudiant(e)s actuel(le)s et futur(e)s.
Dès le début du lock-out, les professeur(e)s doivent cesser d’exercer leurs fonctions. En conséquence, tous les cours qui devaient être offerts par les professeur(e)s sont réputés être suspendus jusqu’à la fin du lock-out. Les cours offerts par les chargé(e)s de cours seront tenus normalement, tel qu’il est prévu à l’horaire.
Tous les autres employé(e)s sont tenu(e)s de se présenter au travail selon l’horaire habituel. À cet égard, des informations supplémentaires vous seront transmises sous peu.
Il va de soi que nous avons la ferme intention de poursuivre la négociation avec les représentants de la partie syndicale sur la base d’une compréhension commune de la situation réelle de notre université et des enjeux auxquels toute la communauté universitaire doit faire face. Nous souhaitons ardemment que le lock-out soit le plus court possible au bénéfice de tous les membres de la communauté universitaire, incluant nos professeur(e)s à qui nous vouons le plus grand respect et garantissons tout notre dévouement.
Daniel McMahon
(au nom de la direction et du conseil d’administration)
»
Date : Le 1er mai 2018
Destinataires : Aux étudiants et étudiantes de l’UQTR
Objet : Directives dans le contexte du lock-out des professeurs et professeures
À tous les étudiants et étudiantes de l’UQTR,
La direction de l’UQTR a déclenché un lock-out des professeurs et professeures à compter du mercredi 2 mai 2018 à 00h01. Cette mesure extraordinaire était devenue la seule solution responsable afin de mener à bien le plan de redressement de l’UQTR et préserver sa mission d’enseignement et de recherche.
Les cours dispensés par des chargés de cours auront lieu selon l’horaire prévu. En revanche, en raison du lock-out, toutes les activités d’enseignements assumées par des professeurs et professeures sont suspendues. Nous vous demandons de ne pas vous présenter aux cours assumés par des professeurs.
Afin de valider si votre cours est dispensé par un professeur ou un chargé de cours, veuillez vous référer au site du répertoire de cours en cliquant ici et entrer votre sigle de cours, tout en sélectionnant le trimestre concerné.
Selon la nature des activités, il est possible qu’il y ait des exceptions qui devront être convenues avec le Syndicat des professeurs et professeures. Si vous êtes visés par ces exceptions, vous serez informés directement par courriel.
De plus, en conformité avec les dispositions du Code du travail sachez qu’il est interdit pour un chargé de cours d’accepter dans son groupe des étudiants qui sont inscrits dans un groupe assigné à un professeur.
Nous vous tiendrons informés de tout développement au fur et à mesure que la situation évolue.
L’équipe de direction