DRUMMONDVILLE
Incapables de combler tous les postes vacants, bon nombre de restaurants de la MRC de Drummond ont dû réduire leurs heures d’ouverture et, plusieurs d’entre eux trouvent que la situation s’est empirée depuis la rentrée.
Depuis septembre, le restaurant Beauregard a décidé de fermer les lundis et mardis pour permettre à ses employés de se reposer. Depuis deux ans, le resto ferme aussi deux semaines durant les vacances de la construction.
«Tout le monde est heureux!», s’exclame la propriétaire Karine Beauregard, qui n’arrivait plus à trouver du personnel pour les remplacements.
«Même si j’affiche une annonce sur Emploi-Québec, je reçois zéro C.V.», lance celle qui est fière de compter trois chefs cuisiniers ayant plus de cinq ans d’expérience.
Selon elle, quand un employé réussit à rester au moins trois mois, elle sait qu’elle pourra compter sur lui à long terme, mais c’est rarement le cas…
«Plusieurs ont des problèmes de drogue ou de boisson et ils oublient de venir travailler», déplore Alain Lefebvre, propriétaire du restaurant Lowring.
Selon lui, la situation serait pire les jeudis matins, une fois la paye du mercredi soir encaissée, si bien que M. Lefebvre ouvre désormais son restaurant à 11 h les matins de la semaine et a cessé sa livraison durant le jour.
«C’est aussi dur trouver des livreurs que des serveuses», dit-il.
Le propriétaire du restaurant Maxime, Constant Costa, a aussi reporté d’environ deux heures l’ouverture du restaurant le matin.
«On n’a pas le choix! Personne n’est intéressé à travailler. Je fais entraîner les filles. Ça coûte cher les former et elles s’en vont», s’offusque-t-il.
Le propriétaire du Motel Blanchet, Mario Vincent, a également dû fermer son restaurant durant la nuit, cet été. Il donne une prime de 3 $ de l’heure aux employés de la cuisine, les fins de semaine, pour réussir à les garder.
«Malgré ça, il nous en manque encore», ajoute l’homme d’affaires.
Grandes bannières
Le restaurant St-Hubert de Drummondville ne pouvait pas réduire ses heures d’ouverture parce qu’il fait partie d’une grande chaîne. Toutefois, des sections ont été fermées cet été à cause du manque de personnel.
«On a parfois fermé la terrasse cet été, mais les clients étaient compréhensifs», indique la gestionnaire, Karine Pinard.
Malgré toute la publicité pour promouvoir leur dernière porte ouverte, organisée à la fin d’août, St-Hubert n’avait reçu que cinq C.V. Du personnel supplémentaire était pourtant sur place pour cette journée de recrutement.
«C’est sûr que c’est décevant ! (…) Plus ça va, plus c’est difficile de trouver des employés», commente Mme Pinard.
Les restaurants McDonald’s des secteurs St-Charles et Drummondville-Sud sont temporairement fermés durant la nuit, la semaine, faute de personnel. Certaines succursales Tim Hortons ont subi le même sort.
Mauvaise réputation ?
Mélanie De Repentigny, de la Fromagerie Lemaire, croit que la restauration jouit à tort d’une mauvaise réputation.
«Des gens se disent prêts à travailler n’importe où, sauf en restauration. Ils pensent devoir travailler durant des chiffres coupés. Ce n’est pas notre cas!», expose-t-elle.
Les trois succursales de la fromagerie embauchent plusieurs étudiants et leurs disponibilités sont limitées au retour des classes. La main-d’œuvre devient rare les soirs de semaine, si bien que le restaurant ferme plus tôt du lundi au mercredi.
«C’est triste! On espère un retour à la normale d’ici 2 à 3 semaines. On tient à cœur la fromagerie», avance la directrice adjointe.
Depuis bientôt un an, le restaurant Horace au boulevard, est fermé la nuit, mais le recrutement reste ardu.
«Jamais de ma vie je n’ai «rushé» autant pour avoir une serveuse. Par chance, à la cuisine, j’ai de bons jeunes qui veulent!», partage la propriétaire, Véronique Leblanc.