DRUMMONDVILLE
Dans un reportage diffusé récemment à Radio-Canada, M. Husk fait mention de ce climat qu’il dit malsain. On y montre également une lettre qui, selon lui, aurait été adressée aux membres du conseil municipal par le directeur général de la Ville. Le reportage mentionne alors qu’il s’agirait d’un rappel du directeur général aux élus de leurs obligations de civilité les uns par rapport aux autres.
Ma première surprise fut de constater que cette lettre était, en réalité, une note interne adressée à tous les directeurs de services de la Ville. Les membres du conseil ne l’ont reçue qu’à titre d’information. En rendant ce document public, M. Husk a commis deux fautes que je qualifierais de graves.
D’abord, le fait de remettre à un journaliste un document de régie interne adressé à l’ensemble des directeurs de services de la Ville, et ce sans avoir obtenu au préalable le consentement du conseil à cet égard, constitue un manquement grave à l’obligation de loyauté pour laquelle M. Husk a publiquement prêté serment en acceptant la charge de conseiller municipal. J’y vois là une dérive importante à la pratique constante, depuis des décennies à la Ville de Drummondville, en ce que les documents de nature interne doivent le demeurer lorsqu’ils sont mis à la disposition d’un membre du conseil dans l’exercice de ses fonctions.
Bien sûr, ce manquement est important, mais il y a pire encore. Dans le cadre de l’entrevue de M. Husk, le journaliste laisse entendre qu’il s’agit d’une note du directeur général adressée au conseil municipal dans une tentative de corriger un climat inapproprié qui, prétendument, existerait au sein du conseil depuis mon arrivée à la mairie. Or, cette affirmation est rigoureusement inexacte. La note du directeur général, adressée au personnel de la Ville, constitue essentiellement un rappel à la plus grande neutralité exigée à la fonction publique municipale à l’aube de la campagne électorale qui s’annonce, et ce, en tout respect de la loi applicable en la matière. Rien à voir donc avec un rappel à l’ordre au conseil municipal. Il est vrai cependant que le directeur général y évoque des propos inappropriés lui ayant été rapportés par certains membres de l’organisation. Les cas dont il m’a alors entretenu remontaient à avant mon arrivée en poste. Face à cette situation, je lui ai moi-même demandé de montrer aux fonctionnaires la marche à suivre en pareilles circonstances. Ce qui a résulté en cette note expédiée au personnel.
Quant à la démission de Mme Bellavance du comité exécutif, mon étonnement cède le pas à l’incompréhension.
En effet, Mme Bellavance a démissionné du comité exécutif en alléguant qu’elle doit demeurer fidèle à ses valeurs et à ses convictions. Elle ajoute notamment ne pas sentir d’écoute et se sent personnellement visée par certains propos, sans dire lesquels. Je rappelle ici que le comité exécutif est entièrement composé de personnes sensibles et dotées des plus belles qualités de politesse qui soient. J’en conclus donc que ses récriminations s’adressent exclusivement à moi. Ceci m’étonne puisque je ne préside pas que le comité exécutif, mais aussi les ateliers de travail et les séances publiques du conseil de même que toutes ses autres activités municipales. Dès lors, pourquoi ne pas démissionner de l’entièreté de sa fonction de conseillère municipale ? Les valeurs et les convictions de Mme Bellavance seraient-elles à géométrie variable ? La question se pose.
Dans cette lettre de démission, qu’elle a étrangement adressée aux médias et non au conseil, Mme Bellavance dit être habituée à l’argumentation et à la confrontation d’idées et d’opinions. Comment alors peut-elle expliquer une frustration telle, que la seule issue soit de démissionner du comité exécutif ? Pourtant, elle qui est membre de la Commission femmes et gouvernance de l’UMQ sait ou devrait savoir, à l’instar d’autres grandes personnalités politiques, que la vie politique comporte des moments où tous ne sont pas d’accord et que l’expression d’opinions contraires y a souvent sa place. Ne devrait-elle pas s’inspirer de femmes qui avant elle ont su faire face à l’adversité, parfois même à certaines grossièretés à leur égard, sans pour autant baisser les bras ? Je songe ici à Mme Francine Ruest Jutras qui, au moment de son entrée dans l’arène politique municipale à titre de conseillère, s’est vue confrontée à vents et marées avant de devenir la mairesse ayant le plus longtemps occupé ce poste de toute l’histoire de Drummondville. D’autres grandes dames, telles que Mme Pauline Marois ou encore Mme Dominique Anglade, ont également dû affronter l’adversité avant d’arriver là où elles sont aujourd’hui. Je ne dis pas que la seule route à suivre en politique doive nécessairement être parsemée de semblables écueils, mais constate que le chemin pour y arriver n’est pas nécessairement de tout repos. Pour ma part, je peux vous assurer qu’en aucun temps je n’ai eu recours à des propos qui auraient eu pour seul but de déplaire à quiconque, sans que ces propos n’aient véritablement été tenus par les personnes à qui j’ai pu les rappeler. Ceci n’est pas nécessairement agréable, mais toujours mérité.
Ce coup de théâtre que nous a présenté Mme Bellavance me fait beaucoup penser à la situation où, avant que je n’occupe la fonction de maire, elle avait démissionné de son poste au comité consultatif d’urbanisme (CCU). Cette fois, elle estimait que les rencontres se tenaient trop tôt le matin. C’est donc M. Daniel Pelletier qui avait dû la remplacer à ce poste. Autre cas semblable, Mme Bellavance s’est fait remplacer par Mme Stéphanie Lacoste pour la préparation et la présentation des rapports du comité exécutif aux séances du conseil, puisque cette tâche ne lui laissait pas assez de temps pour s’occuper de ses affaires personnelles.
Considérant finalement le peu de disposition et le manque de temps de Mme Bellavance, je crois qu’est venu le temps pour elle de faire des choix appropriés, tant pour elle-même que pour le bénéfice de la Ville, en décidant de laisser pour de bon son poste de conseillère municipale à quelqu’un d’autre pour qui la Ville tient vraiment à cœur.
Je termine en vous disant, chères concitoyennes et chers concitoyens, que si M Husk et Mme Bellavance avaient l’intention de prétendre à un mauvais climat à l’hôtel de ville, qu’ils s’en prennent à eux-mêmes et à leurs nombreux agissements sournois, négatifs, et non justifiés.
Alain Carrier
Maire de Drummondville