DRUMMONDVILLE
Selon l’enquête et le rapport du coroner Me Donald Nicole, obtenus par le Vingt55, ce dernier apporte un éclairage important sur les causes du décès de M. Lauzière, survenu alors qu’il circulait à haute vitesse sur la piste du complexe motorisé de Sanair, à Saint-Pie en août 2023.
Comme le rapportait le Vingt55 lors de l’accident survenu en 2023, le motocycliste Jonathan Lauzière est décédé à la suite d’un violent impact survenu lors d’un essai libre sur le circuit fermé de Sanair, à Saint-Pie. Selon le rapport du coroner Donald Nicole, la perte de contrôle ayant mené à l’accident serait attribuable à l’état de la chaussée, combiné à la vitesse. Le coroner conclut à un décès accidentel et recommande des correctifs à la piste afin d’en améliorer la sécurité.
Pilote expérimenté, M. Lauzière aurait perdu le contrôle de sa moto après avoir dépassé un autre motocycliste par la gauche, comme le confirment les images captées par une caméra installée sur sa moto, ainsi que le rapport du coroner.
Selon l’enquête et l’analyse du coroner, Jonathan Lauzière a ensuite percuté violemment un muret de béton ceinturant la piste, subissant un traumatisme craniocérébral fatal. Le coroner précise qu’aucune trace de freinage n’a été observée sur les lieux et qu’aucune substance — alcool, drogue ou médicament, n’a été détectée lors des analyses toxicologiques.
L’examen de la scène et l’inspection mécanique de la moto n’ont révélé aucune anomalie. Toutefois, le coroner souligne que la chaussée, bien qu’asphaltée et plane, présentait plusieurs fissures ainsi qu’un affaissement notable à l’endroit de la perte de contrôle. Ces éléments auraient pu contribuer de manière significative à l’accident.
Dans ses conclusions, le coroner recommande la mise en place d’un programme d’entretien préventif du circuit, en insistant sur l’importance de corriger l’état de la chaussée afin Le responsable de la course réagit avec sensibilité aux conclusions du coroner
À la suite de la publication du rapport du coroner Donald Nicole concernant le décès de Jonathan Lauzière, Pascal Bastien, responsable de la piste du complexe Sanair et témoin de l’accident, a tenu à apporter certaines précisions en entrevue au Vingt55.
Il rappelle que l’accident s’est produit dans une zone de décélération de 150 mètres de large par 250 mètres de long, et non sur une portion active du circuit, comme pourrait le laisser croire le rapport. Cette section, située à la sortie du virage numéro 3, est une zone d’échappatoire conçue pour offrir un dégagement sécuritaire aux motocyclistes arrivant trop rapidement dans le virage.
« M. Lauzière est arrivé trop vite dans la zone des puits et de débordement. Il aurait pu s’en sortir, mais au dernier moment, il a frôlé le muret, aurait figé dans sa réaction et est tombé tête première », a expliqué M. Bastien. Il précise que, même à des vitesses pouvant dépasser 160 km/h, les pilotes disposent normalement d’un espace suffisant pour reprendre le contrôle dans cette zone.
La victime portait un casque règlementaire, mais de modèle d’entrée de gamme, ce qui aurait pu contribuer à la gravité du traumatisme crânien subi lors de l’impact. « Le casque était conforme, mais peut-être inadéquat pour des couses à haute vitesse », précise-t-il.
Pascal Bastien souligne que Jonathan Lauzière n’était pas un pilote imprudent, mais un motocycliste sérieux inscrit à des groupes de perfectionnement de niveau intermédiaire. Il croit toutefois qu’un manque d’expérience en gestion de trajectoire dans une situation critique pourrait avoir joué un rôle dans la tragédie.
« Je suis en accord avec l’ensemble du rapport du coroner, notamment en ce qui concerne la vitesse du pilote et les circonstances avant l’accident. Une manœuvre de dépassement suivie d’un virage négocié trop rapidement semble expliquer la perte de contrôle », confirme-t-il.
À la suite de l’incident, la direction de la piste a renforcé les exigences en matière d’équipement, imposant dorénavant l’usage de casques intégraux homologués selon les normes les plus récentes (SNELL, ECE, FIM). Aucune modification n’a été apportée à la piste, mais le coroner a été invité à venir constater sur place la configuration de la zone d’échappatoire, que les responsables considèrent comme une mesure de sécurité plus appropriée que l’installation de garde-corps rigides.
« Revêtir cette portion en marge du circuit de manière permanente serait très coûteux et pourrait compromettre les activités sur la piste. Dans plus de 90 % des cas, cette manœuvre permet d’éviter les blessures graves », affirme M. Bastien. Il ajoute toutefois que dans le cas de M. Lauzière, une mauvaise réaction aurait rendu cette sortie de piste inefficace, dans la zone ou l’état de la chaussée était effectivement endommagé, comme le souligne le rapport du coroner.
« Nous allons prendre le temps d’analyser les conclusions du rapport et d’évaluer toutes les possibilités. Il en va de la sécurité des motocyclistes et du sport lui-même », conclut M. Bastien.