Hausse du salaire minimum à 15,75 $ : À peine de quoi couvrir ses besoins de base selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté

Hausse du salaire minimum à 15,75 $ : À peine de quoi couvrir ses besoins de base selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté
Hausse du salaire minimum à 15,75 $ @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Le ministre du Travail, Jean Boulet, vient d’annoncer une hausse de 0,50 $ du salaire minimum, ce qui le portera à 15,75 $ le 1er mai prochain. Le Collectif pour un Québec sans pauvreté se désole que le gouvernement du Québec décide, encore une fois, de laisser tomber les travailleurs et les travailleuses au bas de l’échelle qui, même en travaillant à temps plein, demeureront dans la pauvreté.

Travailler et rester pauvre

Au Québec, le seuil de la Mesure du panier de consommation est actuellement estimé à 24 200 $ pour une personne seule. C’est le montant nécessaire pour arriver à couvrir ses besoins essentiels, logement, alimentation, transport, habillement et autres nécessités. Il s’agit ici du strict minimum, de ce qu’il faut pour atteindre « un niveau de vie modeste » selon Statistique Canada. Avec un taux horaire de 15,75 $, une personne seule travaillant au salaire minimum à temps plein, 35 heures par semaine comptera sur un revenu disponible à peine supérieur. Selon les paramètres fiscaux de 2023, celui-ci serait d’environ 25 500 $.

« Avec un tel salaire minimum, il ne faudra pas se surprendre de voir continuer d’augmenter le nombre de travailleuses et de travailleurs ayant recours aux services des banques alimentaires, souligne la porte-parole du Collectif, Virginie Larivière. Rappelons que, d’après le dernier Bilan-Faim, les personnes ayant un emploi comme principale source de revenus représentaient 18,5 % des gens aidés par des banques alimentaires en 2023.

« N’est-ce pas le genre de statistique qui devrait alarmer le gouvernement? Le premier ministre reconnaissait lui-même, à la fin de 2022, qu’il devait être difficile de vivre dignement avec un salaire minimum à 18 $ l’heure. Comment son gouvernement peut-il oser, en 2024, annoncer une hausse aussi ridicule, qui portera le salaire minimum à seulement 15,75 $ l’heure? »

Combien faudrait-il pour sortir de la pauvreté?

Pour le Collectif, il est évident que le travail à temps plein devrait minimalement permettre aux travailleuses et aux travailleurs de sortir de la pauvreté; leur permettre de vivre au-delà du strict minimum, d’épargner, de faire face aux imprévus, d’avoir des loisirs, de faire des choix!

« Deux indicateurs nous donnent une idée du montant qu’il faudrait pour vivre hors de la pauvreté, poursuit Virginie Larivière. En 2023, la MFR-60 était estimée à 33 700 $ et le Revenu viable, calculé par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, à 32 200 $ pour une personne seule, montants indexés selon l’IPC. Pour qu’une personne seule puisse disposer de revenus disponibles équivalents en travaillant 35 heures par semaine, le salaire minimum devrait se situer quelque part entre 22 $ et 23 $.

« Comme on voit, l’écart est énorme entre ce que nous propose le gouvernement 15,75 $ l’heure et ce qu’il faudrait pour permettre aux travailleuses et aux travailleurs au salaire minimum de sortir de la pauvreté entre 22 $ et 23 $ l’heure. Visiblement, à ses yeux, certaines personnes méritent des « jobs payantes », mais d’autres méritent de demeurer dans la pauvreté, même en travaillant à temps plein. »

Éric Beaupré
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