Itinérance et précarité : QS propose des refuges dans les églises, Drummondville opte pour le travail payé comptant à la journée

Itinérance et précarité : QS propose des refuges dans les églises, Drummondville opte pour le travail payé comptant à la journée
Itinérance et précarité, QS propose des refuges dans les églises, @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Face à la crise de l’itinérance et aux enjeux de cohabitation de plus en plus difficiles, Québec solidaire accuse la CAQ d’avoir abandonné Montréal. La porte-parole de Québec solidaire demande à François Legault de se ressaisir et de présenter un plan d’urgence permettant la conversion d’églises en refuges administrés par les CIUSSS. À Drummondville, pour contrer l’itinérance, la Ville et l’organisme La Piaule misent sur le projet pilote TAPAJ, qui permet de rémunérer en argent comptant, le jour même, les personnes en situation d’itinérance ou de précarité.

Itinérance et précarité à Drummondville, un projet pilote offre un paiement en argent comptant aux itinérants pour des travaux journaliers @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

Hausse de l’itinérance et de la précarité, Montréal et Drummondville comme plusieurs autres villes en quête de solutions

Plusieurs municipalités et villes comme Drummondville sont aux prises avec une hausse importante de l’itinérance et de la précarité sociale, un phénomène aggravé par l’augmentation du coût des logements et de l’alimentation. Alors que Drummondville figure au sommet de la hausse de la criminalité et d’un autre triste record au Québec, soit la hausse fulgurante du prix des loyers, Québec solidaire propose une solution face au problème et à la crise actuelle.

Montréal et Drummondville n’échappent pas à cette réalité. Québec solidaire propose ainsi de convertir des églises abandonnées en refuges pour les personnes en situation d’itinérance et de vulnérabilité. Une solution qui, à Drummondville, a été maintes fois suggérée tant par des intervenants que par des citoyens, qui y voient une possibilité d’offrir un refuge sécuritaire plus efficace qu’un simple local. En effet, les espaces chaleur atteignent souvent leur capacité maximale aux heures de pointe ou durant les périodes froides, accueillant une clientèle grandissante.

Toutefois, cette solution soulève également des enjeux en matière de surveillance et de ressources humaines, le manque de personnel étant un défi tant à Montréal qu’à Drummondville et dans d’autres grandes villes. Malgré ces défis, la proposition de Québec solidaire ainsi que celles avancées par plusieurs villes demeurent des alternatives qui méritent d’être mises de l’avant.

Ruba Ghazal, porte-parole de Québec solidaire, propose de convertir les églises vacantes en refuges

« Pendant la pandémie, on a su mobiliser gymnases, bibliothèques et arénas pour y installer des centres de vaccination en un temps record. Aujourd’hui, la crise de l’itinérance est une véritable crise humanitaire et la CAQ de François Legault abandonne Montréal. Il faut agir avec le même sentiment d’urgence en faisant d’une pierre deux coups: convertir des églises vacantes en ressources pour les gens qui n’ont pas de toit sur leur tête. J’interpelle le premier ministre François Legault avec une solution tangible pour prévenir que des personnes doivent dormir dehors et pour améliorer les enjeux de cohabitation dans la métropole. Qu’est-ce qu’il attend? », a déclaré Ruba Ghazal, porte-parole de Québec solidaire, lors d’un point de presse devant l’église Sacré-Coeur-de-Jésus, dans le quartier Centre-Sud.

Interrogé sur le projet pilote, Victor Wong Seen-Bage, attaché de presse de l’Aile parlementaire de Québec solidaire, a mentionné que la situation et les préoccupations sont similaires dans d’autres villes comme Sherbrooke et Drummondville. En effet, les mesures proposées par Québec solidaire sont tout aussi applicables à Drummondville, comme il l’a précisé ce matin Ruba Ghazal en conférence de presse, Victor Wong Seen-Bage a réitéré cette position en entrevue accordée au Vingt55.

Dans le cadre des consultations de l’Office de consultations publiques de Montréal (OCPM) sur l’itinérance et la cohabitation sociale à Montréal, le Comité de pastorale sociale Centre-Sud/Hochelaga-Maisonneuve a d’ailleurs déposé un mémoire comprenant une proposition concrète: offrir une église par quartier pour en faire des haltes-chaleur en hiver.

« Chaque jour, pour se rendre au travail, les Montréalais et Montréalaises passent devant des églises inoccupées, mais ils passent aussi devant des dizaines de personnes itinérantes qui ont dû dormir dans la rue, faute de places dans les refuges. Le sous-sol de l’église devant laquelle je me tiens présentement est vacant et pourrait rapidement accueillir un refuge d’urgence. J’ai eu la chance d’échanger avec le diocèse de Montréal, et ils se montrent ouverts à cette idée. Il ne manque que la volonté politique pour concrétiser cette solution. Le gouvernement doit prendre les devants et présenter un plan avec les CIUSSS pour transformer ces espaces », a ajouté Guillaume Cliche-Rivard qui, en compagnie de la députée solidaire de Sainte-Marie-Saint-Jacques Manon Massé, a déposé un mémoire à l’OCPM sur l’itinérance en février dernier.

Rappelons que la démonstration a été faite que le patrimoine religieux pouvait faire partie de la solution. Des ressources telles le Centre des femmes de convictions, l’Amour en action et la Mission Saint-Michael, par exemple, sont présentement toutes établies dans des églises ou dans leurs bâtiments connexes.

Drummondville confrontée à une hausse de l’itinérance et de la criminalité

Drummondville figure désormais parmi les villes ayant connu une augmentation significative de l’itinérance et de la criminalité, un phénomène qui mobilise quotidiennement les policiers de la Sûreté du Québec. Ces derniers interviennent fréquemment auprès de personnes en situation d’itinérance temporaire ou permanente, en détresse psychologique ou en crise de désorganisation.

Ces interventions, souvent complexes, nécessitent des effectifs importants et mettent en lumière les limites des mesures actuellement en place, jugées peu efficaces pour freiner cette tendance préoccupante. Selon plusieurs organismes communautaires de la MRC de Drummond ainsi que des sources policières consultées par Le Vingt55, cette problématique croissante représente un défi majeur en matière de sécurité publique et de soutien aux personnes vulnérables.

Les autorités et les acteurs locaux s’interrogent sur les solutions à mettre en œuvre pour mieux encadrer et accompagner ces populations en difficulté, tout en assurant la quiétude des citoyens. Le débat reste ouvert quant aux stratégies à privilégier pour améliorer la situation et répondre aux enjeux sociaux et sécuritaires de la région.

À Drummondville, un projet pilote offre un paiement en argent comptant aux itinérants pour des travaux journaliers

La Ville de Drummondville, en collaboration avec l’organisme La Piaule, a lancé un projet pilote visant à offrir aux personnes en situation d’itinérance une rémunération à la journée en échange de travaux communautaires. Ce programme, basé sur le modèle TAPAJ Québec (Travail Alternatif Payé À la Journée), permet aux bénéficiaires de travailler sur une base quotidienne et de recevoir un paiement immédiat en argent comptant.

Annoncé lors du souper des maires au Centre Promutuel, le projet a été salué par la mairesse de Drummondville. Déjà implanté dans d’autres villes québécoises, TAPAJ vise à offrir un soutien économique et une insertion socioprofessionnelle à des personnes en situation de précarité.

Un programme d’aide, mais des inquiétudes persistent

Si le projet présente des avantages évidents, tant pour les bénéficiaires que pour les organismes impliqués, il suscite également des préoccupations. Plusieurs intervenants soulignent que la rémunération en argent comptant, bien qu’attrayante, pourrait poser des risques, notamment en matière de consommation de substances. L’absence de contrôle sur l’utilisation des sommes versées inquiète certaines autorités, qui redoutent une augmentation des cas de crise ou de dépendance nécessitant des interventions policières et médicales.

D’autres questions émergent quant aux effets à long terme du programme. Certains craignent qu’il attire vers Drummondville des personnes en précarité cherchant à bénéficier d’un revenu facile, ce qui pourrait mettre à rude épreuve les ressources locales.

Interrogé sur le projet pilote, mis de l’avant à Drummondville, Victor Wong Seen-Bage, attaché de presse de l’Aile parlementaire de Québec solidaire, a mentionné comprendre autant le bien-fondé du projet pilote que les inquiétudes des organismes et autorités locales. Selon lui, il est essentiel de prendre le temps d’évaluer les retombées avant d’en tirer des conclusions. Toutefois, il reconnaît que des mesures sont nécessaires pour aider des villes comme Drummondville, Sherbrooke ou Montréal à sortir de la crise

Malgré ces réserves, le projet demeure une initiative innovante qui pourrait, si bien encadrée, contribuer à l’amélioration des conditions de vie des personnes en situation d’itinérance tout en favorisant leur réinsertion dans la société.

Itinérance et précarité à Drummondville, un projet pilote offre un paiement en argent comptant aux itinérants pour des travaux journaliers @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

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Éric Beaupré
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