Les crises du logement doivent être une priorité rappelle le FRAPRU

Les crises du logement doivent être une priorité rappelle le FRAPRU
© Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

 Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) craint que sans mesures fortes de la part des gouvernements, la situation du logement ne se détériore davantage en 2023. 

Selon le regroupement, l’écart est de plus en plus grand entre ce que le marché offre et les besoins des ménages locataires mal logés. « On se prépare une bombe à retardement », avertit Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU. L’organisme de défense du droit au logement interpelle les gouvernements afin qu’ils fassent de la crise du logement vécue durement par les locataires à faible et modeste revenus, une priorité budgétaire en 2023.

La pénurie de logements locatifs, la spéculation immobilière, la hausse rapide des loyers, et l’augmentation des évictions frauduleuses contribuent à la dureté et à la profondeur de la crise actuelle, selon le FRAPRU. Dans la plupart des régions, la rareté de logements locatifs met les locataires vulnérables en concurrence avec des nouveaux travailleurs et-ou des touristes. Les appartements encore abordables continuent de disparaître. Le regroupement s’alarme du nombre grandissant de ménages qui n’arrivent pas à se trouver un logement autour de la période des déménagements et de la banalisation de ces situations. Le sommet a été atteint à l’été 2022, alors qu’au moins 4000 ménages ont fait appel aux services d’aide de leur municipalité, là où il y en avait. De ce nombre, plus de 600 demeuraient sans logis au lendemain du 1er juillet et le tiers 200 l’étaient toujours 3 mois plus tard; du jamais vu selon l’organisme.

La cherté des loyers, combinée maintenant à la hausse générale du coût de la vie, compromet la capacité de paiement de nombreux ménages locataires. Le nombre de cause introduite au Tribunal administratif du logement pour non-paiement de loyer est d’ailleurs en hausse. « Or, les personnes et les familles mal-logées en quête d’un logement décent qu’elles peuvent payer, sont actuellement abandonnées à leur sort, puisque le manque criant de logements sociaux ne se résout absolument pas », s’inquiète Véronique Laflamme, rappelant les longues listes d’attente pour avoir accès à un HLM, à une coopérative ou à un organisme sans but lucratif d’habitation. « La proportion de logements sociaux sur l’ensemble des logements locatifs québécois a diminué pour la première fois de l’histoire entre les deux derniers recensements, passant de 11,2 % en 2016, à environ 10,1 % en 2021 », précise-t-elle. Selon le FRAPRU, c’est le résultat de la négligence dont les gouvernements ont fait preuve. Pourtant, de plus en plus de voix affirmant que la résolution de la crise du logement vécue par les plus vulnérables passe par l’augmentation de la part occupée par le logement social s’élèvent. Pour le regroupement, il faut rapidement donner un coup de barre, d’autant plus que les logements privés mis en chantier sont trop dispendieux pour la moyenne des ménages locataires.

Alors qu’on entre dans la sixième année de la Stratégie fédérale sur le logement, planifiée sur 10 ans, le FRAPRU, comme plusieurs autres, constate qu’elle a largement échoué jusqu’ici. Le Directeur parlementaire du budget, le Conseil national du logement, la Défenseure fédérale du logement et la vérificatrice générale du Canada ont tous constaté et critiqué le fait que la plupart des logements financés par la Stratégie se sont avérés inabordables pour les ménages à faible revenu. « Il est grand temps de redresser la barre. On finance avec des fonds publics, des logements à plus de 2000 $ par mois, alors que 177 000 ménages locataires du Québec ont des besoins impérieux de logements, sans compter les milliers de personnes en situation d’itinérance », s’impatiente Véronique Laflamme, dont l’organisation demande qu’Ottawa réoriente ses investissements en habitation vers le logement sans but lucratif. « Les crises du logement entraînent des violations flagrantes de droits humains que le Canada (et le Québec) se sont engagés à respecter », relève d’ailleurs un rapport du FRAPRU récemment déposé  à la Défenseure fédérale du logement.

Quant au gouvernement du Québec, il avait choisi depuis 25 ans, de soutenir le développement du logement social. Cependant, il a amorcé l’an dernier un important changement de cap, que dénonce le FRAPRU. « Seulement 500 nouvelles unités ont été programmées dans AccèsLogis, au cours des 4 derniers budgets, pour tout le Québec; du jamais vu depuis la création du programme en 1997. Quant aux 1700 unités financées avec le nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), elles sont déjà toutes attribuées », rappelle Véronique Laflamme. Le FRAPRU insiste sur le caractère scandaleux de cette absence de fonds et de prévisibilité, alors que les conditions de vie et de logement des locataires se détériorent à vitesse grand V.

Selon le FRAPRU, les deux paliers de gouvernements doivent réajuster le tir rapidement. Il leur demande d’en faire une priorité de leurs prochains budgets et de planifier le financement de 50 000 nouveaux logements sociaux en 5 ans, autant sous forme de constructions neuves que par l’achat d’immeubles locatifs bâtis et leur transfert à des coopératives, des OSBL et-ou des offices d’habitation, pour les sortir du marché afin de préserver leur abordabilité. Le FRAPRU portera ces messages dans le cadre des consultations pré-budgétaires et poursuivra au début de l’année 2023 la tournée des régions qu’il a entreprise à l’automne, pour mettre en lumière, avec un char allégorique, les besoins locaux des ménages mal logés et les projets de logements sociaux – en mal de financement – portés dans les différentes communautés.

Éric Beaupré
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