DRUMMONDVILLE
Neuf infirmières et infirmières auxiliaires en soin de longue durée ont démissionné depuis un mois et plusieurs sont en arrêt de travail parce qu’elles sont à bout de faire du temps supplémentaire obligatoire.
Des infirmières et infirmièrs auxiliaires ont manifesté jeudi matin (23 août) devant le CHSLD Frederick-George-Heriot, représentées par la FIQ-Syndicat interprofessionnel en soins de la Mauricie et Centre-du-Québec qui se dit très préoccupée par l’épuisement de ses membres.
«Les gens commencent à être agressifs quand ils entrent au travail parce qu’ils ne savent pas s’ils vont pouvoir retourner après leur quart», explique Brigitte Roy, vice-présidente du FIQ-SPSMCQ.
Roberto Bomba, trésorier et coresponsable de la négociation à la FIQ, parle d’une situation de crise. Au cours des deux derniers mois, 138 quarts de travail en heures supplémentaires obligatoires ont été effectués, ce qui serait pire que les autres étés.
«C’est du travail forcé qui est totalement inacceptable en 2018», proteste-t-il.
Bomba interpelle le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barette, pour que le travail supplémentaire obligatoire cesse une fois pour toute.
L’infirmier auxiliaire Éric Beaulieu déplore avoir été suspendu pendant un jour parce qu’il a refusé de faire du travail supplémentaire obligatoire, malgré les billets de son médecin indiquant que c’était nuisible pour sa santé.
«Ça risque de dégénérer», croit-il.
Les usagers écopent
Les manifestants trouvent dommage que les usagers écopent du manque de personnel. Par exemple, certains auraient droit à un bain seulement aux deux ou trois semaines.
De plus, les risques d’erreurs sont plus importants lorsque les infirmières se sentent fatiguées parce qu’elles ont été obligées de travailler plus longtemps.
C’est sans parler du manque de préposés aux bénéficiaires et des urgences qui surviennent régulièrement avec cette clientèle vulnérable.
Photo Éric Beaupré | L’infirmière Caroline Houde et l’infirmier auxiliaire Éric Beaulieu ont donné des exemples déplorables qu’ils vivent au travail.
Dimanche soir, l’infirmière Caroline Houde a dû s’occuper pendant 1 h 30 d’une dame qui saignait abondamment à la suite d’une chute, le temps que les ambulanciers arrivent. Trouver de la relève pour dépanner, dans les circonstances, est un véritable casse-tête.
«Nous sommes inquiètes pour la qualité et la sécurité des soins dans la région et nous voulons que la direction agisse rapidement», exprime Mme Roy.
Les infirmières ne veulent pas attendre que des décès surviennent pour bouger.
Cette situation que les infirmières qualifient d’aberrantes toucherait également l’Accueil Bon-Conseil ainsi que le pavillon d’Youville et la gériatrie à l’hôpital Sainte-Croix.
Solutions
Le syndicat presse l’employeur de trouver des solutions durables. La présidente du FIQ-SPSMCQ, Nathalie Perron, réclame une meilleure stabilité dans les équipes de travail au lieu d’octroyer fréquemment des postes de deux jours seulement. (ENTREVUE VIDÉO)
Images Éric Beaupré | Entrevue Caroline Lepage
Elle souhaite plus d’ouvertures de postes à temps complet. Actuellement, environ une infirmière sur deux serait embauchée à temps partiel et trois infirmières auxiliaires sur quatre.
Des ratios de patients sécuritaires sont également revendiqués pour alléger la charge de travail.