DRUMMONDVILLE
Ha, l’été! Enfin! C’est le moment de l’année où on a envie de se lever de nos canapé – qui ont probablement la trace de nos fesses imprimée dessus après l’hiver – et de laisser nos écrans derrière pour profiter du beau temps. Qui dit profiter du beau temps dit souvent consommation d’alcool ou de drogues, je ne pense pas vous faire de révélation choc. Qui dit beau temps dit aussi bals, bars, terrasses, festivals, fêtes de la Saint-Jean-Baptiste et fête du Canada… On dit également regroupements autour d’un feu de joie avec un fond de guitare sèche et une personne qui, si l’on est chanceux, chante sur la bonne note. Sinon, c’est souvent une cacophonie de personnes saoules et c’est tout de même très amusant!
Mais qui dit consommation dit aussi quelque chose d’un peu plus sombre… Les agressions sexuelles. Cette chronique est un rappel important sur la notion le consentement dans un contexte de consommation. Voici des informations légales provenant de la page internet suivante : Le consentement sexuel | Éducaloi (educaloi.qc.ca) :
Le partenaire doit être capable de donner son consentement
Une personne doit être capable de donner son accord pour que son consentement soit valide. La loi prévoit certaines situations où le consentement d’une personne n’est pas valide.
Intoxication sévère à l’alcool ou aux drogues
Une personne qui a consommé de l’alcool ou des drogues peut généralement consentir à des gestes sexuels, même si ses facultés sont affaiblies. Toutefois, son consentement ne sera pas valide si elle ne sait plus ce qu’elle fait ou qu’elle est inconsciente.
Rappelons-nous qu’une agression sexuelle n’est pas un besoin sexuel incontrôlable, mais bien une prise de pouvoir sur l’autre par l’outil de la sexualité. Alors, voici comment j’aime expliquer la loi sur le consentement éclairé : le fait de profiter de l’état d’intoxication d’une personne pour avoir une relation sexuelle avec elle alors qu’en général, celle-ci aurait probablement refusé, c’est une prise de pouvoir! C’est d’ignorer totalement le consentement de la personne et d’utiliser une vulnérabilité (l’état d’intoxication) à son avantage. Le mot profiter ici est très important.
Lisez-moi bien : je ne parle pas de deux personnes qui ont un peu consommé et qui ont une relation sexuelle enthousiaste, avec un consentement clair (langage corporel affirmatif) et dont tous les deux se sentent libre de refuser ou d’accepter la relation sexuelle. Non, je parle d’une personne qui attend qu’une autre personne ait un jugement altéré par une substance (alcool, drogue), donc un état vulnérabilisé, pour accéder à une relation sexuelle. Il y a une différence entre : « Oups, on a eu une relation sexuelle et on a aimé ça les deux alors qu’on avait consommé! » versus « Je me suis dit que, quand elle allait être saoule, elle n’allait plus vraiment être capable de refuser et que ça allait être un bon moment pour m’essayer. » La prise de pouvoir est évidente dans la deuxième situation, ce qui fait donc de la situation une agression sexuelle.
Oh, et pourquoi ne pas briser un autre mythe ensemble : « Une personne qui consomme n’a pas fait attention et l’a un peu cherché… Elle avait juste à moins boire. » On entend cette phrase fréquemment (je suis heureuse pour vous si ce n’est pas votre cas). Ce qui cloche, c’est que cette phrase est majoritairement utilisée envers les femmes. Au contraire, on en fait une excuse pour les hommes : « Il avait beaucoup consommé, il ne savait plus ce qu’il faisait, ce n’est pas vraiment sa faute. » C’est un double standard destructeur qui, une fois de plus, met la responsabilité sur la victime et déculpabilise la personne qui agresse. On doit changer nos façons de penser. « La personne n’aurait pas dû profiter de l’état d’intoxication de l’autre pour avoir une relation sexuelle avec elle. » Tout le monde devrait pouvoir s’amuser dans la sécurité de son intégrité physique. D’autant plus qu’excuser un comportement criminel à cause de la consommation d’alcool semble fonctionner seulement pour les agressions sexuelles. Quelqu’un qui ferait un accident de voiture parce qu’il aurait bu ne s’en sortirait jamais en disant : « Oui, mais monsieur l’agent, ce n’est pas ma faute, j’ai bu, je ne savais plus ce que je faisais! » Ajoutons par-dessus tout ça qu’il faut se poser des questions si votre consommation vous donne envie de prendre le pouvoir sur quelqu’un!
Bref, avant d’avoir une relation sexuelle avec une personne qui a consommé, assurez-vous que cette personne ait un jugement suffisamment éclairé pour donner un réel consentement. En cas de doute, abstenez-vous et remettez le projet à un autre moment! Comment sait-on si une personne est assez éclairée? Si la personne déparle, si elle ne marche plus droit, si elle s’esclaffe ou pleure pour un rien… Elle est saoule, donc elle n’est définitivement pas éclairée!
Oh, et en passant, avec l’été vient les tenues qui dévoilent plus de peau. Petit rappel amical : ce n’est également pas une justification pour agresser sexuellement! En fait, il n’y a aucune justification pour agresser sexuellement.
Je vous souhaite des rayons de soleil enveloppants et des gorgées d’été délicieuses, dans la sécurité et le plaisir!
Paule Blanchette
Intervenante, CALACS La passerelle.