_{Le procureur de la Couronne Me Jean-Philippe Garneau a permis de mener à la condamnation de plusieurs accusés dans un dossier majeur de traite de personnes et de prostitution juvénile qui opérait à partir de Drummondville. @ Crédit photo Éric Beaupré / Vingt55 – Tous droits réservés.}

Le ministre de la Sécurité publique, Ian Lafrenière, et la députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, ont annoncé ce lundi un appui de 7,57 millions de dollars destiné à soutenir les équipes intégrées de lutte contre le proxénétisme (EILP) et contre la pornographie juvénile (EILP-J). Ces équipes, actives à Montréal, Québec, Laval, Longueuil et Gatineau, ont permis depuis 2021 de mener plus de 780 arrestations liées à des dossiers d’exploitation sexuelle de mineurs.

« Ces équipes effectuent un travail essentiel sur le terrain. Les enquêtes sont complexes, mais elles ont déjà permis de démanteler des réseaux actifs dans plusieurs régions du Québec. La lutte à ce fléau demeure une priorité », a rappelé le ministre Lafrenière.

« Les résultats parlent d’eux-mêmes. Chaque arrestation représente un jeune protégé, une victime soutenue et un réseau neutralisé », a ajouté Mme Lecours, qui a salué « le courage et la rigueur des enquêteurs et enquêteuses ».

Pour l’instant, cette aide financière importante annoncée par le ministère de la Sécurité publique vise exclusivement les services de police municipaux des grandes villes, laissant de côté, dans cette annonce, les territoires desservis par la Sûreté du Québec. Bien que le ministère ait déjà annoncé et mis en place certaines mesures au cours des dernières années, le problème demeure préoccupant et bien présent dans la MRC de Drummond.

Plusieurs organismes et partenaires du milieu déplorent la difficulté à trouver le financement nécessaire pour mettre en œuvre des mesures de prévention et d’intervention efficaces. Des initiatives comme celles de SécuriFest et du CALACS La Passerelle, qui visent à offrir des programmes de sensibilisation et de sécurité lors d’événements publics, demeurent essentielles, alors que la prostitution, l’exploitation sexuelle et les crimes qui y sont liés continuent de représenter une réalité inquiétante dans la région.

En effet, le plus récent rapport annuel des activités policières de la MRC de Drummond fait état d’une diminution globale de 7,3 % du nombre d’infractions criminelles et de délits mineurs pour la période 2024-2025. Les bilans ont été présentés par le Comité de sécurité publique (CSP) de la MRC.

Hausse des crimes violents et des crimes contre la personne dans la MRC de Drummond

Cependant, à Drummondville même, la tendance s’inverse : la ville a enregistré une hausse de 5,6 % des infractions, principalement en raison de l’augmentation des voies de fait. Les crimes contre la personne, incluant les agressions sexuelles, les vols qualifiés ainsi que les dossiers liés à la prostitution, à la prostitution juvénile, à la pauvreté et à l’itinérance, demeurent préoccupants, puisque Drummondville figurait déjà, selon les données rendues publiques par Statistique Canada, parmi les milieux urbains où ce type de criminalité affiche la plus forte progression. Plusieurs dossiers sont toujours devant les tribunaux, illustrant la complexité et la persistance de ce phénomène criminel dans la région.

Drummondville : un carrefour stratégique pour les réseaux

Le procureur de la Couronne Jean-Philippe Garneau a permis de mener à la condamnation de plusieurs accusés dans un dossier majeur de traite de personnes et de prostitution juvénile qui opérait à partir de Drummondville.

Si ces sommes visent en priorité les grands centres urbains, Drummondville se trouve aujourd’hui au cœur d’une problématique régionale croissante. Sa situation géographique centrale, à proximité des autoroutes 20 et 55, en fait un point de passage et de recrutement privilégié pour les réseaux de prostitution et de traite de personnes.

Les enquêteurs de la Sûreté du Québec à Drummondville, épaulés par l’Équipe mixte d’enquête sur l’exploitation sexuelle des mineurs, ont d’ailleurs été sollicités dans un dossier criminel ayant conduit à la condamnation d’un groupe de personnes au cours des derniers mois et de la dernière année à Drummondville. Ce dossier confirme que la région connaît une recrudescence d’activités liées à l’exploitation sexuelle et à la présence d’individus affiliés à des réseaux criminels. La Sûreté du Québec de la MRC de Drummond poursuit ses efforts pour contrer la prolifération et le recrutement liés à la prostitution juvénile.

Des organismes communautaires en demande de ressources

Les organismes locaux spécialisés en prévention et en soutien aux victimes soulignent eux aussi l’urgence d’une meilleure coordination et d’un financement accru en région à Drummondville et au Centre-du-Québec

Une collaboration essentielle entre paliers policiers

La Sûreté du Québec collabore étroitement avec les services municipaux et les unités spécialisées de Montréal et de Québec. Des échanges d’information et des opérations conjointes sont régulièrement menés pour cibler les réseaux interrégionaux.

Une vigilance partagée

Les citoyens sont invités à demeurer vigilants et à signaler tout comportement suspect à la Sûreté du Québec. Chaque signalement, rappellent les policiers, peut faire la différence entre une victime libérée et un réseau qui se maintient dans l’ombre. Comme l’a révélé récemment un procès tenu au palais de justice de Drummondville, la vigilance des policiers a permis de retirer une jeune Drummondvilloise d’un réseau de prostitution.

Si les grandes villes concentrent encore la majorité des ressources dédiées à la lutte contre l’exploitation sexuelle, la réalité sur le terrain montre que Drummondville et le Centre-du-Québec sont désormais au cœur de la problématique. La SQ, en collaboration avec les organismes et les citoyens, continue de mener cette bataille quotidienne, souvent discrète mais essentielle, contre une criminalité qui s’adapte et se déplace.