DRUMMONDVILLE

Cégep de Drummondville © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
Un palmarès et une approche remis en question par le vice-président de la CSQ, Mario Beauchemin.
Les données présentées ont été cumulées d’après les cinq dernières cohortes d’étudiants, soit de 2011 à 2015 pour les programmes préuniversitaires et de 2010 à 2014 pour les programmes techniques, et, selon la méthodologie fournie par le palmarès, en fonction de 13 programmes sélectionnés, sur la moyenne générale au secondaire des étudiants basée sur l’écart entre le taux de diplomation réel et prédit.
Le Cégep de Drummondville arrive au 48e rang sur les 52 cégeps recensés dans le palmarès avec un taux de diplomation de 83,4 %, tandis que, pour sa part, selon le même palmarès, le Cégep de Victoriaville obtient la 43e position avec un taux de diplomation de 85,1 %.
« À quoi peut bien servir une telle publication? À orienter le choix des étudiantes et étudiants et des parents? Ce serait vraiment dommage de baser un choix aussi important et marquant sur des résultats de diplomation qui utilisent un modèle prédictif à partir de notes du secondaire, sans tenir compte de la multitude de facteurs qui peuvent influencer le parcours des étudiantes et des étudiants, comme leurs conditions socio-économiques, par exemple, et qui ont aussi un impact sur la diplomation », déplore Mario Beauchemin, vice-président de la CSQ.
Une enseignante contactée par le Vingt55 a également tenu à prendre position :
« Les palmarès de ce genre sont le reflet d’une société axée sur la performance. On sait, dans le milieu de l’éducation, que la gestion axée sur la performance n’apporte pas que du bon. Il y a une pression indue sur les enseignants, il y a des directions qui modifient des notes sans le consentement des enseignants pour « faire passer des élèves » qui n’ont pas acquis les compétences nécessaires, tout ça dans le but de mieux paraître sur le plan statistique. Or, derrière ces chiffres, il y a des réalités humaines, des milieux socio-économiques qui influencent le parcours de scolarité de chacun et ça, ce n’est clairement pas démontré dans une telle analyse. À quoi cela peut-il bien servir sinon qu’à faire en sorte que des gestionnaires se pètent les bretelles, tandis que d’autres ne peuvent que continuer à espérer qu’un miracle ne survienne dans leur milieu? »
Pour la Centrale, cette publication est une aberration qui ne fait que renforcer une approche clientéliste du parcours collégial.
Les résultats de performance de diplomation utilisés constituent une approche élitiste qui dévalue le parcours des étudiantes et étudiants des établissements qui y sont mal cotés. Qui plus est, ce type de publication a aussi un effet démobilisateur sur le personnel, dans un contexte déjà difficile.
C’est donc beaucoup d’énergie investie à comparer les établissements, alors que la Centrale défend plutôt les principes d’inclusion et d’une plus grande accessibilité aux études supérieures. Il est aussi très clair, pour la CSQ, que ce palmarès n’est en rien un indicateur de performance du réseau collégial, contrairement à ce que laisse entendre le dossier.
Dans le contexte particulièrement difficile des deux dernières années, la CSQ réclame des réinvestissements dans les cégeps pour soutenir les apprentissages et revendique des campus à échelle plus humaine. Or, ce matin, la publication du Journal de Montréal et du Journal de Québec propose plutôt une évaluation basée sur des résultats de performance et présente des portraits incomplets des établissements et du parcours qu’ils offrent, sans prendre en compte les différentes réalités des campus.
« Un campus collégial, c’est tellement plus! C’est un milieu de vie étudiante, un passage qui laisse un réel impact chez les étudiantes et les étudiants qui va bien au-delà des taux de diplomation froidement et partiellement calculés. Bien franchement, on se demande à qui servent le plus ces palmarès, si ce n’est qu’à faire vendre des copies », conclut le vice-président de la CSQ.