Enseignement supérieur : La Fédération des Cégeps s’engage à prioriser et à nourrir l’envie des Études Supérieures

Enseignement supérieur : La Fédération des Cégeps s’engage à prioriser et à nourrir l’envie des Études Supérieures
@ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

À l’occasion de la rentrée scolaire dans les 48 établissements du réseau collégial public, la Fédération des cégeps a présenté vendredi dernier un aperçu des priorités en fonction desquelles elle orientera ses actions et ses représentations en 2023-2024. Elle entend s’arrimer aux préoccupations des établissements qu’elle représente dans la perspective de contribuer à relever les défis que le Québec doit affronter.

@ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

Pour la Fédération, ces priorités devraient participer d’une volonté collective, voire d’un projet de société destiné à éveiller chez la population québécoise et tous les autres acteurs concernés un intérêt durable pour l’enseignement supérieur.

« Il devrait être acquis que des études supérieures préparent les personnes à faire face aux changements émanant notamment de la transition technologique et numérique, et des enjeux démographiques et environnementaux. Il devrait aussi aller de soi qu’acquérir une solide formation générale à l’enseignement supérieur est plus important que jamais face à la multiplication des sources d’information. L’avènement de l’intelligence artificielle s’avère en ce sens une problématique à la fois enthousiasmante et préoccupante. Bien que les niveaux d’enseignement primaire et secondaire au Québec constituent des leviers incontournables sur les plans éducatif et social, il relève de la plus haute importance qu’on encourage collectivement davantage les jeunes à poursuivre des études supérieures. Le travail amorcé avec le rapport Parent et la Révolution tranquille n’est pas terminé : il faut hausser le niveau de savoir et de compétences des jeunes et des adultes en misant davantage sur les établissements d’enseignement supérieur pour assurer notre avancement comme société. Il en va de notre avenir dans un monde dont la marche s’accélère », a indiqué le président-directeur général de la Fédération des cégeps, M. Bernard Tremblay.

Nourrir l’intérêt pour le diplôme d’études collégiales

Selon la Fédération, une société sans diplômés d’études supérieures est minée dans son processus d’évolution, alors que son développement économique et social est par le fait même menacé de stagnation. Devant une telle occurrence, c’est sa place sur l’échiquier mondial qui est remise en question. Parmi les enjeux d’actualité, le nombre de jeunes qui passent directement du secondaire au collégial demeure trop bas, soit dans des proportions de 70,9 %; celui du décrochage scolaire, bien que difficile à quantifier, reste préoccupant.

Dans un tel contexte, il est primordial que tous les acteurs de la société, mais en particulier ceux de l’éducation et de l’enseignement supérieur, se concertent afin de déployer des efforts pour donner aux jeunes l’envie de poursuivre leurs études au-delà du 5e secondaire, estime la Fédération. Il faut également stimuler chez les travailleuses et les travailleurs la volonté de rehausser leurs compétences et de se former de manière continue dans un établissement d’enseignement supérieur.

Se nourrir de l’apport des cégeps dans leur communauté

En 2023-2024, en plus de démontrer l’urgence de susciter une profonde réflexion sur l’enseignement supérieur, la Fédération voudra rappeler que le Québec peut s’appuyer sur les cégeps, des établissements publics accessibles, pour profiter entre autres de plus de 140 programmes de DEC préuniversitaires et techniques, des formations plus courtes (AEC et certifications collégiales, notamment), et des formations aux entreprises. Présents sur l’ensemble du territoire du Québec pour accueillir jeunes et adultes, les cégeps travaillent de concert avec leur communauté pour répondre aux besoins locaux et régionaux. Puisqu’il s’agit là d’un atout indéniable pour le Québec, il est impératif de mieux les valoriser et les promouvoir, afin que ces établissements puissent toujours s’arrimer aux besoins changeants des étudiantes et des étudiants ainsi qu’à la réalité socioéconomique évolutive du Québec. Il est judicieux de rappeler, comme l’a fait l’économiste Pierre Fortin dans son étude L’effet des cégeps du Québec sur le nombre total d’années de scolarité, publiée dans la revue canadienne Analyse de politiques de septembre 2022, l’apport inestimable des cégeps depuis leur création, estime la Fédération. Cette étude démontre que le cégep a permis au Québec de rattraper son retard par rapport à l’Ontario en ce qui a trait au nombre de diplômes postsecondaires. Ce rattrapage, veut aussi souligner la Fédération, s’est effectué grâce à l’édification d’un réseau public d’établissements collégiaux, des établissements ouverts et inclusifs qui ont permis à des jeunes de toutes conditions sociales et économiques d’accéder gratuitement à des études supérieures dans leur région. Il s’agit d’un choix de société qu’il faut réaffirmer, pour la Fédération, qui insiste sur l’importance de continuer à soutenir ce réseau public et d’accueillir davantage de jeunes et d’adultes dans ce qui constitue notre plus puissant vecteur de démocratisation du savoir et meilleur agent de progrès social et économique.

La Fédération entend non seulement souligner l’ensemble de ces messages tout au long de la prochaine année, mais elle réclamera également qu’on investisse davantage dans les infrastructures des cégeps. Ces derniers pourront ainsi offrir un milieu d’études et de vie plus attractif pour les jeunes. Des campus modernes, sécuritaires et adaptés aux réalités actuelles et futures seront également revendiqués. La question du logement étudiant devra aussi faire l’objet d’une attention particulière, puisqu’elle constitue désormais un enjeu mettant en péril la réussite du parcours scolaire, et par conséquent, la diplomation. La Fédération s’attend à voir le gouvernement agir pour éviter que les cégeps perdent des étudiantes et des étudiants en raison de leur incapacité à trouver un toit.

Nourrir le goût de la langue française, langue commune

L’avenir du français s’impose comme un enjeu de plus en plus préoccupant. Le gouvernement a d’ailleurs adopté des mesures législatives et règlementaires en ce sens. La Fédération croit que le Québec devrait mettre à contribution les cégeps pour soutenir la valorisation du français en exposant davantage les jeunes à sa culture francophone. Les cégeps pourraient par exemple élargir leur offre d’activités culturelles en français, encourager la découverte d’œuvres culturelles reflétant la diversité de la population québécoise ou encore, favoriser davantage la création et l’expression culturelles en français chez leur population étudiante.

Les établissements du réseau collégial public sont des lieux de savoir, de création et de diffusion qui peuvent stimuler l’envie de créer et d’aller à la rencontre d’œuvres en français dans le cadre d’activités pédagogiques ou autres.

Par ailleurs, comme l’a démontré le rapport d’expertes publié par le ministère de l’Enseignement supérieur en mars dernier, et comme le soulignait déjà la Fédération des cégeps dans son rapport La réussite au cégep : regards rétrospectifs et prospectifs en 2021, la maîtrise du français est une condition déterminante pour la réussite des études au collégial. En 2023-2024, la Fédération veut faire de cette question une autre de ses priorités. Elle entend rappeler que les cégeps peuvent accentuer leurs actions à cet égard, en réitérant aussi que l’adoption des meilleures pratiques en matière de réussite — des pratiques qu’elle a elle-même identifiées en 2021 dans son propre rapport — pourra favoriser une maîtrise accrue de la langue française au sein de la population étudiante des cégeps.

Nourrir le sens de l’innovation et de la recherche

Les cégeps sont considérés comme une composante de l’enseignement supérieur parce qu’ils mènent des activités de recherche, comme le veut leur mission. Alors qu’une réflexion sur la place de la recherche dans les cégeps s’amorcera cet automne, dans le cadre d’une rencontre organisée par le ministère de l’Enseignement supérieur et le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, la Fédération voudra réitérer l’importance de la recherche menée dans les établissements du réseau collégial public, ainsi que dans les centres collégiaux de transfert de technologie. Objectif : faire ressortir le sens de l’innovation qui caractérise les cégeps depuis leur création. Dans une société en transformation, le développement socioéconomique passe par l’innovation. La Fédération des cégeps publiera d’ailleurs à cet égard un mémoire en octobre prochain dans le cadre du chantier sur la recherche collégiale.

Depuis plus de 50 ans, les cégeps constituent eux-mêmes une innovation sociale majeure dans l’histoire du Québec. Leur rôle dans l’écosystème de la recherche et de l’innovation n’est toutefois pas encore reconnu à sa juste valeur. La Fédération s’attend à ce qu’une telle reconnaissance ainsi qu’un soutien conséquent soient accordés aux cégeps afin qu’ils puissent accroître leur contribution au développement du Québec et de ses régions en matière d’innovation sociale et technologique.

Se nourrir de la vision de Guy Rocher

En 2024, Guy Rocher, l’un des acteurs de la Commission Parent et signataire du rapport Parent, célèbrera son 100anniversaire de naissance. Les travaux de Guy Rocher et de ses collègues de la Commission Parent, ainsi que le rapport qui en a découlé, ont constitué la pierre angulaire de la Révolution tranquille. Par conséquent, celui que la Fédération a souvent désigné comme « le père des cégeps », lui décernant même le Prix Guy-Rocher, incarne aujourd’hui ce moment charnière où le Québec s’est peu à peu mué en société moderne. Cependant, malgré le fait que le Québec s’était alors pris en main en créant notamment les cégeps, en 1967, pour démocratiser l’accessibilité aux études supérieures gratuites et laïques, plus de 50 ans plus tard, il subsiste toujours des enjeux importants d’accessibilité, en ce qui concerne notamment les garçons, les étudiants et les étudiantes de première génération et les autochtones.

Dans un contexte où l’abondance des emplois menace de surcroit la fréquentation et la persévérance aux études, la Fédération des cégeps considère qu’il faut revenir aux objectifs de la Commission Parent en adoptant une stratégie pour poursuivre les efforts de scolarisation. C’est d’autant plus vrai que l’étude Incidence de la structure scolaire et collégiale sur la littératie des régions publiée par la Fondation pour l’alphabétisation en juin dernier démontre que les MRC qui ne peuvent offrir un accès aux études collégiales à proximité ont une diplomation collégiale et universitaire plus faible au sein de leur population. Or, en plus d’une formation spécifique de haut niveau, des compétences générales sont de plus en plus essentielles pour faire face aux changements rapides du monde actuel et à ses enjeux, que ce soit au niveau politique, économique ou social. En 2023-2024, la Fédération soulignera le 100e anniversaire de Guy Rocher. Elle souhaite rappeler la contribution majeure de ce sociologue émérite à la démocratisation de l’accès au savoir pour toutes les Québécoises et pour tous les Québécois ainsi que les motivations que véhiculait le rapport Parent. Elle espère également susciter une prise de conscience quant aux actions essentielles qui restent à entreprendre.

Enfin, en cohérence avec sa vision du développement du Québec et de sa population face aux défis à relever, la Fédération tiendra, le 2 novembre prochain, à Lévis, son congrès bisannuel sur le thème Nourrir l’envie des études supérieures.

La Fédération des cégeps est le regroupement volontaire des 48 collèges publics du Québec. Elle a été créée en 1969 dans le but de promouvoir le développement de la formation collégiale et des cégeps. Elle agit comme porte-parole officiel et lieu de concertation des cégeps, à qui elle offre des services en matière de pédagogie, d’affaires étudiantes, d’affaires internationales, de formation continue et de formation aux entreprises, de financement, de recherche, de ressources humaines, d’évaluation de la scolarité, d’affaires juridiques, de ressources informationnelles, de négociation et de relations du travail. La Fédération des cégeps représente les collèges pour la négociation des conventions collectives. www.fedecegeps.ca.

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Éric Beaupré
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