DRUMMONDVILLE
Jacob St-François prend le chemin du pénitencier © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.
C’est entouré de proches que l’accusé, Jacob St-François, s’est présenté au palais de justice vendredi. Bien informés que la sentence en serait une privative de liberté, les constables spéciaux ont rapidement accueilli l’accusé, avant de le diriger vers le banc des accusés. La victime, une jeune adolescente, était pour sa part soutenue par le CAVAC.
Initialement, St-François avait été arrêté et formellement accusé, en septembre dernier, à la suite d’une opération policière menée par la Sûreté du Québec, d’avoir, entre le 12 décembre 2019 et le 9 septembre 2020, téléchargé et partagé du contenu et des images de pornographie juvénile. En effet, l’enquête a permis de retracer pas moins de 317 fichiers d’images pornographiques, essentiellement sur le téléphone cellulaire du suspect. Les images avaient été déposées comme preuves par la procureure de la couronne, Me Vicky Smith.
Agressée sexuellement sur une période de 4 ans, la jeune victime dénonce
C’est grâce à la médiatisation des accusations criminelles en matière de pornographie juvénile que la jeune victime a reconnu et dénoncé son agresseur, a affirmé Me Smith lors de la comparution. « La jeune fille a rapporté aux enquêteurs qu’il l’avait agressée sexuellement à au moins une dizaine de reprises, entre décembre 2017 et août 2020 ». Cette dénonciation a permis aux enquêteurs et au DPCP d’ajouter des accusations de contacts et d’incitation à des contacts sexuels aux chefs d’accusation qui pesaient contre Jacob St-François.
Le Vingt55 a assisté à la comparution, alors que la victime a pu être entendue. Celle-ci a exprimé toute la douleur et la souffrance qu’elle a vécues aux mains de son agresseur, aujourd’hui âgé de 24 ans, agresseur qu’elle considérait comme un grand frère, a rappelé la procureure de la couronne lors de l’exposé des faits.
La jeune adolescente n’a pas manqué de rappeler à l’accusé la gravité des gestes qu’il a commis envers elle : « Depuis les événements, je suis très triste. Durant ces quatre années d’agressions, je me posais plein de questions, je me demandais pourquoi moi, pourquoi je devais subir tout ça ? Je n’ai rien demandé, je me sentais comme son objet sexuel. Ces agressions sexuelles m’ont complètement détruite de l’intérieur, j’ai souffert en silence pendant ces quatre longues années, car je ne voulais pas tout détruire autour de moi pendant que je pleurais tous les soirs de peur, de colère et de tristesse. Tu vivais ta belle vie et tout allait bien pour toi. Comment as-tu pu me faire ça? Tous les bons mots que tu m’as dits au fil des années étaient simplement pour gagner ma confiance. Tout ce que tu m’as fait est inacceptable, je n’avais pas à vivre ça. Si tu n’avais pas pris le droit de faire de moi ton objet sexuel, j’irais beaucoup mieux aujourd’hui. Tu as détruit absolument tout ce que j’avais sur moi, j’ai vécu sans aucune confiance en moi, je suis démolie, je n’ai plus confiance en rien, en personne, je me méfie des hommes dans ma vie, car je me dis que si toi tu as été capable de me faire ça, n’importe qui pourrait. Je ne sais pas si je pourrai te pardonner un jour, j’ai un immense travail à faire sur moi et je dois réapprendre à aimer, à aimer mon corps et à aimer ma vie. » C’est ainsi que la jeune victime a conclu son témoignage, s’adressant courageusement et avec aplomb à l’accusé devant le tribunal.
L’honorable juge Marie-Josée Ménard a rappelé la gravité des gestes déviants et des conséquences pour la victime qui, contrairement à lui, vivra des conséquences bien plus longues que sa peine de prison, quelle qu’elle soit. Rappelant qu’aucune société qui se respecte n’accepte qu’un adulte réponde à ses besoins sexuels en utilisant une enfant, qui, dans le cas présent, avait à peine 10 ans au début de la longue période d’agressions, l’honorable juge Ménard a servi une longue mise en garde à l’accusé, qui se tenait, menottes aux poignets, au banc des accusés.
L’accusé, sans antécédent, a reconnu ses gestes et a plaidé coupable à la première occasion, a rappelé son avocat, Me Marc-André Beaulieu, ce qui constitue selon lui un facteur atténuant, en plus des démarches entreprises auprès de psychologues par l’accusé. « Ce n’est pas maintenant que vous avez les menottes aux poignets que vous deviez réaliser votre déviance et demander de l’aide », a insisté la juge, « c’est quand vous avez commencé à taponner la petite fille, c’était là que ça devait vous sonner la cloche pour aller chercher de l’aide », a-t-elle ajouté directement à Jacob St-François.
« Tout comme votre consommation de pornographie juvénile, ce sont de vrais enfants qui y figurent, tantôt de très jeunes bébés, tantôt des enfants et de jeunes adolescentes qui sont, eux et elles aussi, victimes de votre défiance ». La juge a également rappelé qu’il y a des victimes, dans ces images, qui ne seront jamais entendues et que le tribunal doit en tenir compte. « Ce sont eux aussi des victimes d’adultes comme vous », a-t-elle ajouté en lien avec les accusations de pornographie juvénile.
« Vous avez un comportement déviant bien présent, comme le souligne également le rapport sexologique déposé par la procureure de la Couronne. Vous aurez des choix à faire et des décisions à prendre sur votre avenir et pour le jour où vous sortirez de prison », a par ailleurs suggéré la juge. « Le pénitencier, ça change une vie, surtout pour une personne qui, comme vous, y va pour une première sentence. Ce n’est pas la même game que pour quelqu’un qui a déjà fait de la prison », a d’ailleurs ajouté la magistrate lors de l’imposition de la sentence.
Une sentence de pénitencier et un message clair : « Nous voulons vous tenir loin des enfants », a précisé l’honorable juge.
La juge a entériné la suggestion commune des avocats en imposant une sentence d’emprisonnement de quatre années. Jacob St-François devra également fournir un échantillon d’ADN et sera inscrit au registre des délinquants sexuels à perpétuité, en plus de se voir interdit d’être, éventuellement, en présence de la victime. Il lui sera également interdit, pour une période de 10 ans, de communiquer avec la victime, de fréquenter des parcs publics, des garderies, des terrains de jeux ou de se retrouver en présence de personnes de moins de 16 ans.
Jacob St-François prend le chemin du pénitencier © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.