Premier spectacle présenté dans le nouveau et magnifique Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis, anciennement le St-Denis 2, « Mon île, mon cœur » est un véritable tour de force. C’est nul autre que le collectif Les 7 doigts de la main qui signe cette création exclusive, avec la présence du chevronné Didier Lucien. Tout au long des deux heures vingt minutes de spectacle (avec entracte), nous traversons quatre saisons dans la ville de Montréal et nous assistons à des rencontres festives et dynamiques entre les personnages, en différents tableaux, à une histoire d’amour qui se termine un peu mal, aux doutes d’un personnage venu de loin, qui trouvera néanmoins sa voie grâce aux amitiés forgées dans la métropole québécoise. L’immigration est au cœur de ce spectacle, avec une chanson thème chantée à la fois en français, en anglais et en espagnol par trois interprètes des 7 doigts de la main.

Ce spectacle est une véritable fête (celle de Montréal, mais assurément celle du cirque aussi et de tous les talents qui font partie de ce spectacle) où les numéros, tous plus impressionnants les uns que les autres, n’en finissent plus de nous épater et de nous émouvoir. La troupe des 7 doigts de la main exécute chaque tableau avec grâce et sensibilité, nous donnant l’impression que ce qu’elle fait est tellement facile que l’on a envie de la rejoindre sur scène pour l’accompagner (spectateurs, vous abstenir, c’est une manière de parler!). Tout le monde danse, chante, joue de la musique, jongle et s’adonne à des acrobaties, parfois au-dessus du sol de manière vertigineuse, frissons garantis.

En entrevue au Vingt55, le comédien Didier Lucien parle ainsi de l’équipe des 7 doigts de la main :

« Les circassiens sont fabuleux, je ne sais pas si c’est l’apogée de leur carrière, mais je les trouve tellement bons! Il y en a à qui j’ai enseigné à l’école de cirque, et ils ont tellement évolué, c’est époustouflant. Au niveau des performances physiques, c’est extraordinaire. J’ai des moments d’émerveillement tous les soirs, d’être à côté d’eux et de les voir performer. La musique est super bonne. Les circassiens jouent des instruments de musique et je ne comprends pas où ils ont trouvé le temps d’apprendre à en jouer. Parce que j’ai su plus tard, dans le processus, que plusieurs d’entre eux jouaient d’un instrument pour la première fois ou n’avaient jamais chanté sur scène auparavant », confie le comédien, aussi enjoué qu’impressionné.

La mise en scène n’a rien de traditionnel. En plus de la scène principale, deux scènes rondes ont été ajoutées en plein centre de la salle, parmi les spectateurs, où de magnifiques numéros de tissus et de trapèze ont lieu. Tous les artistes se promènent dans la salle, au parterre et au balcon, pour donner l’impression de traverser Montréal et garder les spectateurs impliqués activement dans le spectacle. Les trois murs principaux du Studio-Cabaret sont tapissés de projections tout au long de la soirée, nous permettant d’être complètement submergés par le spectacle. La signature visuelle enveloppante est celle d’Yves Aucoin, qui a travaillé avec Céline Dion et le Cirque du Soleil.

« J’aime leur écriture, leur façon de conceptualiser un spectacle », nous confie Didier Lucien en entrevue au sujet des 7 doigts de la main. « Une chose est sûre : ce spectacle brise le moule. »

Force est d’admettre qu’il a raison : ce spectacle ne correspond en rien à ce que nous avons l’habitude de voir.

Le personnage de M. Lucien est rempli de mystère. Ne contribuant pas aux cascades, le personnage qu’il campe nous fait part de réflexions qu’il consigne dans le carnet qu’il tient dans ses mains tout au long de la soirée. Est-ce un guide? Un maître de cérémonie?

« Ce n’est pas lui qui dirige le spectacle », précise le comédien. « C’est peut-être un guide pour les spectateurs, mais il est lui-même à la recherche de ce qu’est Montréal. C’est un explorateur de ville. On l’appelle le passant, mais ce n’est pas sur lui qu’on doit réellement s’arrêter. Il fait quelques commentaires, où il essaie d’émettre une opinion par rapport à Montréal, opinion qu’il est encore en train de développer. Je trouvais intéressant qu’il ne soit pas le gars qui sait tout et qui est au-dessus du public. Il est même en dessous, par moments », ajoute-t-il en riant. « Il va dire ‘’J’ai entendu dire que…’’, ‘’Il me semble que…’’ C’est comme si c’était un itinérant qu’on croise souvent et qui a toujours des choses à raconter. »

Nul besoin d’être Montréalais pour y assister : tant de lumière émane de ce spectacle brillant que vous serez émus, ébahis et heureux. Vous en ressortirez légers et le cœur rempli de gratitude.

Les 7 doigts de la main célèbrent cette année leur vingtième anniversaire professionnel. Ce spectacle est définitivement le plus beau des cadeaux que la troupe pouvait s’offrir. Quant à vous, cher lecteur, chère lectrice, vous ne trouverez pas mieux pour célébrer le début de l’automne.

Présenté au Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis jusqu’au 16 octobre 2022. Une version anglaise, « My Island, My Heart », est également présentée en alternance.

Pour entendre la chanson, c’est par ici : https://www.youtube.com/watch?v=At3Yn8YVQLg

Voyez la bande-annonce sur le site Web :

https://7doigts.com/spectacles/creations/mon-ile-mon-coeur

ARTISTES
Marie-Christine Fournier, Didier Lucien, Natasha Patterson, Pablo Pramparo, Samuel Renaud, BrinSchoellkopf, Louis-David Simoneau, Will Underwood, Marilou Verschelden

Textes et dialogues Shana Carroll et Jean-Philippe Lehoux
Traduction Maureen Roberge
Coach acrobatique Francisco Cruz, Luc Tremblay, Jérémi Lévesque
Paroles Shana Carroll et Colin Gagné

Résumé :

Ce qui nous charme dans une ville, ce qui veut nous y retenir, comment l’expliquer ? Cette voix qui nous murmure : « Reste, ici c’est chez toi », comment l’expliquer ?

Mon île, mon cœur raconte la ville à travers le parcours d’un nouvel arrivant, guidé jusqu’à Montréal par une relation amoureuse éphémère. La première étincelle, rapidement étouffée, laisse place à une autre flamme. Au fil de ce voyage émotif, ses intérêts se transforment, son amour pour Montréal se révèle, et la poursuite initiale d’un amour futile tracera la voie à une nouvelle relation, profonde et durable.

Sous la forme d’un cabaret de cirque immersif, le spectacle rend hommage à la métropole au cœur battant, et à son fleuve aussi, flèche vibrante enfoncée dans la ville. Mon île, mon cœur prend inspiration de ses eaux mouvantes, de son rythme intérieur, de ses vibrations profondes, de son pouls éternel, de son âme millénaire, de ses contradictions et de ses mystères. Il souligne son unique beauté, célèbre le cœur et l’artère, la ville et le fleuve, et le lien qui nous y unit.