DRUMMONDVILLE
Reconnu coupable d’agression sexuelle en groupe sur une adolescente, aux côtés de deux autres jeunes hommes mineurs au moment des faits, Noah Corson, seul adulte impliqué, a été conduit en cellule aujourd’hui après avoir été condamné à une peine de deux ans moins un jour de détention.
Noah Corson se voit imposer une peine de prison ferme au palais de justice de Drummondville @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.
L’ex-joueur étoile des Voltigeurs de Drummondville, Noah Corson, était de retour aujourd’hui au palais de justice de Drummondville pour l’imposition de sa sentence, après avoir été reconnu coupable au terme d’un procès pour agression sexuelle, auquel le Vingt55 a assisté. L’accusé était présent, soutenu par sa mère et accompagné de son avocate, Me Jasmin Laperle.
« Une culture du hockey déformée »
Dans ses motifs, le juge Dunnigan a souligné que Corson avait agi avec immaturité, influencé par une culture du hockey qui, selon le tribunal, a pu altérer son jugement. « La culture interne étant reliée au hockey teinte son mode de pensée. Il connaît la popularité et le succès. On peut se permettre de croire qu’il y a eu un certain sentiment d’impunité », a affirmé le juge en rendant sa décision.
Le magistrat a rappelé qu’au moment des faits, Corson n’avait pas pris les mesures raisonnables pour s’assurer de l’âge de la jeune fille, avec qui il a eu une relation sexuelle en groupe après une soirée à la Cage aux Sports de Drummondville. L’adolescente aurait ensuite quitté la chambre en larmes, selon les faits retenus.
L’ironie a voulu qu’aujourd’hui, l’ex-joueur de la LHJMQ reçoive sa sentence à quelques centaines de mètres seulement du Centre Marcel-Dionne, là même où il évoluait avec les Voltigeurs de Drummondville au moment des faits qui lui sont reprochés.
La défense souhaitait une peine dans la collectivité.
L’avocat de la défense Me Jasmin Laperle, avait plaidé pour que la peine soit purgée dans la collectivité, rappelant que son client, âgé de seulement 18 ans à l’époque, avait été décrit dans un rapport présentenciel comme un jeune homme impulsif et immature, influencé par des distorsions sur la sexualité et exposé à des propos douteux à l’égard des femmes.
L’avocat a souligné qu’une peine dans la collectivité n’est pas une absence de privation de liberté, comme l’ont déjà reconnu plusieurs tribunaux dans des jugements antérieurs. Toutefois, le juge a rejeté cette option en raison de la gravité des gestes et des conséquences sur la victime.
Conséquences graves pour la victime
Présente au tribunal, la victime, aujourd’hui adulte, était entourée de ses proches et accompagnée par des intervenantes du CAVAC. Elle avait témoigné des lourdes séquelles laissées par l’agression, notamment de multiples épisodes dépressifs et des tentatives de suicide.
Le juge a justifié sa décision par les besoins de dénonciation et de dissuasion, malgré la reconnaissance d’un niveau de responsabilité morale plus faible dans ce dossier, précise Me Laperle en entrevue au Vingt55. La défense soutient que la gravité subjective de l’infraction était inférieure à d’autres cas similaires et que le juge n’a pas tranché clairement entre les différentes versions des faits entendues au procès.
Selon la défense, la question centrale demeure celle du consentement : « Mon client n’aurait pas pris les mesures nécessaires pour s’assurer de l’âge de la plaignante, comme l’a mentionné le juge dans sa décision. Cela réduit sa responsabilité morale, même s’il a été reconnu coupable. »
L’avocat ajoute que l’affaire s’inscrit dans un contexte où, dix ans plus tôt, les notions de consentement étaient moins bien comprises, ce qui aurait dû être pris en compte.
La peine maximale pour une telle infraction peut aller jusqu’à la prison à perpétuité, a rappelé l’avocat de la défense en entrevue. Le fait que le juge ait opté pour deux ans moins un jour laisse entrevoir, selon la défense, que certains facteurs atténuants ont tout de même été considérés.
Un regard sur la culture sportive de la LHJMQ
Un citoyen venu assister à l’audience, rencontré à la sortie du tribunal, ne remet pas la sentence en question, mais évoque la culture sportive de l’époque. Noah Corson était un passionné, alors qu’il évoluait, il y a près de dix ans, auprès des Voltigeurs de Drummondville. L’histoire démontre que la culture entourant les jeunes joueurs vedettes a bien évolué depuis.
Il rappelle que même la LHJMQ propose désormais, à la suite des récents événements, des formations sur la notion de consentement, de même que sur les bons comportements à adopter en matière de fréquentation et de relations.
« Est-ce que Noah Corson, aujourd’hui âgé de 27 ans, ou la jeune femme, sont victimes d’une mauvaise époque ou d’un mauvais encadrement, comme il y en avait il y a une dizaine d’années ? », s’interroge ce citoyen.
Entrevue avec la mère de Noa : « Il faut tirer des leçons de ce qui est arrivé à mon fils »
Présente pour le verdict, la mère de Noa Croson souhaite une compréhension complète de la situation, et non uniquement une lecture juridique centrée sur la notion de consentement et d’âge.
« C’était une aventure comme entre jeunes adolescents », a exprimé la mère de Noa Croson, soulignant qu’une peine d’emprisonnement demeure lourde de conséquences lorsqu’il s’agit d’une relation vécue entre adolescents, a-t-elle confié en entrevue au Vingt55 quelques minutes après avoir entendu le verdict.
« Ce n’est pas sur les versions de l’accusé ou de la victime que la sentence a été imposée », déplore-t-elle, partageant l’avis de la défense. « La loi dit qu’il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer de l’âge d’une personne », rappelle-t-elle. Elle souligne que l’événement s’est déroulé dans un appartement que l’on croyait être celui de l’adolescente, qu’elle était active sur les réseaux sociaux et utilisait Tinder, une application réservée aux adultes.
La mère de Noa poursuit : « La loi ne précise ni comment ni de quelle façon s’assurer de l’âge, ni surtout ce que signifie ne pas avoir pris les mesures raisonnables. Ce n’est pas très clair ni définitif. Et ça ne tient peut-être pas compte des circonstances, comme dans le cas de Noa. »
« Même si mon fils l’a rencontrée à la sortie d’un restaurant-bar, un ami présent lors des événements aurait pu évoquer plus clairement son âge… et la jeune fille aussi aurait pu en parler plus ouvertement. Ce sont autant de questions qui auraient dû être entendues et prises en compte », estime-t-elle.
Elle affirme vouloir continuer à défendre son fils et demande que la justice revoie en appel le verdict et la sentence imposés.
Noah Corson conduit en cellule
Au terme de l’audience, Noah-Lee Jetté Corson a été immédiatement conduit en cellule au palais de justice par les constables spéciaux de Drummondville. Les agents de la Sûreté du Québec ont ensuite pris le relais et l’ont escorté vers le centre de détention afin qu’il commence à purger sa peine.
De son côté, l’avocat de la défense entend aller en appel tant du verdict que de la sentence. Le verdict est porté en appel, et j’aurai des discussions avec mon client concernant l’issue de la sentence, évoque l’avocat de la défense. La sentence sera également portée en appel, réitère-t-il.
Du côté du procureur de la Couronne, Me Marc-André Roy, rencontré par le Vingt55, a exprimé sa satisfaction quant à la sentence. « La victime pourra tourner une page de cette histoire, et la peine reflète la gravité des gestes et des faits reprochés », a affirmé le procureur. Selon lui, le juge a rendu une décision et un verdict qui répondent aux critères de détention et de peine en matière d’agression sexuelle.
Noah Corson pourrait, selon les informations obtenues par le Vingt55, retrouver sa liberté dans les prochains jours, dans l’attente des appels et des décisions des tribunaux, suivant la procédure qui sera déposée par l’avocat Me Jasmin Laperle.

Noah Corson se voit imposer une peine de prison ferme au palais de justice de Drummondville @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.