De Marcel Veilleux à Ste-Perpétue à « Yvello » en France occupée … raconte-moi l’histoire par André Pelchat

De Marcel Veilleux à Ste-Perpétue à « Yvello » en France occupée … raconte-moi l’histoire par André Pelchat
Marcel Veilleux @ Source de la photo `Special Forces Roll of Honor / Vingt55 Tous droits réservés.

DRUMMONDVILLE

Né à Sainte-Perpétue en 1921, Marcel Veilleux quitte l’école à 15 ans pour aider son père, contremaître dans une usine de Shawinigan, à faire vivre sa famille de 8 enfants. Il travaille d’abord comme livreur de charbon, puis de glace, puis devient apprenti machiniste à Montréal.

Il a 20 ans quand le Canada entre dans la Seconde Guerre Mondiale. Il s’enrôle dans le Royal Canadian Ordinance Corps, où on lui trouve bientôt des aptitudes de « sans-filiste » comme on appelait ceux qui faisaient fonctionner les appareils de radio. Il devient sergent dans le corps des transmissions et ,en 1943, il débarque à Londres. Sept mois plus tard, devenu lieutenant, il sera parachuté en France, dans le Jura, près de la frontière suisse, sous le nom de code « Yvello ». Dans cette région, des Français dit « réfractaires », refusant le Service du Travail Obligatoire en Allemagne, se sont regroupés dans des camps. Les autorités britanniques ont décidé qu’il fallait armer et organiser ces hommes pour en faire une force de résistance organisée.

« Yvello » fait partie de la mission « Marksman », du « Secret Operation Executive » (S.O.E., sous les ordres du colonel Buckmaster. Ce service est chargé des réseaux d’action dans les pays occupés. Vingt-cinq Canadiens seront parachutés en France par ce service, dont 7 seront capturés et exécutés. C’est dire comment ces missions étaient dangereuses. Dans la nuit du 6 au 7 juillet 1944, Yvello atterrit à Izernore (Ain) dans un CF Dakota, le premier avion américain atterrissant en territoire occupé. « Yvello » sera le dernier Canadien envoyé en France, de Londres, par le S.O.E.

Là-bas, il se retrouve sous les ordres d’un officier anglais nommé Richard Heslop dit  « Xavier », officier de la section française du S.O.E. déjà installé sur place et connaissant bien la région et les maquisards.  Leur rôle est d’abord d’informer les Alliés des mouvements allemands dans la région tout en aidant à l’entraînement des résistants français, dont la majorité n’a aucune expérience militaire. À peine débarqué, Yvello est conduit à Château-Voluvre, quartier général du chef de la Résistance de la région, Henri Romain-Petit. Il y rencontre un autre opérateur radio, un Américain.

Après le débarquement de Normandie de 1944, le rôle des maquis devient un rôle d’appui aux forces alliées en harcelant les Allemands pour les obliger à maintenir le plus de soldats possibles loin du théâtre du débarquement. L’appui allié s’intensifie aussi et les parachutages de nuit, menés depuis le début de la guerre, sont complétés par des parachutages de jour pour ravitailler le maquis, malgré les risques que cela pose pour les appareils et les équipages des avions. Grâce au travail incessant des deux opérateurs radio du maquis, les avions américains et britanniques sauront où aller parachuter des armes et des provisions aux résistants sans que la Wehrmacht ne s’en empare.

Les Nazis ne seront pas longs à répliquer par une sanglante répression : une force de 4 500 hommes est lancée contre les résistants du Jura et plus de 1 000 personnes seront arrêtées, plusieurs exécutés. Dès le lendemain, une force allemande de plus de 9 000 hommes passe à l’attaque, appuyée par de l’artillerie et de l’aviation, tentant d’annihiler le maquis. Devant cet assaut, les résistants se séparent en deux grandes unités. Heslop dira que Veilleux est arrivé à « un moment difficile »… Il est conduit plus au sud pendant que son collègue américain demeure à Château-Voluvre. Les deux hommes assureront le maintien du contact, et donc de la coordination, des deux unités. Veilleux est ensuite transféré à Lyon, d’où il informe Londres des développements sur le terrain.  Après la libération de Lyon, il est ramené à Londres. Son supérieur, Richard Heslop qualifiera de « joli tour de force » le fait que Veilleux ait transmis et reçu des messages 18 heures par jour. « Yvello » aura servi avec Marksman pendant deux mois.

Après la guerre, récompensé de la médaille de « Member of the British Empire », Marcel Veilleux fera carrière dans les services techniques de Radio-Canada.

Décédé le 27 septembre 2005, ses cendres seront, conformément à son propre souhait, inhumées en France, dans le secteur où il a été actif durant la guerre.  Il rejoint ses compagnons d’armes Richard Heslop, Raymond Aubin et Denis Owen, dans le monument de la Prairie d’Échallon, une stèle qui commémore le jour du 1er août 1944, lorsque 36 bombardiers « Flying Fortress » ont largué une grande quantité de matériel destiné à la résistance.

SOE – Veilleux, Marcel | Special Forces Roll Of Honour (specialforcesroh.com) SOE – Veilleux, Marcel | Special Forces Roll Of Honour (specialforcesroh.com)

André Pelchat
CHRONIQUEUR
PROFILE

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