Décès dans une épicerie après 25 minutes d’attente pour une ambulance, il y aura enquête du coroner à Drummondville @ Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55 Tous droits réservés.

Un dossier et une enquête du coroner seront ouverts à la lumière des informations rendues publiques par le Vingt55 suite au décès d’un homme qui a dû attendre 25 minutes avant l’arrivée des paramédics alors qu’il était en arrêt cardio-respiratoire, a confirmé en entrevue au Vingt55 le coroner Steeve Poisson, chargé du dossier.

Selon les informations obtenues par le Vingt55 à la suite des événements et du décès de l’octogénaire survenu lundi soir dernier, le dossier n’a pas été soumis au coroner initialement. Il semble que le dossier ait été clos au niveau médical, puis par la Sûreté du Québec, qui l’a considéré comme une mort naturelle, sans le transmettre au bureau du coroner. Selon les informations du Vingt55, plusieurs éléments et informations de l’historique médical de la victime auraient pu laisser croire que le décès ne nécessitait pas l’intervention du coroner.

En effet, interpellé par les informations et la situation, le coroner Yvon Garneau a informé le Bureau des Coroner des informations publiées par le Vingt55. L’information a été transmise au Bureau du Coroner, qui l’a relayée au coroner Steeve Poisson en service, lequel a ainsi été saisi du dossier, pour lequel un dossier et une enquête coroner ont été demandés à la lumière des informations ainsi obtenues.

Le rappel des faits a soulevé de nombreuses questions sur les délais et les circonstances entourant le décès de l’octogénaire, qui a dû attendre plus de 25 minutes dans un milieu urbain avant l’arrivée d’une ambulance en provenance de Pierreville. Des employés et des policiers ont travaillé sans relâche pour tenter de réanimer l’homme victime d’un arrêt cardiaque dans une allée du supermarché Super C à Drummondville hier soir, après que l’appel initial au 911 ait été passé vers 16h12, lorsque l’homme a fait un malaise cardiaque près des caisses du supermarché.

L’absence de défibrillateur externe automatisé (DEA) dans le magasin a été vivement critiquée par les employés et les clients lors de l’intervention, de même que le manque d’intimité pour la victime. À un moment donné, l’homme avait un pouls, mais il a finalement perdu conscience pour ensuite décéder, devant des clients impuissants qui assistaient à la scène. Malheureusement, il n’y avait pas de défibrillateur externe automatisé (DEA) disponible sur place ou à proximité, comme l’ont confirmé les employés et les clients présents sur place.

Bien que des employés et des citoyens aient été en mesure d’offrir des premiers soins, ainsi que l’intervention des policiers et des paramédics, l’homme a passé 45 minutes au sol avant que les manœuvres ne soient interrompues à la demande d’un proche.

« Nos quatre équipes de paramédics de Drummondville étaient déjà engagées dans des interventions urgentes », a expliqué Francis Brisebois, Directeur des affaires publiques et des relations avec les partenaires et les médias lors d’une entrevue avec Vingt55.

« Ce sont des paramédics de la zone de relève qui se sont rendus sur les lieux de l’arrêt cardiorespiratoire de la victime, qui se trouvait en effet dans un lieu public », a ajouté le porte-parole de Dessercom en entrevue au Vingt55. Le travail des paramédics se fait également en collaboration avec les policiers. Hier, ceux de la Sûreté du Québec de la MRC de Drummond ont assuré une assistance rapide sur le terrain lors des déplacements des paramédics, comme dans le cas présent, a ajouté le porte-parole de Dessercom.

Les clients ne remettaient pas en question la qualité du travail des premiers répondants, des policiers ou des paramédics, ni leur efficacité.

Cependant, ils soulignent qu’une ville comme Drummondville, notamment une région métropolitaine, en raison du nombre élevé de citoyens, soit plus de 100 000, ne devrait-il pas être opportun de revoir le nombre d’effectifs pour un nombre de citoyens et de territoire aussi élevé, ont-ils ont mentionné en conclusion d’entrevue au Vingt55

Une situation qui risque de s’aggraver sur le territoire de Drummondville dès janvier. 

En effet, selon des informations obtenues et confirmées au Vingt55, à partir du 14 janvier prochain, il y aura une ambulance de moins la nuit, soit entre 23h15 et 6h30, pour desservir le territoire de la MRC de Drummond.

Une information qui reste à être confirmée par le service ambulancier, mais qui inquiète autant le personnel médical que les clients informés de cette nouvelle situation, qui risque de rendre les services encore plus difficiles dans la MRC de Drummond,

Entrevue avec Frédéric Parent spécialiste en formation premier soins et propriétaire du centre de formation FIMUQ © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.

L’utilisation d’un défibrillateur externe automatisé (DEA) disponible permet de sauver des vies dans les premières minutes d’un arrêt cardio-respiratoire 

Contacté par le Vingt55, Frédéric Parent spécialiste en formation premier soins et propriétaire du centre de formation FIMUQ a expliqué en entrevue que l’utilisation du défibrillateur en moins d’une minute après un arrêt cardio-respiratoire augmente considérablement les chances de réanimation. Avec un taux de succès pouvant atteindre 79 à 80% si le DEA est déployé efficacement et qu’une formation en RCR est rapidement appliquée. À titre d’exemple, la Ville de Seattle, qui a atteint un taux de réanimation de 40 à 50% grâce à l’implantation de nombreux défibrillateurs DEA dans les lieux publics et même sur de l’équipement et des véhicules municipaux, en plus d’une formation élevée de ses citoyens, une initiative qui a visiblement fait ses preuves, précise M. Parent en entrevue au Vingt55.

Des exemples même à Drummondville montrent que l’efficacité de l’utilisation du DEA a fait ses preuves, comme l’a rappelé le Vingt55, lorsque Jade Fournier-Blouin, 22 ans, a fait la différence dans la vie d’un homme le 25 janvier dernier en utilisant le DEA et en appliquant la méthode de RCR sur un hommeterrassé par un malaise cardiaque, qui avait alors survécu à son malaise.

Sans commenter le dossier et la situation survenue à Drummondville, Frédéric Parent a souligné que les normes de la CNESST recommandent 1 secouriste pour 50 employés sur le plancher. C’est un nombre ou ratio que je considère insuffisant, avance M. Parent également paramédic de formation.

Je préconise une formation minimale de 4 heures en RCR et survie, comprenant l’utilisation du DEA et d’autres compétences essentielles, pourrait efficacement répondre aux besoins des entreprises qui ne peuvent pas offrir une formation complète de 2 jours à tous leurs employés. Ces formations, offertes en formule hybride à distance suivie d’une évaluation et d’examens sur place comme offerte par l’entreprise FIMUQ, ont également démontré un succès certain auprès des employeurs et des employés et demeurent utiles en tout temps. Elles peuvent sauver des vies lorsque chaque minute compte pour une victime, rappelle M. Parent.