Guillaume Bergeron a 17 ans. Il revient de loin et il est bien conscient, tout comme sa famille, qu’il a frôlé la mort lors d’une violente embardée le 4 octobre sur la rue St-Pierre de Drummondville vers 21h30.
Accident 4 octobre (série 1)
Photos : Éric Beaupré, photo-reporter. ||| Tous les droits réservés au Vingt55.
Il veut dire la vérité sur les circonstances de l’accident, mais surtout, il désire livrer un message important. Guillaume a choisi de donner sa version des faits au Vingt55: « Nous avons une responsabilité importante comme passager dans une voiture, nous devons en prendre conscience. », débute-t-il.
« C’est un accident qui aurait pu me coûter la vie, celle du conducteur d’à peine 20 ans ou même d’une innocente victime », dit-il encore visiblement ébranlé, près de 2 semaines après ce terrible accident.
Une course en pleine rue admet-il
« Le 4 octobre dernier, nous avons quitté un stationnement du centre-ville (Drummondville), d’où le petit groupe d’amis avait assisté à une conférence. »
Ils étaient dans la voiture et « le chauffeur, début vingtaine, décide de tester les limites de sa nouvelle voiture, une Infiniti G35 ». Le jeune chauffeur démarre alors son véhicule.
« C’est un départ. Les moteurs révolutionnent et les deux voitures prennent tout à coup la rue à grande vitesse. Tout d’abord sur Des Forges et ensuite, le boulevard St-Joseph, beaucoup trop vite. Les voitures roulent côte à côte à très haute vitesse. Ce n’est plus le « fun », car je ne contrôle rien. Il pleut et le conducteur de la voiture dans laquelle je prends place, un ami, ne veut pas céder sa place sur le boulevard St-Joseph. Habitué à la vitesse, nous dépassions les limites, et de beaucoup. »
Le jeune homme poursuit son témoignage : «Tout se joue rapidement, le temps de réaliser que nous courrions à notre perte, incapable de demander au conducteur qu’il fallait cesser. Alors, nous prenons le boulevard St-Pierre et la voiture prend le virage rapidement, coupe 3 voies à grande vitesse, empruntant le boulevard St-Pierre. Je me retiens à la porte, réalisant que je n’étais pas attaché, je n’avais que moi à blâmer. » me suis-je souvenu.
L’inévitable arrive
Le véhicule est en dérapage à l’intersection St-Pierre et St-Joseph. « J’ai d’abord cru que nous allions percuter le concessionnaire Honda, la voiture reprend la ligne droite et l’inévitable arrive. La voiture dérape une première fois, évitant de peu une voiture en sens inverse et une deuxième plus loin. Le conducteur n’arrive pas à ramener la voiture et, comble de malheur, un chantier en plein centre de la rue l’empêche de reprendre le contrôle. C’est à ce moment que la voiture termine sa course dans un grand fracas dans la facade d’un commerce, environ 200 pieds plus loin. »
La voiture est complètement éventrée. « Y’a de la boucane, sortez ça va exploser! J’entends, sans voir, tout ce qui comptait était de sortir de l’amas de ferraille qui fumait. Cherchant mon ami du regard, lui était déjà sorti J’étais soulagé, mais très mal en point. Partiellement éjecté, je me suis laissé tomber au sol, réalisant que je n’avais pas eu besoin d’ouvrir la porte. Elle avait été arrachée sous la force de l’impact, comme une partie du toit. Incapable de me lever en raison d’une jambe complètement tordue, le conducteur de l’autre voiture avec qui nous coursions un peu plus tôt est arrivé et nous a porté assistance, le temps que les policiers et les ambulanciers arrivent. », confie-t-il.
Un dur constat et la vérité
« Allongé au sol, j’entendais le conducteur qui tentait de faire valoir aux policiers que nous roulions à 55km/h ou 60km/h, alors que les ambulanciers me planchaient et devaient remettre ma jambe tordue dans tous les sens, sur la civière. Solidairement je me sentais coupable d’avouer aux ambulanciers et aux policiers que nous coursions et roulions à très grande vitesse. Encore une fois, je n’ai rien dit. Je me souviens avoir entendu les policiers dire au conducteur: « Vraiment? 55km/h? As-tu vu ton char?’’
« La jambe fracturée, transporté à l’hôpital, je réalisais que nous avions vu la mort de près et que ma vie venait de prendre un tournant. Il aura fallu plus de quatre heures d’opération et plusieurs heures par la suite pour s’assurer que je resterais en vie et que des médecins spécialistes m’installent des tiges dans la jambe, pour réparer mes importantes fractures.»
Le conducteur comme seul responsable? « Non admet-il d’amblé, une aventure commune. Aurais-je dû refuser de monter dans la voiture? Demander de ralentir? Sur le coup, tout se passe très vite. Ça va se terminer et nous aurons eu une bonne peur, voilà le pire scénario qui défilait à près de 100 km/h dans ma tête. A 17 ans, la mort, cela ne peut arriver qu’aux autres. Les 2 autres conducteurs devaient être responsables et suffisamment expérimentés pour savoir quand arrêter, me disais-je. Malheureusement non! » confit Guillaume aujourd’hui.
«Victime d’un accident de la route et …de mon silence», admet-il
Le jeune homme est assis dans un fauteuil roulant. « Je constate que je suis bien sûr victime d’un accident de la route, mais aussi, et surtout, victime de mon silence. Je m’en veux aussi de ne pas avoir eu le courage de lui demander de ralentir ou de s’arrêter. Comme passager j’en paye le prix. Heureusement, nous n’avons tué personne, voilà ma seule consolation.»
Il termine sur ce point : « Je lui en veux un peu et je mets de côté bien des projets de vie. Je dois compter sur ma famille et mes parents pour mes moindres faits et gestes et déplacements pour les prochains mois assurément. Vais-je retrouver l’usage complet de ma jambe? Selon les médecins, il est trop tôt pour se prononcer. L’autre conducteur n’a rien, peu de blessures sinon très mineures. L’impact a été de mon côté. Il a choisi de donner sa version, préférant éviter de faire face à la musique ce soir-là, me laissant la lourde décision de ne pas le contredire et possiblement lui éviter de graves accusations. »
Selon l’enquête policière, il n’y a pas eu d’alcool ni de drogue, personne ne contredisait la version du chauffeur qui tentait de faire valoir qu’il conduisait à 50 km/h et, que le chantier sur la rue Saint-Pierre et la pluie étaient responsables de l’accident. « Difficile pour eux d’aller plus loin dans ces circonstances. », présume-t-il.
« Je prends conscience que nous avons une responsabilité aussi comme passagers dans une voiture. Nous avons mis en danger combien de personnes? À l’avenir, vous pouvez être certains que je ne vais pas me taire et faire respecter les limites de vitesse.», assure Guillaume soulagé d’être en vie, malgré la très violente embardée dans laquelle il a été impliqué.