DRUMMONDVILLE
À l’issue de l’Assemblée générale annuelle 2023 de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec, qui s’est tenue à Drummondville aujourd’hui @ Tous droits réservés.
Les principaux problèmes auxquels les producteurs agricoles centricois doivent faire face incluent la perte de terres agricoles, les impacts des changements climatiques et un contexte économique difficile. Ce sont d’ailleurs autour de ces trois thématiques qu’une douzaine de résolutions ont été débattues lors de leur assemblée.
La perte des terres et des activités agricoles
Malgré leur rareté, les terres agricoles centricoises sont soumises à une pression croissante et sont très convoitées. En fait, depuis 1988, le Centre-du-Québec affiche une perte nette de 730,6 hectares de territoire agricole, soit l’équivalent de 1 460 terrains de football. Sans compter que durant les vingt-quatre dernières années, près de 5 000 hectares de la zone agricole centricoise ont été sacrifiés à d’autres usages que l’agriculture (équivalent de 10 000 terrains de football). La majorité des autorisations accordée à d’autres utilisations était dédiée à l’exploitation des ressources (gravière, sablière, minière, source d’eau, etc.).
« Plus que jamais, l’adoption d’une perspective de zéro perte nette de territoire agricole par les instances concernées est indispensable pour protéger le garde-manger des Québécois et des Québécoises. Il faut que nos terres soient inconditionnellement protégées face à tout autre projet qu’agricole en zone agricole. », signalait M. Daniel Habel, président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec.
Plusieurs évènements à venir en zone agricole comme le développement de la Filière batterie à Bécancour, par le fait même le développement immobilier, l’augmentation de la production d’énergie éolienne dans la région centricoise et l’actuelle consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles, qui pourrait se solder par des changements importants à la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA), mettent inévitablement en péril le territoire et les activités agricoles de la région et font partie des principales sources d’inquiétudes actuelles des producteurs quant à la protection de leurs terres et de leurs activités.
Les effets des changements climatiques
Les changements climatiques ont un impact significatif sur les cultures des producteurs au Centre-du-Québec, comme dans de nombreuses autres régions. Étant de plus en plus imprévisibles avec des précipitations irrégulières, les saisons compliquent la planification et la gestion des cultures. Ces perturbations climatiques entraînent des conséquences sur la rentabilité des exploitations agricoles, non seulement en raison des pertes de revenus liés à la réduction du volume des récoltes, mais également en raison des coûts nécessaires à l’adaptation et à la gestion des risques climatiques.
Les enjeux des changements climatiques et ceux entourant le développement durable sont étroitement liés. Pour préserver les ressources naturelles et la sécurité alimentaire, les producteurs agricoles doivent s’adapter en employant de nouvelles pratiques agricoles plus durables. Or, les programmes d’aide actuellement disponibles sont soit d’une lourdeur administrative inadaptée à la réalité des entreprises agricoles, soit mal adaptés aux besoins financiers réclamés par les producteurs agricoles pour mettre en place de nouvelles pratiques, ou soit méconnus par ces derniers.
« La demande des producteurs pour un meilleur soutien des paliers gouvernementaux dans la mise en œuvre de mesures d’adaptation aux changements climatiques visant la carboneutralité et l’adoption de pratiques agricoles plus durables est une préoccupation légitime. Une collaboration est nécessaire entre les agriculteurs, les chercheurs, les gouvernements et d’autres acteurs de la société pour élaborer des politiques et des programmes efficaces. », affirme M. Alain Désilets, vice-président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec.
Le contexte économique difficile
Les producteurs agricoles centricois, tout comme ceux des autres régions du Québec, vivent une crise financière sans précédent. La hausse importante et rapide des taux d’intérêt depuis janvier 2022, présentée comme un remède à l’inflation, a empiré de beaucoup la situation d’un nombre grandissant d’entreprises agricoles et continue de plomber leur rentabilité depuis plusieurs mois.
Au cours des dix dernières années, la valeur commerciale des terres agricoles a augmenté en moyenne de 9 % chaque année, au Centre-du-Québec, selon Financement agricole Canada. Or, la rentabilité des différentes productions agricoles est demeurée relativement stable, ce qui a entraîné un écart grandissant entre la valeur marchande et leur valeur agronomique des terres agricoles. Les producteurs agricoles doivent donc s’endetter de plus en plus pour acquérir les terres disponibles.
Bien que des programmes de soutien ont été offerts aux entreprises par le passé, la complexité pour adresser les demandes et les critères étaient telle que plusieurs producteurs ne réussissaient pas à se qualifier ou devaient faire appel à des professionnels pour compléter les demandes, ce qui engendrant des coûts importants.
M. Daniel Habel, président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec © Crédit photo Eric Beaupré / Vingt55. Tous droits réservés.